Quels sont les enjeux politiques de la réunion du Comité central du parti de l'Istiqlal ?
La réunion du Comité central du Parti de l'Istiqlal s'est caractérisée par l'importante présentation politique délivrée par M. Nizar Baraka, secrétaire général du Parti, qui portait sur les questions de la rentrée politique et parlementaire, les répercussions de la pandémie du Coronavirus sur l'économie et la société, puis les consultations en cours avec le Ministère de l'Intérieur sur les réformes électorales. À cet égard, le Comité central s’est arrêté sur l’immense recul des indicateurs socio-économiques dans notre pays, notamment une baisse sans précédent du niveau de croissance, le taux élevé de chômage qui a atteint environ 14%, l'aggravation des disparités sociales et territoriales, et l'exacerbation de la pauvreté (un million de nouveaux pauvres en 6 mois). Le Comité a également procédé à une évaluation objective de la gestion gouvernementale, au cours de laquelle il a soulevé plusieurs disfonctionnements, notamment la mauvaise gouvernance, surtout au niveau des secteurs de la santé et de l’éducation, les occasions manquées pour une relance économique responsable, l’absence de vision stratégique proactive face à la situation générale et la persistance des conflits politiques à des fins électorales au sein des composantes de la majorité. Par conséquent, nous avons appelé à redéfinir les priorités, à limiter les politiques libérales excessives, et à mettre fin à l’association entre l'argent et le pouvoir et les situations de conflit d'intérêts. Nous avons également plaidoyé pour le renforcement de la souveraineté nationale dans toutes ses dimensions, l’assurance de la sécurité énergétique et alimentaire, la sécurité de l'eau et la protection sociale pour tous les citoyens.
Comment le Parti de l'Istiqlal se prépare-t-il pour les prochaines élections et quelles sont ses chances pour arriver en première position ?
Les élections ne sont pas un objectif en soi, mais plutôt un mécanisme pour concevoir les institutions représentatives. Etant donné la crise politique que traverse notre pays et la faible confiance envers les institutions élues et les partis, nous avons exigé l'approbation des réformes politiques comme principe de base pour les réformes électorales, dans le but de réconcilier les citoyens avec la politique, de restaurer la confiance envers l'acteur politique et de créer une percée politique. Nous ne visons pas les élections à partir de « la logique du butin », mais de leur contribution à la construction démocratique dans notre pays, et de leur capacité à concrétiser la volonté populaire en formant des institutions, en les protégeant des ennemis de la démocratie et la mise en œuvre des engagements sur le terrain.
Je peux vous assurer que le Parti de l'Istiqlal est prêt pour ces élections. En effet, nous parions d'abord sur la démarcation de l’offre politique et du programme électoral du Parti, et nous travaillons sur des idées innovantes et une vision ambitieuse du changement. Deuxièmement, nous parions sur le dispositif organisationnel du Parti qui a connu un grand dynamisme après le dix-septième congrès, ainsi que sur la politique de proximité et la défense des intérêts des citoyens. Troisièmement, nous parions sur la compétence des membres du Parti qui passeront des paroles aux actes. Quatrièmement, nous misons également sur la stratégie de communication du Parti, et sur sa bonne image qui a été grandement améliorée par le charisme du Secrétaire général, la crédibilité du discours politique et la fiabilité des alternatives qu’il offre, en plus du travail acharné des membres du Comité Exécutif, des organisations, et des alliances professionnelles du Parti. Nous visons à arriver en première position dans les prochaines élections. Nous espérons que les partis de la majorité gouvernementale présenteront le bilan au peuple marocain et le défendront sans se soustraire de leurs responsabilités en adoptant un discours d’un ton plaintif. Ce que nous craignons, c'est l'utilisation de l'argent dans les élections et le fait que l'argent corrompt la noblesse de la politique.
Quelles justifications ont poussé votre Parti à soutenir la proposition de calcul du quotient électoral sur la base du nombre des inscrits sur les listes électorales ?
Je dois vous dire que le système actuel de calcul du quotient électoral est injuste et comporte plusieurs failles, car comment est-il possible que seuls les votes valides soient comptés dans le calcul du quotient, sans tenir compte du nombre total des bulletins de vote ? Nous ne pouvons pas écarter les bulletins invalides, car ces derniers expriment le choix et la position politique des électeurs.
En outre, ce système n'exprime pas vraiment une proportionnalité entre le nombre de voix obtenues et le nombre de sièges, et offre un privilège à certains partis au détriment d'autres. Le Parti de l’Istiqlal par exemple, a été gravement touché par ce système, qui nous a fait perdre environ 8 ou 9 sièges lors des dernières élections.
Au début des consultations avec le Ministre de l'Intérieur, nous avons demandé que le nombre total de votes valides et invalides exprimés soit compté dans le calcul du quotient, et nous avons contacté plusieurs partis pour les persuader de nos propositions dont la majorité ont été adoptées. Cependant, nous espérions que le Parti de la Justice et du Développement soutiendrait notre proposition, sauf qu’il est resté attaché à sa position. Et avec l'avancement des consultations, et dans le but de rechercher un consensus et une convergence de points de vues, notre soutien à la proposition portait sur le calcul du quotient en se basant sur le nombre d'inscrits, principalement pour renforcer le pluralisme politique dans notre pays et rendre justice aux petits partis qui ont des capacités politiques importantes, et pour établir une rationalité politique entre les résultats du processus électoral et la formation des conseils élus.
Rachidi AbdelJabbar
Membre du Comité exécutif de Parti de l’Istiqlal
Entretien est accordé à Akhbar Alyoum