Le dernier briefing de Staffan de Mistura devant le Conseil de sécurité ressemble davantage à une plaidoirie biaisée qu’à un rapport d’équilibre. À chaque paragraphe, se dessine un positionnement qui, sous couvert de diplomatie onusienne, penche dangereusement en faveur du discours du Polisario, au détriment d’une lecture objective des faits.

Sous des airs compatissants, le représentant personnel du Secrétaire général choisit d’émouvoir plutôt que d’éclairer. Il n’hésite pas à s’appuyer sur le témoignage unique d’une jeune femme sahraouie vivant dans les camps de Tindouf pour illustrer — voire symboliser — toute une cause. Un procédé aussi émotionnel que partial, qui donne à ce récit particulier une portée générale qu’il n’a pas vocation à porter seul. Où sont les autres voix ? Où sont les témoignages opposés ? Où est la diversité des récits ?

Là où l’on attendait une lecture équilibrée, De Mistura revient avec insistance sur un seul point : la nécessité de “clarifier” l’Initiative marocaine d’autonomie. Mais cette clarification, il ne la demande pas à titre informatif ; il la brandit comme une exigence, une condition sine qua non, presque une mise en cause implicite de la sincérité marocaine. Et lorsqu’il martèle que l’autonomie doit être « authentique », on sent bien qu’il ne s’agit pas d’une simple précision technique, mais d’un message orienté, politiquement chargé.

L’évocation du soutien américain à l’option d’autonomie, formulé depuis l’ère Trump, est quant à elle utilisée avec habileté pour réintroduire le mot-tabou : autodétermination. Sous-entendu ? Qu’un référendum, ou du moins une expression élective, reste à organiser, malgré les impasses historiques que cette voie a révélées depuis des décennies.

Le plus troublant demeure le traitement réservé à l’Algérie. Grande absente des critiques, Alger est abordée avec des pincettes, mentionnée sans mise en cause, comme si sa responsabilité directe dans l’enlisement du conflit était secondaire. Une retenue étonnante pour un pays pourtant central dans la dynamique régionale et dans le soutien logistique, diplomatique et militaire apporté au Polisario.

Enfin, plutôt que de reconnaître l’impasse actuelle ou d’en tirer des conséquences personnelles, Staffan de Mistura choisit de conclure en affirmant — avec une fermeté calculée — que sa « détermination à faire avancer le dossier reste intacte ». Une posture de résilience ? Ou un entêtement diplomatique qui, sous couvert de mission de paix, contribue à figer les positions plutôt qu’à les rapprocher ?