Deuxième du Ballon d'Or 2022 et surnommé "Ballonbuwa" ("le sorcier du ballon"), l'idole est déjà entrée dans l'histoire de son pays en gagnant sa première CAN en février, illuminant l'équipe de son talent et transformant le tir au but décisif en finale contre l'Égypte (0-0, 3 t.a.b. à 1).
Il a porté les siens vers une nouvelle victoire mémorable aux "pénos" contre les mêmes "Pharaons", en barrages du Mondial (0-1, 1-0, 3 t.a.b. à 1).
Cette saison magnifique l'a conduit à la deuxième place du Ballon d'Or mi-octobre, meilleur classement pour un Sénégalais, et de Liverpool au Bayern Munich.
À 30 ans, pour toucher plus profondément encore les cœurs, il lui faudrait faire mieux que ses aînés de 2002, quarts de finalistes en Corée du Sud et au Japon avec pour capitaine Aliou Cissé, l'actuel sélectionneur.
Mais la prise de pouvoir de Sadio Ier sur le football sénégalais n'a pas été un long fleuve tranquille.
Imam
En 2017, des supporters caillassent la voiture de son oncle garée devant sa maison de Dakar parce qu'il a manqué son tir au but contre le Cameroun, futur vainqueur, en quarts de finale de la CAN-2017 (0-0, 5 t.a.b. à 4).
En 2018, on lui reproche une Coupe du monde un peu terne (un seul but contre le Japon, 2-2) et en 2019 sa finale de la CAN un peu manquée contre l'Algérie (défaite 1-0).
Mais les épreuves ne font pas peur à "Ballonbuwa". "Là où je suis né, pour devenir footballeur il faut tout sacrifier", raconte le joueur dans le documentaire de Rakuten TV "Sadio Mané, made in Senegal".
À l'âge de 7 ans, il a perdu son père, imam du petit village de Bambali, en Casamance, dans le sud du Sénégal.
Ses oncles aident sa mère à l'élever. L'un d'eux, Sana Touré, "n'aimait pas (le) voir jouer". "Pour lui, c'est les études", se souvient le joueur.
À Bambali, "on n'avait que ce terrain" en terre, poursuit Mané, avec des cages dont les bases des poteaux étaient rouillées. Les gamins jouent avec des pamplemousses, parfois, faute de ballon.
Au village, on regarde sur une mauvaise télé l'épopée du Mondial-2002, où les "Lions" battent le tenant du titre, la France (1-0), dans le match d'ouverture, et vont jusqu'en quarts de finale pour leur première participation.
Fugue
Mais le chemin pour passer de l'autre côté du petit écran a été tortueux.
Il est retrouvé par les siens, morts d'inquiétude. "Quand je retourne au village c'est la pire journée de ma vie, j'avais la haine contre ma famille, j'ai dit OK pour étudier une année supplémentaire et c'est tout, du coup ils ont respecté ma décision", dit Mané, poursuivant son récit. "C'est fini maintenant, c'est football, football, football!"
Promesse tenue, il rejoint l'école Génération Foot, "avec les chaussures du tournoi Navétanes (tournois de quartiers, NDLR), gâtées après trois mois", rigole-t-il. Mais dès le premier match il marque quatre buts, "je crois qu'ils étaient impressionnés".
Le prodige part vers le FC Metz, en plein hiver 2011. "La première chose qui m'a surprise, c'est le vent", rembobine Mané.
Mais un nouvel obstacle se dresse: il débarque avec une énorme pubalgie et n'ose pas révéler sa blessure. "On va me dire: +Tu retournes en Afrique+", redoute-t-il.
Mais huit mois plus tard, soigné, c'est l'envol.
Le gamin n'a pas oublié Bambali, il y a fait construire une école et un hôpital et cette implication a été saluée, lors du gala du Ballon d'Or, par le Prix Socrates du footballeur engagé.
"Il est généreux", salue Aliou Cissé, "il investit dans son pays, il crée des emplois, c'est un enfant qui a vraiment du cœur". Un cœur de Lion.
