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Pour la relance, où dénicher de l’argent ? Dans les niches…




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Le Maroc, et le monde, bouclent leur première année de crise sanitaire et s’apprêtent courageusement et avec fatalisme à entamer la deuxième, donnant crédit aux prévisionnistes, ou historiens, qui fixent la durée d’une pandémie à deux ans. Et après ? Après, les problèmes... Les Etats du monde entier, chacun en fonction de ses moyens, s’évertuent à mettre au point des politiques de relance de leurs économies, pour stabiliser leurs sociétés.
 

L’équation est simple : des moyens financiers au compte-goutte et un torrent impétueux de besoins. De la résolution de cette équation, dans chaque pays, dépendra la paix sociale. Les gouvernements cherchent donc de l’argent où qu’il se trouve. Où qu’il se trouve ? Cela reste à voir… Cette crise aura mis en évidence un phénomène étrange : les riches sont toujours aussi riches, sinon plus, et les pauvres désargentés perdent leurs jobs, devenant pauvres comme… Job.
 

Chez nous, les chiffres donnent le tournis : un déficit public qui s’envole vers des cieux orageux, avec plus de 80 milliards de DH (7,5% du PIB), le taux de chômage qui perd la raison, sautant à 12% (contre 9% un an auparavant), et l’endettement qui, tout en restant « soutenable », s’alourdit. Les gouvernants parlent relance, espoir, embellies, optimisme… et pour les plus audacieux, cela cause énergies nouvelles ou renouvelables, restructuration, réformes globales… Des programmes pharaoniques, qui peuvent se montrer chimériques tant les dégâts à réparer sont importants.
 

Et pourtant, chez nous, toujours, il existe des niches d’argent, pour peu qu’on veuille les voir et les ouvrir. Ainsi donc de la Samir, par exemple… On ne sait pas trop comment expliquer – même si on peut en avoir une vague idée – les raisons de l’attentisme de l’Etat, lequel Etat pourrait encaisser au minimum quelques 16 milliards de DH, soit environ 5% du budget général, par la vente de la raffinerie. L’enjeu est donc énorme mais le double-jeu des uns et des autres oriente les choses différemment, vers une direction qui n’est pas forcément la meilleure.
 

Une autre niche est celle du Conseil de la concurrence… Oui certes, il ne faut surtout pas effrayer d’éventuels investisseurs, mais des investisseurs sérieux peuvent-ils réellement être effrayés par la stricte application de la loi et de l’éthique en affaires ? Sur la question des hydrocarbures, l’opinion publique s’est inquiétée, le parlement a enquêté, la libéralisation n’a pas respecté toutes les règles… et le Conseil de la concurrence a été saisi. Discussions, palabres, accrocs et désaccords ont meublé les débats supposés sereins ; l’arbitrage royal a été sollicité. Verdict : Driss Guerraoui s’en va et Ahmed Rahhou s’en vient, pour reprendre l’investigation, sur le fonds, précise le communiqué du cabinet royal. A la clé, plusieurs milliards de DH (on parle de 6 à 8 milliards) pour les caisses de l’Etat, qui en a bien besoin en ce moment…
 

Où en sommes-nous arrivés ? Deux bonnes douzaines de milliards de DH. Fort bien, poursuivons… Les avoirs détenus par des Marocains vivant au Maroc, travaillant au Maroc, accumulant leurs patrimoines au Maroc, mais « plaçant » une partie de leurs fortunes ailleurs qu’au Maroc. Quelle personne sensée pourrait sérieusement croire que l’Etat n’a pas les moyens de savoir qui, quand, comment, où, combien ?… Surtout aujourd’hui, en pleine polémique sur le signalement par le Maroc de comptes détenus par des MRE au Maroc. L’objectif pour les pays d’accueil est d’améliorer leurs recettes fiscales en ces temps difficiles, mais le Maroc a le droit de réciprocité. Prodigieusement intéressant pour l’Etat, potentiellement stressant pour tant de monde.
 

Le public se pose des questions et, une fois la crise sanitaire passée, nous compterons nos abattis et nous saurons ainsi l’étendue des dégâts économiques, sociaux et, bien évidemment, humains. Comment répondre à ces questions, voire ces questionnements qui ne manqueront pas d’advenir quand la situation se compliquera ?...
 

Rousseau disait qu’ « on a tout avec de l’argent, hormis des mœurs et des citoyens », pour lesquels il y a d’autres moyens. A défaut d’expliquer les raisons de son atonie (si elle se perpétue), le gouvernement marocain, actuel ou à venir, devra s’expliquer, un jour ou l’autre.
 

Aziz Boucetta

 




Jeudi 1 Avril 2021

Billet | Chroniqueurs invités



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