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Sahara… ce que signifie la mobilisation demandée par le Roi


Que le roi du Maroc consacre son dernier discours, prononcé devant le parlement réuni en congrès, à la question du Sahara est un signal fort. Qu’il appelle à l’action de tous est un signal encore plus fort, le signal du départ pour ce qui pourrait être la dernière ligne droite de la reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara.



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Par Aziz Boucetta

D’abord, ce mois d’octobre… Dans le rapport globalement encourageant du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres sur la situation au Sahara, les effets de la nouvelle position française se font sentir. Quelques jours après, c’est le discours remarqué du roi Mohammed VI. La 4ème Commission de décolonisation de l’ONU s’est également réunie, avec les joutes habituelles, avec les banderilles coutumières et toujours aussi savoureuses d’Omar Hilale, avec les assauts toujours aussi furieux des Algériens qui, comme chacun sait, ne sont absolument pas partie du conflit…
 

Ce mois d’octobre connaîtra aussi deux événements quasi simultanés et d’égale importance : la visite d’Etat que projette d’effectuer Emmanuel Macron à Rabat et le vote de la résolution du Conseil de sécurité. M. Macron à Rabat pour confirmer la position de son pays sur le Sahara, pendant que le CS examine la question, c’est un puissant symbole diplomatique. Enfin, tout cela sera suivi par le discours royal de la Marche verte.
 

En 1975, la Marche verte décidée par feu Hassan II avait reçu 350.000 volontaires ; aujourd’hui, la marche annoncée par le roi vendredi dernier sera peut-être verte, mais surtout ouverte à tous les Marocains. Les enjeux diffèrent : hier, en 1975, il s’agissait de reprendre possession d’un territoire marocain, et aujourd’hui, il faut convaincre le monde qu’il nous appartient de droit.
 

Pourquoi ? Parce que le récent arrêt de la Cour de justice européenne, quoiqu’en dise notre diplomatie, n’est pas anodin, et le Maroc, ses pêcheurs, ses agriculteurs, ses investisseurs, sont concernés. On ne peut célébrer les victoires et dissimuler les revers. S’en prendre aux juges n’est pas non plus une heureuse posture ; entreprendre une large et vaste démarche auprès du corps judiciaire européen serait meilleur. Nous avons une diplomatie économique, entrepreneuriale, financière, sécuritaire, militaire, religieuse, culturelle… à quand une « diplomatie judiciaire » ?
 

Il reste la diplomatie parlementaire évoquée par le roi dans sa dernière adresse aux élus : « il faut s’employer à (…) convaincre [les rares pays encore récalcitrants] de la légitimité de la Marocanité du Sahara à grand renfort de preuves et d’arguments juridiques, politiques, historiques et spirituels. Cette démarche exige de mutualiser les efforts de toutes les institutions et les instances nationales officielles, partisanes et civiles ». Tout est dit dans cette phrase.
 

1/ Le parlement. Deux présidents, deux bureaux, deux commissions des affaires étrangères, et leurs deux président(e)s, plus tous les autres députés et conseillers en mesure d’apporter leur pierre à l’édifice de la marocanité du Sahara. Sont-ils tous aptes à défendre la juste position marocaine ? Ceux qui le sont figurent-ils sur les listes des délégations ou, à l’inverse, les heureux désignés pour les voyages viennent-ils de calculs politiciens 
 

étroits ? Sont-ils dûment briefés par la diplomatie nationale ? Leurs voyages et leurs rencontres sont-ils ou seront-ils étroitement encadrés, avec rapports de mission à la clé ?
 

Aujourd’hui, on peut légitimement s’inquiéter du rôle à tenir par le parlement. Dès le lendemain du discours du roi, les empoignades, jérémiades et engueulades pour les postes ont commencé à la Chambre des conseillers… et elles ne sont pas finies à l’heure de l’écriture de ces lignes. Quant à la Chambre des représentants, elle vient de créer une cellule de quelque chose, se rapportant à la question…

 


2/ Le ministère des Affaires étrangères. Nasser Bourita a incontestablement fait le job. Ministre depuis bientôt neuf ans, c'est sous son mandat que l’affaire du Sahara a connu ses meilleurs succès et ses grandes avancées (reconnaissances américaine et française, avancées espagnole et allemande, décision 693 de l’Union africaine, stratégie des consulats, diplomatie offensive, voire agressive…). La diplomatie est certes le « domaine réservé » des chefs d’Etat, mais elle requiert le terrain, le quotidien, la connaissance des dossiers, le déploiement d’un corps diplomatique offensif et décomplexé…
 

Mais le parfait n’existant pas, M. Bourita est fortement critiqué pour son étroite emprise sur son ministère, pour son caractère non partageur, pour la furtivité des ambassadeurs et des diplomates en général. Sa parole est rare dans les médias, et pour ainsi dire inexistante dans les médias marocains, aussi bien en on qu’en off ; on ne le voit jamais venir à la télévision, parler à la radio, accepter l’échange… ; ses interventions au parlement sont également rares, ses réponses aux questions des parlementaires (quand elles sont posées et quand elles sont pertinentes) sont évasives et quelque peu condescendantes.
 

Aujourd’hui, le roi Mohammed VI a solennellement lancé un appel à l’action, à l’estocade pourrait-on même dire. La mobilisation doit être générale, impliquant les instances nationales, les forces vives et l’ensemble des Marocains. Français et Espagnols ont compris le sens et la puissance de cette mobilisation, quand leurs relations avec le Maroc étaient dans le gris-clair… il importe aujourd’hui de pousser l’avantage en direction des pays hésitants et de se dresser face aux (deux) irréductibles ennemis du royaume et aux autres, plus « réductibles »…
 

En un mot comme en cent, pour aller encore plus en avant, il faut une ouverture de notre diplomatie sur les forces vives du pays, il faut du partage d’informations (dans la limite de ce qui peut être dit et révélé), il faut une meilleure implication des universités et des médias, il faut mettre en place une cellule « Sahara marocain » alimentée par les Anciens, les chercheurs, les auteurs de livres sur le sujet. Il est également important et même fondamental de cesser de parler du Sahel pour parler au Sahel, avec le Sahel !
 

Dans quelques semaines, le Maroc entamera la 50ème année de la Marche Verte. Le Maroc d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, aux Marocains de continuer de le prouver, roi, institutions et société, et de réaliser concernant le Sahara un pas définitif en 2025 !
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost




Mercredi 16 Octobre 2024


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