A lire ou à écouter en podcast :
Par Mustapha Sehimi
Elle sera dévoilée au grand jour à la communauté internationale, dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU daté du 20 février 2002 et présenté au Conseil de sécurité (S/2002/178, 19 février 2002). En substance, il y est précisé que «l’Algérie et le Polisario seraient disposés à examiner ou à négocier une division du territoire comme solution politique au différend du Sahara occidental».
Quelques jours après, le Maroc a catégoriquement rejeté cette proposition dans une lettre au Président du Conseil de sécurité (S/2002/192), en soulignant son refus de «toute proposition visant à porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume et à sa souveraineté sur ses provinces du Sud».
Il vaut ici de rappeler le contexte qui prévalait à propos de cette question. La dernière version du Plan Baker -la cinquième- prévoyait, à l’issue d’une période de quatre à cinq ans maximum, la tenue d’un référendum sur le rattachement du Sahara au Royaume ou son indépendance. Dans cet intervalle, une autorité administrative -le chef de l’Exécutif et l’Assemblée seront élus- doit prendre en charge le territoire. Ce plan n’a pas été accepté par le Maroc et James Baker, nommé sept ans auparavant, a fini par présenter sa démission en juin 2004.
Cela dit, dans la perspective d’une réunion du Conseil de sécurité le 28 juillet 2002, Alger a adressé une lettre au Président du Conseil de sécurité en date du 22 juillet (S/2002/807), dans laquelle elle «rejette le projet de résolution» portant sur le Plan Baker. Elle annonce également de nouveau que «l’Algérie demeure disposée à examiner la proposition de M. Baker concernant une possible partition du territoire du Sahara occidental entre le peuple sahraoui et le Royaume du Maroc».
Il faut noter ici la référence au Maroc dans l’option d’une partition, alors que dans son rapport au Conseil de sécurité, cinq mois plus tôt, seuls l’Algérie et le «Polisario» étaient expressément mentionnés. Ces deux parties étaient bien identifiées…
L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, ne manque pas dans ses interventions d’interpeller le représentant de l’Algérie sur l’inconséquence et l’incohérence de la position de son pays: comment peut-il continuer à réclamer un référendum d’autodétermination, alors qu’il a proposé le partage du territoire avec le mouvement séparatiste? De quoi mettre à nu une diplomatie qui n’a d’autre visée que la mainmise sur une entité fantoche qui serait alors vassalisée.
Depuis près d’un demi-siècle, la question nationale a connu bien des séquences. Le Plan de règlement élaboré par James Baker au cours des années 2000 n’a pas pu être retenu, faute de résultats lors des rencontres entre les parties de juin 1997 à septembre 2000 (Lisbonne, Londres, Berlin). D’autres rendez-vous ont suivi à Manhasset I (2007), II (2007) III (2008) et IV (2010). Ils n’ont pas non plus enregistré de progrès notables. Une autre phase a commencé en 2010 avec Christopher Ross, nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, sans conduire à de réelles avancées.
Aujourd’hui, quel est l’état de ce dossier? La dernière résolution 2703 du Conseil de sécurité, en date du 30 octobre dernier, est la référence: réactivation du processus de règlement, reprise du format des tables rondes avec les quatre parties (Maroc, Algérie, Mauritanie, «Polisario»), recensement des réfugiés dans les camps de Tindouf et prééminence du projet marocain d’autonomie déposé le 11 avril 2007 et consacré depuis seize ans comme «sérieux, crédible et réaliste» pour un compromis politique.
Depuis novembre 2020, le mouvement séparatiste ne respecte plus le cessez-le-feu décidé en septembre à 1991 et rejette le format et les paramètres de négociation décidés par le Conseil de sécurité. Dans cette même ligne, l’Algérie refuse la formule des tables rondes, auxquelles ses ministres des Affaires étrangères avaient pourtant participé en décembre 2018 et mars 2019, près de Genève, en Suisse. Quant au référendum, réclamé par l’Algérie, il est proprement enterré depuis une bonne vingtaine d’années et, d’ailleurs, les résolutions du Conseil de sécurité n’y font plus la moindre référence.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Le 360