Par Rachel Rose
Mais pas ces semblants de trucs misogynes égocentriques.
Trêve de bla bla. Je vais vous raconter une histoire qui s’est déroulée un vendredi, le jour du Seigneur.
J’étais en jean, t-shirt, casquette, basket et sac à dos. Je rêvais de voir la mer. Je rêvais de me poser face à l’océan, en sécurité. Juste ça.
J’en rêvais. De la mer. Me trouvant à Casablanca, la ville jungle, je commence par m’arrêter devant un café et je vais me poser. J’avais mis du rouge à lèvres.
Pourquoi diantre avais-je mis du rouge à lèvres ?
Je m'assois à une table. Le serveur se dirige vers moi et me dit que la table est réservée.
Je lui dit : “Peut-être, mais il n’y a personne. Je veux juste boire un thé et me casser”.
Pourquoi je me justifie auprès de lui ? Je ne sais pas.
J’allume une cigarette et je feuillette un magazine. Je le vois poser un cendrier à une table vide en face de moi.
A ma table, il y en a pas. J’attends, 2, 3, min, j’étale ma cendre sur la table et puis j’appelle la nana de la caisse. Et je lui dis : “votre serveur est un misogyne”.
J’au eu mon thé après un moment d’attente qui m’a semblé interminable.
Et un cendrier enfin. Je voulais aller respirer un coup en face de la mer.
Et puis je m’en vais. Je hèle un taxi. J’étais derrière mes lunettes noires. Je lui demande si je peux fumer une clope. Il me dit : “il faut que tu montes devant. Parce que derrière, les vitres ne s’ouvrent pas”.
Naive, je lui dis : “ok”. Et je monte devant. Là je l’ai sentie intéressée par mes cuisses et mes seins. Je lui ai fait comprendre que j’étais championne de karaté et que le dernier qui a tenté d’abuser de moi a très mal fini.
Je lui dis : “je te conseille d’aller tout droit et de tourner à gauche”. Et je prends une pause menaçante. Je voulais aller respirer un coup en face de la mer.
Arrivés devant un endroit sécurisé. Je lui dis de s’arrêter tout de suite d’un air menaçant et je me dirige vers l’agent de sécurité et je lui dis que je ne me sens pas en sécurité. J’avance. Une voiture passe et un gars me dit bonjour. ça va bonjour, ça passe.
Je vais prendre un café et là que vois-je ? Le taxi avec sa casquette rouge qui revient à pied vient cette fois-ci venir me repérer.
Et là je pense pour les avoir déjà entendu parler dans leur groupe whatsapp de merde, ces satanés taxi à la noix de coco, que je ne dois pas revenir en taxi.
Et que je ne dois plus prendre un taxi de ma vie. Mesdames, peut-être que nous ne sommes pas en sécurité dans les taxis.
D’ailleurs, non plus dans les bus. Faut marcher mesdames et de préférence dans des allées et rues où il y a du monde, parce que sinon, un mec avec un sac en plastique et quelques drogues viendront me menacer. Je voulais respirer un coup en face de la mer.
J’ai souri à une fille à la table d’à côté. Elle m’a souri et j’ai commandé un chauffeur privé.
En l’attendant, une voiture blanche s’est arrêtée et le mec m’a fait signe. J’ai ragé, mais ragé. Intérieurement, je voulais fuir. Fuir ça. J’ai eu droit à la mer le temps d’un café clope et des ennuis, du stress. Je voulais respirer un coup en face de la mer.
Mon chauffeur est arrivé. Mon côté parano m’a fait croire que j’étais poursuivi par des taxis qui voulaient ma peau. Je voulais respirer un coup en face de la mer.
Je lui demande de s’arrêter devant une rue en sens interdit et j’ai filé, incognito.
J’ai marché. Je sentais les regards sur moi. Mesdames, me concernant, je suis faite pour être entourée des gens que j’aime et qui m’aiment. Et la mer, faudra que je m’en passe. Je voulais respirer un coup en face de la mer.
Pourquoi diantre ai-je mis un rouge à lèvres pour sortir ? Ou j’aurais dû rester chez moi ? Avec mon rouge à lèvres.