Finalement, le président américain a reculé et fait marche arrière concernant son projet de faire occuper la Bande de Gaza par l'armée américaine et déplacer de force les palestiniens en les expulsant vers l'Égypte et la Jordanie.

Tout en comptant sur les riches pays du Golfe pour s'engager financièrement pour la construction de cette fameuse Riviera du Moyen-orient .

L'effet d'annonce avec ce ballon d'essai avait fait l'effet d'une bombe et provoqué effroi au Moyen-Orient et sidération dans le monde, mais entre nous avec les américains parrains militaires du gouvernement israélien , une bombe de plus ou de moins

Trump avait commencé par menacer ces deux pays de suspendre les aides économiques, mais ce chantage de mauvaise foi et de très mauvais goût comportait une énorme bourde diplomatique !

En effet, le président égyptien et à un degré moindre le Roi Abdallah de Jordanie ont rappelé que les aides américaines font partie intégrantes des accords de Camp David et Abdelfettah Sissi n'a pas manqué de souligner qu'il était prêt à suspendre et rompre les accords de paix avec Israël ! 

Le président égyptien a bien tenté de former un front arabe laissant entendre que céder aux pressions de la Maison Blanche signifierait subir le diktat de Trump pour un bon bout de temps, jusqu'à la fin de son mandat en tous les cas !

Il y a donc un enseignement majeur, c'est qu'il est possible de faire face à la nouvelle administration américaine , et cela les européens l'ont bien compris eux qui cherchent à se faire une place entre Trump et Poutine en vue d'éventuelles négociations de paix desquelles ils sont pour le moment exclus ! 

La guerre n'est pas finie !

Même s'il est encore trop tôt pour se réjouir que les projets de Trump pour Gaza soient tombés à l'eau, il n'est absolument pas certain que la proposition égyptienne soit prise en compte par Washington et Tel-Aviv.

Il y a vingt ans déjà, une initiative arabe pour la création d'un État palestinien avait été carrément ignorée par la Maison Blanche.Et aujourd'hui encore, l'Arabie Saoudite insiste avec sa proposition de création d'un État palestinien contre la normalisation et  des accords de paix avec Tel-Aviv.

Sauf que le front arabe n'est pas complètement uni avec les Emirats qui ont absolument torpillé la mobilisation contre Trump en conditionnant leur participation au sommet d'urgence de la Ligue arabe au Caire à la suppression de " départ forcé" des Palestiniens du projet de résolution arabe !. 

Départ volontaire !?

Ainsi, les Emirats ne s'opposent pas à un départ volontaire et négocié des Palestiniens vers l'Égypte et la Jordanie, voire vers d'autres cieux.

A Gaza , le crime était presque parfait mais le plan machiavélique qui consistait à déplacer les Palestiniens de force sera substitué par un programme de départs volontaires hors de l'enclave palestinienne et loin de la Cisjordanie ! 

Et la création par le gouvernement israélien d'une agence pour le départ volontaire des Palestiniens intrigue énormément au moment où Marco Rubio, secrétaire américain aux affaires étrangères, déclarait il y a une semaine à Tel-Aviv que la Maison Blanche voulait en finir avec le Hamas qui n'avait plus sa place dans la bande de Gaza.

De son côté,  Netanyahou a aussitôt suspendu la libération des prisonniers palestiniens dans une volonté clairement affichée de saborder un très fragile cessez-le-feu et de reprendre l'agression militaire contre les civils de Gaza , mais également en Cisjordanie.

Fort du soutien aveugle et inconditionnel de la Maison Blanche qui a profité de la guerre de Gaza pour en finir avec l'influence russe et iranienne dans la région, Netanyahou compte sur le chèque en blanc de Trump pour sévir au mépris du droit international et des mandats de la Cour internationale de Justice même si cela contribue à isoler davantage Israël sur la scène internationale.

Il y a, par ailleurs, des divergences certaines et profondes qui vont fatalement se dresser entre Washington et Tel-Aviv si Donald Trump ne renonce pas à envoyer son armée dans la bande de Gaza alors que Netanyahou et les extrémistes juifs voudraient occuper et coloniser l'enclave palestinienne !

Un plan machiavélique pour vider Gaza des Palestiniens !

Dans les faits, il est désormais évident et flagrant que les objectifs de la  première phase de la campagne militaire de Tsahal avec quinze mois de massacres horribles et ignobles dans la bande de Gaza étaient de rendre l'enclave palestinienne inhabitable et invivable 

Inhabitable, dans une certaine proportion loin des normes et des standards mondialement reconnus, car il ne faut pas oublier qu'avant le 7 octobre la bande de Gaza était une prison à ciel ouvert, sous blocus et coupée du monde !

Maintenant, l'issue de la seconde phase dépendra certainement de la capacité du front arabe à ne pas subir les pressions américaines et à engager un bras de fer diplomatique en faisant comprendre à Trump qu'il ne peut acheter la conscience et l'âme du monde arabe et musulman.

Hafid FASSI FIHRI