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Un viol est un viol, pas un « attentat à la pudeur » !




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Les titres dans les médias sont tous les mêmes, aujourd’hui : « Peine capitale pour le meurtrier du petit Adnane à Tanger ». On peut se réjouir, ou non, du maintien de la peine de mort au Maroc, cela est un autre débat, fermé car jamais vraiment ouvert… Ce qui est choquant, ou devrait l’être, en revanche, est que le meurtrier n’a pas violé le défunt adolescent selon la justice, mais il a « attenté à sa pudeur »… simplement, pourrions-nous dire si l’affaire n’était pas un drame !
 

Ainsi, au-delà du jugement et de la condamnation du meurtrier, le constat est établi de la profonde et très difficilement réversible arriération de notre système social, judiciaire, politique… Pourquoi le parquet et la justice ont-ils donc opté pour qualifier d’ « attentat à la pudeur » un acte qui était un viol ? Sont-ils donc assez et aussi pudiques, eux, les magistrats, pour taire le viol, le VIOL ??!! les éléments de l’enquête policière évoquaient pourtant « l’agression sexuelle », qui n’est certes pas un viol, mais qui approche plus de la vérité que l’expression générique et générale d’attentat à la pudeur, et qui permet l’ouverture d’une enquête judiciaire qui qualifiera l’acte en viol.
 

Et si le meurtrier n’avait pas tué le petit Adnane, qu’aurait-il vraiment risqué avec ce stupide chef d’inculpation ? Quelques mois de prison, un an, deux peut-être ? Certainement pas plus, au vu des condamnations des complices… Il existe en droit un principe qui s’appelle « autorité de la chose jugée ». Fort bien, mais cette autorité est battue en brèche quand les jugements et les sentences sont iniques. Et condamner à quatre mois de prison ferme trois personnes pour « dissimulation de crime commis » et « non dénonciation des faits » est un jugement inique !
 

Reprenons lesdits faits… lorsqu’on parle de « dissimulation de crime commis » et de « non dénonciation », c’est que les individus poursuivis pour cela étaient informés des crimes, car il y en a eu plusieurs (séquestration, VIOL et assassinat), et qu’ils ne les ont guère dénoncés. Et ainsi donc, des juges d’un tribunal d’appel ont condamné à quatre mois de prison ferme trois types au courant de ces crimes de séquestration, de viol et de meurtre… Mieux vaut s’arrêter là pour respecter le respect dû aux juges et se conformer à « l’autorité de la chose jugée », qui confirme en passant que les choses ne vont pas comme elles le devraient.
 

Revenons sur le viol de feu Adnane… Il est qualifié d’ « attentat à la pudeur » car l’article 486 du Code pénal définit le viol comme étant « l'acte par lequel un homme a des relations sexuelles avec une femme  contre le  gré  de  celle-ci ». Violer un homme, ou un garçon, n’est donc pas un viol, mais un « simple » attentat à la pudeur.
 

Comment voulons-nous donc, dans ce pays que nous piaffons de voir ressembler à quelque chose de civilisé, avancer sur le terrain des droits et obligations si nous persistons à avoir peur des mots, alors même que tous les journaux, les sites, les réseaux sociaux, ont parlé de « VIOL » ? Qu’attendent donc nos éminents politiciens qui solliciteront bientôt nos suffrages pour prendre le taureau par les cornes et les violeurs par les c… ?
 

Soyons sérieux… Nous glosons sur le développement, nous causons émergence, nous posons nos ambitions, mais nous sommes incapables d’appeler un VIOL par son nom ! Le débat sur la réforme du Code pénal est en souffrance depuis plusieurs années, et la société en souffre bien plus… Les femmes n’osent plus déambuler dans les rues, se vêtir comme il leur plaît, aimer qui elles veulent, mariage ou pas (et cela est valable aussi pour les hommes) ! Les harcèlements, malgré la promulgation de la loi supposée les combattre, sont toujours la règle dans l’espace public, et même numérique !
 

On vit encore et toujours dans la société de la schizophrénie, où une femme peut contrôler un satellite, conduire un TGV, diriger un corps de police ou une cour de justice, opérer un patient à cœur ouvert, mais pas d’ouvrir son cœur et son corps à son amant ! Deux hommes ou deux femmes ont le droit de prendre une chambre d’hôtel, sans que nul ne se pose la question de savoir s’ils ont une relation homosexuelle, par ailleurs férocement interdite ! On viole un gamin, et c’est « juste » un attentat à la pudeur, sauf si c’est une gamine, car c’est une « femme », et dans ce cas, l’attentat devient viol…
 

Il en est assez de cette classe politique indigente et insignifiante qui n’ose pas parler de sexe dans une société où les jeunes s’aiment malgré tout. Faut-il encore attendre un ordre royal pour moderniser le code pénal, et alors même que nous sommes en année électorale ? Il faut croire que oui… mais cela n’empêchera pas nos très pudibonds responsables politiques à nous haranguer pour voter pour eux… commettant là u véritable attentat à … l’intelligence !!
 

publié par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com





Jeudi 14 Janvier 2021


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