Par Taoufiq Boudchiche Economiste, diplomate, ancien haut cadre de l’Agence de l’Oriental
L’Oriental marocain, une terre aux multiples visages mérite, en cette heureuse occasion, d’être remise en perspective à travers ses atouts valorisés par une vision royale généreuse qui a transformé la Région en nouveau pôle de développement euro-méditerranéen.
L’Oriental, cette région aux multiples atouts naturels enchante par ses territoires aux multiples biotopes. Elle s’étend des rives de la méditerranée de Nador au Nord du Royaume, avec son nouveau joyau balnéaire de Mar Chica réhabilitée, en passant par Saïdia, jusqu’à sa frontière Sud où se distingue la ville Oasis de Figuig, en traversant les montagnes des Béni-Snassen, les plaines des Angads, jusqu’aux zones oasiennes du Sud, et à l’Est en allant vers Guercif, la ville garnison et, Debdou fier de son passé juif andalous.
Elles abritent des populations, des cultures et des coutumes millénaires et authentiques tout en étant ouvertes sur le Monde par choix et par vocation naturelle.
L’Oriental, une terre de peuples et de tribus authentiques libres, diverses et solidaires dans l’épreuve à l’instar de celles issues des montagnes du Rif oriental, des Béni Snassen, des plaines d’Ain Sfaa ou des plateaux continentaux d’Aïn Béni-Mathar, et des 7 Ksour de Figuig …
L’Oriental, une terre de cultures authentiques qui participent aux valeurs universelles de l’humanité, de coexistence, de tolérance comme le Royaume en possède le secret : Festival international du Rai, Festival de la musique Reggada, Festival international d’Imerquane de Nador, Festival des Oasis de Figuig… Une terre de sons harmonieux et rythmés du Bendir maniés avec art et maestro par des troupes bien en couleurs d’El-Arfaa, qui égayent les joyeuses occasions célébrées aux fins fonds des terroirs d’Aghbal, de Taourirt, d’Ahfir et de Berkane.
L’Oriental, une terre d’hommes et de femmes valeureux en temps de guerre et en temps de paix. L’Oriental, est cette terre de résistants et de patriotes quand la nation est menacée. Historiquement, la première Région sur le « front de l’Est » contre ceux des premières luttes conduites par les tribus locales. Armées, de convictions, de piété et de courage plus que d’armes élaborées, les tribus mobilisées, souvent sous l’égide des monarques de l’époque repoussaient vaillamment les armées impériales en provenance de l’Est ; des troupes ottomanes aux troupes coloniales de Lyautey…la mémoire des faits d’armes de ces tribus de la résistance est inscrite dans l’histoire locale et régionale.
L’Oriental, une terre de mémoires et de martyrs, celle de la lutte pour l’indépendance dont les noms des résistants continuent d’imprégner la mémoire collective parmi les plus prestigieux d’entre eux et de ceux et celles des familles qui ont connu le sacrifice de leur père, frère et parfois sœur du fait de leurs actes de résistance.
L’Oriental, une terre d’accueil et de refuges des luttes africaines, Boumediene, Bouteflika, Nelson Mandela, y ont été accueillis et y ont trouvé refuge, protection et solidarité.
L’Oriental, une terre d’utopistes et de révolutionnaires comme Omar Benjelloun…une terre de généraux parfois égarés…qui abrite leur dernière demeure.
L’Oriental, une terre des grands serviteurs de la Noble Monarchie Alaouite, dont les noms sont évoqués avec le respect qui leur est dû dans tout le Royaume : Familles des Ssi Naceur, Osman, Meziane Belfkih, