Des démolitions controversées
À Salé, les bulldozers sont entrés en action dans les quartiers anciens de Laârifa et Bettana, marquant le début d’une vaste opération de démolition de bâtiments considérés comme menaçant ruine.
L’hôtel Zarmouk, situé aux abords de Bab Sebta, a été l’un des premiers édifices à être détruit, suscitant la stupeur de ses anciens occupants.
Les autorités locales affirment avoir informé les habitants en amont et avoir procédé à leur relogement à Salé Al Jadida.
Toutefois, ces mêmes familles affirment avoir reçu l’assurance que le bâtiment allait être rénové dans le cadre d’un programme de réhabilitation de la médina, avec la promesse de pouvoir y retourner une fois les travaux terminés.
Une démolition soudaine et opaque
C’est sans avertissement officiel que les bulldozers, appartenant à une société privée, sont venus à bout de l’hôtel Zarmouk.
Selon plusieurs témoins, cette société serait liée à la nouvelle propriétaire du bien, une information non confirmée par les autorités, mais qui alimente les soupçons.
Les habitants délogés dénoncent une opération menée dans la précipitation et sans justification claire.
Certains parlent d’un « détournement » des projets de mise à niveau de la médina, au profit d’intérêts immobiliers.
Ils s’indignent d’un traitement qu’ils jugent injuste, et appellent à une transparence totale sur les décisions prises dans cette zone classée au patrimoine national.
La confiance des habitants mise à mal
Pour les habitants touchés, c’est surtout la rupture de confiance avec les institutions qui est en jeu.
Ils estiment que les engagements des autorités n’ont pas été respectés, et redoutent que ces pratiques ne se généralisent à d’autres bâtiments historiques.
Plusieurs familles se disent inquiètes pour leur avenir et craignent de ne jamais retrouver un logement décent.
En réponse à cette crise de confiance, des voix s’élèvent pour demander l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’attribution du permis de démolition.
L’objectif : faire la lumière sur les conditions réelles de cette opération et éviter que d’autres familles ne se retrouvent dans la même situation.
Vers une réhabilitation détournée ?
Depuis plusieurs années, la médina de Salé est au cœur de programmes de réhabilitation visant à préserver son patrimoine urbain.
Mais selon certaines associations locales, ces projets seraient progressivement dévoyés. Elles alertent sur l’appétit grandissant de certains lobbies immobiliers pour des terrains à fort potentiel, situés au cœur de la ville historique.
Ces associations réclament une véritable implication des habitants dans la gestion de ces projets.
Pour elles, la valorisation du patrimoine ne doit pas se faire au détriment des familles qui y vivent depuis des générations. Une réhabilitation réussie, affirment-elles, ne peut se faire qu’avec, et non contre, les citoyens.