29 novembre 1947, la nouvellement créée Organisation des Nations Unies adopte la résolution 181 qui prévoit le partage de la Palestine entre un Etat juif et un autre arabe. On en attend toujours la stricte application.
29 novembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies décrète la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. On n'est déjà plus dans le Droit international, mais dans les sentiments.
29 novembre 2020, des pays arabes qui n’ont jamais fait la guerre à l’entité sioniste signent avec elle on ne sait quelle paix. Même la solidarité arabe est devenue un vain mot.
Que signifie, de fait, la solidarité avec le peuple palestinien de nos jours ? D’abord, un devoir de mémoire pour empêcher la réécriture en cours de l’Histoire.
Faux récits
La Palestine a-t-elle jamais été « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », slogan des sionistes ?
Bien sûr que non, sauf que les Palestiniens ont eu le tort de se croire en sécurité sous l’autorité de l’empire ottoman. Puis, ce sont tous les Arabes d’Orient qui se sont laissé berner par les Britanniques, pendant la 1ère guerre mondiale.
Quand le Général Edmund Allenby, de l’armée britannique, a pris Al Qods, en 1917, avec l’aide des Arabes, il a déclaré : « Aujourd’hui, les croisades sont terminées ».
Le général français Henri Gouraud n’a pas manqué l’occasion, non plus, après avoir occupé Damas en 1920, de se délecter : « Saladin, nous sommes revenus », lui dit-il en se tenant sur sa tombe.
Seuls les imbéciles peuvent accorder crédit aux promesses des pays occidentaux.
Juifs non-Hébreux
Deuxième faux récit de la propagande sioniste, le retour en Terre promise. Quels ancêtres des Amazighs judaïsés du Maghreb ont jamais mis les pieds en Palestine ? Quels ancêtres des Turkmènes judaïsés de l’ancien royaume des Khazars, au bord de la Mer noire, dont descendent les Ashkénazes, ont jamais vu à quoi ressemble la Palestine ?
Que les juifs descendants des Hébreux, qui ont vraiment été un jour en Palestine, lèvent la main.
Et puis, n’est-ce pas hérésie en Judaïsme que de prétendre retourner en Palestine avant la venue du Messie (pour les Chrétiens et les Musulmans, c’est Jésus de Nazareth, dont ils attendent le retour annonciateur de la fin des temps) ? Ou est-ce la religion juive même qui a été pervertie par le sionisme ?
Faux messies
Il faut retourner au 17ème siècle, dans l’ancien empire ottoman, pour trouver les premières traces de cette perversion, quand le vrai kabbaliste et faux messie, par la suite prétendument converti à l’Islam, Sabbataï Tsevi, a estimé qu’il fallait s’activer pour hâter la rédemption des Juifs.
Prétendre provoquer le déroulement d’une prophétie a été la première hérésie dont va découler, par la suite, celle d’un retour précoce en Palestine.
Puis vint un autre faux messie, au 18ème siècle, en Europe de l’est, Jacob Franck. Il reprit la même astuce que son prédécesseur, un judaïsme maquillé en Islam, et fit de même avec le Christianisme. Il a d’ailleurs été condamné pour fausse conversion au catholicisme.
Jacob Franck et sa fille ont eu quand même leur entrée auprès de la cour d’Autriche et reçurent la visite du tsar de Russie. On n’a plus entendu, par la suite, parler de son mouvement, mais personne ne sait vraiment ce qu’il est en advenu.
Temple de Salomon
Toujours est-il que l’idée de ne pas attendre la réalisation de la prophétie de la rédemption du peuple Juif, mais plutôt de la susciter, semble avoir trouvé écho auprès des protestants anglo-saxons et allemands, qui l’ont soutenue.
Si la déclaration de Balfour de 1917, par la quelle la Grande Bretagne soutient la création d’un « foyer national juif » en Palestine est connue, l’accord de Haavara, conclu entre l’Agence juive et le régime nazi, en 1933, l’est beaucoup moins.
Le projet de reconstruire le temple de Salomon, détruit une première fois par les Babyloniens, une seconde fois par les Romains, situé exactement là ou se trouve actuellement la mosquée Al Aqsa, n’est pas propre aux sionistes. Il est également partagé par les églises évangéliques, qui prolifèrent aux Etats-Unis. Ce sont les Chrétiens sionistes.
Tout ceci contredit totalement la soi-disant volonté sioniste de faire la paix avec les Arabes. Le sionisme est, en soi, une négation de toute présence non-juive en Palestine. Les Palestiniens chrétiens ne sont pas mieux vu que leurs compatriotes musulmans par les sionistes.
Auto-illusions
La solution à deux Etats, les sionistes n’en veulent tout simplement pas. Ils n’ont pas respecté les Accords d’Oslo, de 1993, et n’en respecteront aucun qui n’aboutirait pas à leur appropriation de la Palestine dans sa totalité. Et à la reconstruction du temple de Salomon sur les décombres de la mosquée Al Aqsa. Les Arabes qui se font des illusions à ce sujet ne se mentent qu’à eux-mêmes.
La meilleure blague, c’est celle d’une coopération économique entres pays arabes et l’entité sioniste qui serait mutuellement avantageuse. Quel est le bilan pour l’Egypte et la Jordanie de ces relations normalisées, qui datent, respectivement, de 41 ans et 26 ans ? Ces périodes sont suffisamment longues pour pouvoir tirer de raisonnables conclusions.
73 ans, c’est déjà beaucoup de temps passé et tout espoir de rétablir les Palestiniens dans leur droit serait désormais vain ? Les Etats latins d’Orient, fondés par les Croisés, ont duré près de deux siècles. Ils ont fini par disparaître.
D’Asie en Afrique
La Palestine, carrefour entre l’Asie et l’Afrique, a toujours été une terre très disputée. La toute première bataille de l’Histoire, dont les historiens connaissent les détails, s’est déroulée à Megiddo, en Palestine, il y a près de 3.400 ans, entre le pharaon d’Egypte Thoutmosis III et une coalition de tribus syro-cananéenne.
Depuis lors, la Palestine a vu passer maints invasions et occupants, mais les greffes de corps étrangers finissent toujours par en être rejetées.
Maintenant que la puissance de la thalassocratie anglo-saxonne est en reflux, le rôle géopolitique même de l’entité sioniste, bloquant toute connexion terrestre pour un co-développement entre Asie et Afrique, n’est plus.
Ahmed NAJI/Arrissala/L’ODJ