LODJ avec AFP
Il a porté les siens vers une nouvelle victoire mémorable aux "pénos" contre les mêmes "Pharaons", en barrages du Mondial (0-1, 1-0, 3 t.a.b. à 1).
Cette saison magnifique l'a conduit à la deuxième place du Ballon d'Or mi-octobre, meilleur classement pour un Sénégalais, et de Liverpool au Bayern Munich.
À 30 ans, pour toucher plus profondément encore les cœurs, il lui faudrait faire mieux que ses aînés de 2002, quarts de finalistes en Corée du Sud et au Japon avec pour capitaine Aliou Cissé, l'actuel sélectionneur.
Mais la prise de pouvoir de Sadio Ier sur le football sénégalais n'a pas été un long fleuve tranquille.
Imam
En 2017, des supporters caillassent la voiture de son oncle garée devant sa maison de Dakar parce qu'il a manqué son tir au but contre le Cameroun, futur vainqueur, en quarts de finale de la CAN-2017 (0-0, 5 t.a.b. à 4).
En 2018, on lui reproche une Coupe du monde un peu terne (un seul but contre le Japon, 2-2) et en 2019 sa finale de la CAN un peu manquée contre l'Algérie (défaite 1-0).
Mais les épreuves ne font pas peur à "Ballonbuwa". "Là où je suis né, pour devenir footballeur il faut tout sacrifier", raconte le joueur dans le documentaire de Rakuten TV "Sadio Mané, made in Senegal".
À l'âge de 7 ans, il a perdu son père, imam du petit village de Bambali, en Casamance, dans le sud du Sénégal.
Ses oncles aident sa mère à l'élever. L'un d'eux, Sana Touré, "n'aimait pas (le) voir jouer". "Pour lui, c'est les études", se souvient le joueur.
À Bambali, "on n'avait que ce terrain" en terre, poursuit Mané, avec des cages dont les bases des poteaux étaient rouillées. Les gamins jouent avec des pamplemousses, parfois, faute de ballon.
Au village, on regarde sur une mauvaise télé l'épopée du Mondial-2002, où les "Lions" battent le tenant du titre, la France (1-0), dans le match d'ouverture, et vont jusqu'en quarts de finale pour leur première participation.
Fugue
Mais le chemin pour passer de l'autre côté du petit écran a été tortueux.
Gamin, Mané fugue pour aller tenter sa chance dans une détection à Dakar. Il prend le bus très tôt: frontière gambienne, sans carte d'identité, juste des papiers d'étudiant, Mbour, puis la capitale. "C'était vraiment un long voyage", se souvient-il.
Il est retrouvé par les siens, morts d'inquiétude. "Quand je retourne au village c'est la pire journée de ma vie, j'avais la haine contre ma famille, j'ai dit OK pour étudier une année supplémentaire et c'est tout, du coup ils ont respecté ma décision", dit Mané, poursuivant son récit. "C'est fini maintenant, c'est football, football, football!"
Promesse tenue, il rejoint l'école Génération Foot, "avec les chaussures du tournoi Navétanes (tournois de quartiers, NDLR), gâtées après trois mois", rigole-t-il. Mais dès le premier match il marque quatre buts, "je crois qu'ils étaient impressionnés".
Le prodige part vers le FC Metz, en plein hiver 2011. "La première chose qui m'a surprise, c'est le vent", rembobine Mané.
Mais un nouvel obstacle se dresse: il débarque avec une énorme pubalgie et n'ose pas révéler sa blessure. "On va me dire: +Tu retournes en Afrique+", redoute-t-il.
"Je pleurais comme un fou dans les vestiaires", confie Mané, "ça va être compliqué de réaliser mon rêve avec cette blessure, ça pouvait être la fin de ma carrière."
Mais huit mois plus tard, soigné, c'est l'envol.
Le gamin n'a pas oublié Bambali, il y a fait construire une école et un hôpital et cette implication a été saluée, lors du gala du Ballon d'Or, par le Prix Socrates du footballeur engagé.
"Il est généreux", salue Aliou Cissé, "il investit dans son pays, il crée des emplois, c'est un enfant qui a vraiment du cœur". Un cœur de Lion.
LODJ avec AFP