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J'étais dans la voiture ; je n’ai rien ressenti. Quand un membre de ma famille m’a appelé, je me suis dit que ce n’était rien d'important. Donc, je suis allé me coucher juste après. Le lendemain très tôt, j'ai réalisé que c'était en réalité un séisme d'une grande violence. Le temps de me remettre du choc, les appels ont commencé à affluer de la part de nombreuses chaînes de télévision, de radio et de journaux du monde entier.
Pendant huit jours, j'ai été constamment sollicité pour répondre en arabe, en français, en anglais et même en espagnol aux questions des médias, qu'ils soient situés au Moyen-Orient, en Asie, en Europe, aux Amériques ou en Australie. L'émotion était intense, mais gérer la narration de certains médias étrangers malveillants était un véritable défi. C'est pourquoi j'ai choisi de m'exprimer en anglais sur la BBC.
Les moments de répit que j'avais étaient consacrés à tweeter et à rédiger des articles. Cette semaine a été l'une des plus intenses de ma vie sur le plan médiatique.
À présent, alors que la situation semble se stabiliser, pourriez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle sur place ?
Je pense que les forces d'intervention (l'armée, la protection civile, la gendarmerie, les forces auxiliaires, le ministère de l'équipement, etc.), ainsi que les élus et les autorités locales, ont accompli un travail extraordinaire. Ils ont réussi à stabiliser les populations en les accueillant dans des camps, à mettre en place des écoles et des hôpitaux de fortune, à acheminer l'aide nécessaire et à mettre en place un dispositif de soutien crucial.
La solidarité du peuple marocain a été remarquable, et nous pouvons être fiers d'être Marocains. Il est essentiel de permettre aux familles de faire leur deuil sans alourdir leur tristesse en attribuant le séisme à la colère de Dieu envers les péchés des êtres humains. De telles spéculations politiques sur le dos de victimes innocentes, connues pour leur piété, leur humilité et leur moralité exemplaire, sont immorales, irresponsables et indécentes.
En ce qui concerne le plan de reconstruction en cours d'élaboration, quelles priorités recommandez-vous ?
La priorité doit être de permettre aux habitants de revenir dans leurs villages avec dignité, en reconstruisant des habitations sûres tout en respectant la culture locale. C'est une occasion de stimuler le développement économique et humain de la région. Cependant, la participation citoyenne est essentielle pour que la reconstruction ait un impact positif significatif. Il faut donc reconstruire, désenclaver et renforcer les infrastructures, tout en respectant la sociologie des zones montagneuses et en répondant aux besoins de la population en matière d'emploi, d'activités économiques et d'intégration des jeunes et des femmes.
Faut-il, selon vous, reconstruire en préservant le modèle existant de petits villages et de petites exploitations agricoles, ou envisager la consolidation de plusieurs villages en un seul endroit ?
À mon avis, il ne faut pas chercher à rassembler les villages ni à encourager les habitants à quitter leurs villages. Il est préférable de réinventer un modèle de village en respectant les dispositions culturelles actuelles, mais en le rendant plus convivial, mieux desservi, créateur de richesses et d'opportunités, en particulier pour les jeunes et les femmes.
Pour préserver l'authenticité tout en garantissant la sécurité, recommandez-vous l'utilisation de matériaux de construction traditionnels ou le recours à des techniques modernes ?
Il est tout à fait possible d'utiliser des matériaux modernes tout en préservant l'aspect traditionnel et culturel. L'essentiel est que les habitants se sentent en sécurité tout en conservant leurs coutumes et leur mode de vie. Il est néanmoins important de former rapidement les jeunes de la région pour qu'ils puissent travailler en collaboration avec des entreprises nationales ayant une sensibilité sociale et culturelle similaire.
Peut-on restaurer le modèle économique préexistant, axé sur l'agriculture vivrière et les coopératives, malgré les dégâts considérables subis ?
Le modèle économique doit évoluer vers une agriculture plus productive, un tourisme écologique à forte valeur ajoutée, une économie basée sur les sports de montagne, un réseau de plateformes commerciales et une modernisation de l'artisanat traditionnel, ainsi que sa promotion à travers des plateformes numériques. Encourager la collaboration entre les start-ups de commercialisation et les produits locaux labélisés est la meilleure approche.
Les coopératives peuvent également établir des partenariats avec les réseaux de valorisation et de commercialisation au niveau national et international dans les domaines économiques que j'ai mentionnés, ce qui pourrait encourager les jeunes à revenir dans leurs villages pour créer des emplois et générer de la richesse.
Rédigé par NOUREDDINE JOUHARI sur Maroc Hebdo