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Par Naim Kamal
Quelques instants après avoir acté l’élimination face à l’Afrique du Sud, le sélectionneur national, Walid Regragui, stoïque, déclarait avoir « échoué », assurant que la défaite était son « échec, pas celui des joueurs ». Ça l’honore d’ainsi assumer seul la responsabilité, mais rien n’est moins vrai. Nous sommes tous responsables, autant que nous sommes.
Une forme d’ivresse collective générée par l’exploit historique au Qatar d’avoir atteint la demi-finale d’une coupe du monde, s’était emparée de nous. Elle nous a fait oublier que le statut de super favori n’est jamais facile à porter et à défendre. D’autres nous ont précédés dans cette mésaventure.
Nous avons surtout oublié que le ballon rond est par nature capricieux, comme il l’a été en huitièmes de finale avec l'Espagne et en quart de finale avec le Portugal face au Maroc, respectivement à Al Rayyan et à Doha. Dans notre extase, nous avons érigé des humains en Héraclès, et on en a fait des demi-dieux.
Nous avons commencé à voir en Walid Regragui l’homme providentiel, oubliant que c’est juste la providence qui l’a placé là au bon endroit au bon moment. Et en Fouzi Lekjaa, couteau suisse multifonctions, on a trouvé le faiseur de miracles. Dans nos adorations, pas toujours désintéressées, nous avons flirté avec les limites de la sacralisation, et dans l’exaltation, légitime, la presse a perdu ses distances et son sens critique. Le résultat, on le connait.
Il est tentant de se consoler en se disant : ce n’est après tout qu’un match de foot. Ce n’est pas vrai. C’est bien plus que ça. Les performances sportives ne sont pas étrangères aux performances sociales, culturelles et économiques.
Elles en sont souvent le reflet, et bien plus : des outils politiques et les agents du soft power d’un pays. Et nos réalisations, dont nombreuses peuvent nous rendre fiers, sont au diapason de ce qui s’est fait au Maroc depuis près d’un quart de siècle, avec ses hauts et ses bas.
Il ne s’agit donc pas d’effacer d’une élimination ce qui été fait et acquis à longueurs d’années. Mais de se poser sereinement pour évaluer correctement ce qui a été fait et ce qui a été défait et pourquoi. Car des échéances importantes sont devant le Maroc. N’en doutons pas, il les réussira.
Rédigé par Naim Kamal sur Quid