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On est là !


L’école publique de qualité ? Ce n’est pas pour demain, bien que le ministre de l’Education nationale, Chakib Benmoussa, se console en déclarant que l’accord entre le gouvernement et les syndicats de l’enseignement vise ‘’à accompagner et réunir les conditions appropriées à la mise en œuvre de la réforme du système d’éducation et de formation’’.



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Par Naim Kamal

Ce n’est pas faute de ne pas avoir essayé. Ici même nous avions misé sur lui, sous-entendant que si lui n’y arrivait pas, personne n’y arriverait. Le unhappy end que vient de connaitre cette énième tentative de réforme induit que peut-être nous lui avions trop prêté.

Il ne s’agit pas de jeter la pierre à M. Benmoussa. Il n’est que l’avant-dernier d’une longue liste de ministres et de commissions de réforme du système éducatif, souvent abandonnée à peine commencée ou annoncée.

Le système dans sa globalité est coupable, y compris, et surtout, les enseignants que leur formation et leur conscience ne qualifient pas pour mesurer l’énormité et la grandeur de l’enjeu. Certes, eux-mêmes sont victimes d’une longue, lente et inexorable dégradation de la formation au Maroc. Mais cela ne les excuse pas, ils sont en âge de se prendre en main.

Mais forts en slogans, nos enseignants ont pour ambition de rester aussi cancres que leurs élèves. Ils auront beau invoquer le surpeuplement des classes, les mauvaises conditions de travail et tout ce que comporte le parchemin de leurs revendications, ils sont responsables de l’état des lieux où 70% des élèves ne maitrisent pas le programme à la fin du primaire, 10% à la fin du collège alors qu’environ 300 mille élèves quittent l’école chaque année depuis 2016. Le reste à l’avenant. 

Une mauvaise exécution pour une bonne réforme

La réforme concoctée par Chakib Benmoussa était bonne, probablement trop bonne pour un milieu, osons le qualificatif, pourri. Et en excellent technocrate, il a été dans la conduite de son projet un très mauvais politique. Outre la gestion du dialogue avec les enseignants, il a ajouté la crise à la crise en voulant, pour ne pas faire de jaloux, incorporer les enseignants fonctionnaires au statut de contractuel que rejetaient déjà énergiquement les cadres des académies régionales. 

Son département a ainsi jeté dans la rue quelque 140 mille enseignants fonctionnarisés, transformés en apport massif aux 140 mille cadres des académies qui battent régulièrement le pavé depuis des années.

M. Benmoussa avait articulé sa réforme autour de douze excellentissimes engagements qui s’apparentaient aux douze travaux d’Hercule. Ils commençaient par le nettoyage des écuries d’Augias et devaient se terminer par le terrassement de l’hydre qu’est un corps enseignant d’autant plus réfractaire au changement et à l’évolution qu’il est notoirement incompétent.

Que reste-t-il de ces douze ‘’engagements concrets’’ programmés dans la feuille de route 2022-2026 et des autres composantes de la réforme pour une école publique de qualité ? 

Peut-on vraiment encore parler de ‘’la formation d'excellence tournée vers la pratique permettant aux enseignants d’adopter une pédagogie efficace et bienveillante’’ ; de la formation continue obligatoire et d’un système de gestion de carrière incitatif et valorisant pour encourager les efforts des enseignants au profit des élèves’’, lié à la promotion en fonction de l’évaluation du rendement et des résultats ? 

Qu’en sera-t-il aussi des écoles pionnières otages désormais du volontariat et de bon vouloir des enseignants ? 

Le contexte de rébellion étant désormais ce qu’il est, quid d’un ‘’directeur au leadership renforcé pour améliorer la qualité de l'établissement pour lutter, entre autres, contre la déperdition scolaire, assurer les apprentissages et œuvrer à l'épanouissement des élèves’’ ?

Est-il encore possible avec ce corps enseignant, surdoué pour le blocage, de ‘’promouvoir le suivi et l’accompagnement personnalisés pour aider les élèves à surmonter les difficultés d'apprentissage’’, en détectant pour y remédier précocement les difficultés scolaires ? 

La liste est longue et il faut bien donner raison à M. Benmoussa lorsqu’il défend l’accord en affirmant qu’il a ‘’priorisé l’intérêt de l’élève’’, tant il fallait parer à l’urgence avec un accord qui "nous place (ce sont ses déclarations) aux portes d’une nouvelle étape" susceptible d’assurer "le rattrapage du temps scolaire perdu à travers un soutien éducatif intensif". On en est là ! 

Non, c’est définitif, 2023 n’aura pas été une bonne cuvée. 

Rédigé par Naim Kamal sur Quid 



Mardi 2 Janvier 2024


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