Par Adnane Benchakroun
Je m’attable, serein, dans un lieu de plaisance,
Quand un homme, vêtu d’une sombre austérité,
S’assied sans un mot, imposant sa présence.
Sa barbe blanche, soignée, ses yeux perçants,
Évoquaient des temps révolus, mais présents,
Je murmurai, troublé, d’un souffle haletant,
« Sigmund Freud, est-ce vous, ou suis-je en plein rêve ardent ? »
Un sourire léger, un mystère en partage,
Il acquiesça, serein, comme un ancien ami,
« Ici, les rêves naissent au détour des mirages,
Les frontières se fondent, et l’esprit se relie. »
Je tremblai devant lui, ce spectre imposant,
« Pourquoi ici, Freud, en Espagne, ce soir ? »
Il observa la mer, de son regard pesant,
« Les lieux sont secondaires, seul compte l’espoir. »
« Vos rêves, vos pensées, vous ont conduit ici,
Cherchant des réponses que le soleil ne donne,
Même en vacances, l’esprit cherche sans répit,
À éclairer l’ombre où votre inconscient résonne. »
« Mon esprit, dites-vous, ne prend jamais de trêve,
Même sous ce ciel d’or où tout semble apaisé ? »
Il sourit doucement, comme dans un rêve,
« L’inconscient veille, rien ne peut le briser. »
« Ce lieu n’est qu’un miroir de votre âme trouble,
Chaque vague, chaque brise, porte votre reflet,
Là où vous voyez calme, le chaos se double,
Tout ce que vous ressentez est le fruit de ce secret. »
Je frémis à ces mots, devant tant de clairvoyance,
« Donc, chaque instant ici est le fruit d’un désir ? »
Freud hocha la tête, sa voix en résonance,
« Vos désirs refoulés trouvent ici leur empire. »
« Que faire, alors, pour comprendre ce tumulte,
Qui trouble mes jours et hante mes nuits ? »
« Plongez dans vos rêves, explorez le non-dit,
Car l’ombre de votre âme est ce qu’elle vous occulte. »
Je scrutai ses yeux, cherchant plus qu’un savoir,
« N’y a-t-il point de lumière au-delà du mental ? »
Freud sourit encore, comme au bord du miroir,
« L’esprit et l’âme sont un pont subtil et vital. »
« Le psychique et le spirituel ne s’opposent,
Ce sont deux faces d’un mystère en harmonie,
Dans l’équilibre des deux, votre quête explose,
Cherchez l’essence, au-delà des signes et des nuits. »
La nuit tomba, enveloppant la plage en noir,
Freud se leva, son ombre se fondant au soir,
« Ce dîner n’est qu’un début, un premier devoir,
Continuez à chercher, dans vos rêves, l’espoir. »
Il disparut, laissant un parfum de mystère,
Et la mer, en écho, murmurait ses secrets,
Mes pensées se fondaient dans la nuit claire,
Portant les mots de Freud comme des songes discrets.