OQTF : Trois lettres, mille polémiques
Mercredi après-midi, au cœur des dorures de Matignon, François Bayrou, Premier ministre français, s’apprête à présider une réunion cruciale, que dis-je, historique, avec une dizaine de ses ministres. Le sujet du jour ? L’immigration, bien sûr. Ce serpent de mer qui revient hanter les gouvernements français à chaque crise politique ou électorale. Mais cette fois-ci, l’affaire prend une tournure plus épicée, car elle se déroule sur fond de tensions croissantes avec l’Algérie. Une situation qui, avouons-le, ressemble à un épisode de série politique où tout le monde joue à blâmer l’autre pour un problème vieux de plusieurs décennies.
Au centre des débats, les fameuses "OQTF" (Obligations de Quitter le Territoire Français).
Ces mesures, censées renvoyer les migrants en situation irrégulière dans leur pays d’origine, sont devenues le symbole parfait de l’inefficacité administrative française. Sur les dizaines de milliers d’OQTF prononcées chaque année, seule une poignée est réellement exécutée. Et pourquoi ? Parce que les pays d’origine, comme l’Algérie, traînent des pieds pour accepter le retour de leurs ressortissants. Mais attention, François Bayrou a un plan.
Enfin, on suppose qu’il en a un, sinon pourquoi convoquerait-il ses ministres ? Peut-être pour leur rappeler que, dans une République en crise, l’apparence d’action vaut parfois mieux que l’action elle-même.
Les relations entre Paris et Alger n’ont jamais été un long fleuve tranquille. Et ces derniers mois, elles ressemblent davantage à une mer agitée. Alger accuse Paris de ne pas respecter ses engagements, notamment en matière de visas, tandis que Paris reproche à Alger de ne pas coopérer sur le retour des migrants. Bref, un dialogue de sourds où chacun campe sur ses positions. Et pendant ce temps, les flux migratoires continuent, et les tensions s’exacerbent.
François Bayrou, connu pour son talent oratoire mais moins pour sa capacité à résoudre des crises, devra jongler entre fermeté et diplomatie. "Nous devons trouver un équilibre entre fermeté et humanité", a-t-il déclaré, comme pour rappeler que la France, malgré ses défis, reste une terre des droits de l’Homme. Une belle phrase, certes, mais qui risque de se heurter à la réalité des rapports de force avec Alger.
La réunion promet également d’être animée en interne. Certains ministres, soucieux de plaire à une opinion publique de plus en plus polarisée, plaident pour une approche stricte.
D’autres, plus sensibles aux droits des migrants et aux impératifs humanitaires, insistent sur la nécessité de préserver une certaine éthique. François Bayrou, en bon équilibriste, devra trancher. Mais trancher quoi, exactement ? Entre des mesures déjà inefficaces et des tensions diplomatiques insolubles, le Premier ministre risque surtout de faire du surplace.
À ce stade, vous vous demandez peut-être ce que le Maroc a à voir avec tout cela. Eh bien, contrairement à l’Algérie, le Royaume chérifien a su développer une relation pragmatique et constructive avec Paris sur les questions migratoires. Le Maroc, en bon élève de la diplomatie régionale, coopère activement avec la France pour gérer les flux migratoires et lutte efficacement contre les réseaux de trafic humain. Une coopération qui, au passage, renforce la crédibilité du Maroc sur la scène internationale.
Et si François Bayrou, au lieu de s’empêtrer dans des querelles stériles avec Alger, prenait exemple sur Rabat ? Le Maroc, en jouant la carte de la stabilité et de la coopération, montre qu’il est possible de concilier souveraineté nationale et intérêts partagés. Une leçon que Paris ferait bien d’apprendre, surtout à l’heure où ses relations avec Alger ressemblent de plus en plus à un champ de mines.
En fin de compte, la réunion de François Bayrou risque de produire beaucoup de bruit pour peu de résultats. Les tensions avec Alger ne disparaîtront pas en un après-midi, et les OQTF continueront d’être un casse-tête administratif. Mais peut-être que cette réunion sera l’occasion pour Paris de jeter un regard neuf sur ses partenariats régionaux. Le Maroc, avec sa politique migratoire équilibrée et sa coopération exemplaire, offre une alternative crédible à la spirale des tensions.
Alors, M. le Premier Ministre, un conseil : à force de tourner en rond avec Alger, la France risque de perdre son cap dans une Méditerranée où le Maroc, lui, avance à grands pas.