Écouter le podcast en entier :
Par Aziz Boucetta
Alors donc les partis… trois congrès sont attendus (enfin, façon de parler…), celui de l’UC s’étant même tenu dans l’indifférence générale. Des congrès attendus, tendus au PPS et au MP, plutôt détendu à l’Istiqlal.
Commençons par l’UC, vous savez, ce parti fondé quelque part dans la décennie 80 du siècle passé, qui fut le fondement de bien des majorités du temps de Driss Basri, et qui n’est aujourd’hui devenu que l’ombre de ce qu’il n’aurait jamais dû être. Mais soyons magnanimes, si l’erreur est humaine, elle peut être aussi historique, ce parti ayant réussi la prouesse de fonctionner sans direction, puis avec une direction tournante, avant qu’il ne connaisse ce très grave problème consistant à avoir moins d’adhérents que de postes à pourvoir ! Evidemment, Driss Basri n’est plus là… A l’issue du congrès du weekend dernier, un nouveau SG a été élu, dont le nom importe peu.
Nous en arrivons au MP, ce parti chargé d’histoire, qui eut pour chefs fondateurs Abdelkrim Khatib et Mahjoubi Aherdane, deux personnages qui ont fait, ou contribué à faire, le Maroc post-indépendance, et qui avaient aussi œuvré à défaire le Maroc sous Protectorat… le MP qui a mal tourné par la suite, sauf pour la famille, sauf en offrant au Maroc le plus vieux secrétaire général de parti au monde, ou presque. Il est le chef même pas contesté du MP depuis 1986, quand la génération qui s’apprête aujourd’hui à partir en retraite était encore étudiante…
Le point de convergence entre le MP et l’UC est leur profond désarroi dès lors qu’ils ne sont pas au gouvernement. Un sévère cas de conscience se pose à eux : Comment peut-on s’opposer à un gouvernement nommé par Sa Majesté ? Alors, ils ne sont pas au gouvernement, ils ne s’opposent pas, ils se consument…
Restent le PPS et l’Istiqlal, deux partis véritablement historiques. Le PPS, qui fut communiste, qui batailla avant de se tailler des fonctions ministérielles ou diplomatiques sur mesure, qui fut ce qu’il ne sera plus jamais et qui est ce qu’il ne fut pas. A sa décharge, reconnaissons-lui, et à son chef, tout de même un certain courage idéologique, sur les grandes réformes sociétales, comme l’avortement et l’égalité en héritage, un secrétaire général qui dit tout haut une grande partie de ce que d’autres pensent bas, mais un secrétaire général qui ne trouve pas de remplaçant et qui donc se garde sa place tous les quatre ans. On verra bien pour cette année, s’il acceptera d’entrer dans l’Histoire ou s’il persistera à nous (et à se) raconter des histoires.
Et l’Istiqlal… Il doit normalement tenir sa grand-messe dans… incessamment. Le dernier congrès remonte à septembre/octobre 2017 quand, au terme d’une lutte homérique de ta3adoulia et d’assiettes qui volent, entre partisans surchauffés de Hamid Chabat et amis so british (pour la plupart) de Nizar Baraka, ce dernier l’emporta… grâce quand même au concours décisif des hommes de Hamdi Ould Rachid. Lequel Hamdi Ould Rachid a reçu sa récompense en investissant… en investissant pratiquement toutes les hautes instances du parti et de l’Etat (du moins celles confiées à l’Istiqlal). Lhaj Hamdi veut même aller plus haut, tenant le rôle d’un Iznogoud istiqlalien, mais les gens sérieux lui ont rappelé certaines vérités tout aussi sérieuses. Il ne reste plus qu’à espérer que l’actuel patron Nizar Baraka ne prenne pas l’Eau.
Dans cet épisode très Simpsonien des partis au Maroc, il manque bien sûr ceux qui ont déjà tenu leurs congrès. Au PJD, le bon docteur Elotmani, satisfait de lui-même, est revenu à ses patients qui ont en effet patienté ces 5 dernières années durant lesquelles leur médecin traitant était si maltraité en politique, et le feu et le vacarme, nommés Benkirane, sont revenus, plus tonitruants mais moins percutants. A l’USFP, le Conducator a rempilé et honni soit qui mal y pense. Au RNI, l’argent a sonné, et Aziz Akhannouch n’a pas trébuché. Reste le PAM, dont le congrès n’est pas prévu, s’étant déjà tenu en 2020 mais qui, depuis, est englué dans le whataboutisme de son Très Cher Leader Ouahbi.
Voilà pour la séquence partis incongrus du plus beau pays du monde.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost