Article à écouter en Podcast
Hassan II « enviait » à Jacques Chirac la mairie de Paris : S’il n’avait été roi du Maroc, c’est maire de la capitale française qu’il aurait souhaité être, lui avait-il lancé lors d’une réception à l’hôtel de ville. Plus qu’une amitié, c’est une complicité qui unissait les deux hommes d’Etat.
Une complicité qui a tant fait gloser la gauche mitterrandiste.
Chirac le taroudanais, tant sa prédilection pour Taroudant était constante, avait entretenu un rapport particulier avec le Maroc et sa famille royale. Premier ministre de la première cohabitation, le défunt Roi lui réservait un traitement de chef d’Etat par anticipation. Si fort qu’à son décès, le président français avait observé à l’égard de son hériter une attitude de parrain qui frôlait la tutelle paternelle, ce qui ne manquait pas, selon des rumeurs, d’irriter le Roi Mohammed VI.
Mais Jacques que n’embrassait pas de faire savoir que Hassan II a été son initiateur « aux complexités et aux valeurs du monde arabe et musulman » et auquel il devait « des analyses visionnaires sur les drames mais aussi sur les chances de la paix au Proche-Orient » ainsi qu’une « plus claire conscience des enjeux internationaux », appréhendait son attitude comme une forme de gratitude en accompagnant les premiers pas du jeune souverain dans son rôle de roi.
Hassan II n’avait pas la touche avec la gauche française et leurs relations plus tumultueuses qu’amicales en dépit des efforts de François Mitterrand, efforts que, sitôt faits, son épouse Danielle s’empressait de ruiner. Si bien que dans la foulée du Discours de La Baule et de l’ouvrage de Gilles Perrault, Notre ami le Roi, Hassan II décida de ne plus se rendre en France où, pourtant, il aimait séjourner dans son château à Betz.
Ce n’est qu’une année après l’accession de Jacques Chirac à l’Elysée que le défunt souverain se rendra en France en visite d’Etat. A l’affut, la presse française rapporta que l’épouse du président, Bernadette Chirac, mit un soin particulier à vérifier personnellement les conditions du séjour du Roi n’hésitant pas à contrôler dans ses moindres coutures la literie de l’hôtel Marigny, palais des hôtes près de l’Elysée.
Le dernier voyage de Hassan II, neuf jours avant son décès, fut à Paris où il assista aux cotés de Jacques Chirac au défilé du 14 juillet 1999 ouvert par un détachement de la garde et la clique royales. Le président français qui ne pouvait ignorer que le Roi était en fin de vie sera très attentif, tout au long de la parade, à son illustre hôte et ami qu’il a tenu ainsi à honorer de dernier au revoir.
Billet de Naim Kamal sur www.quid.ma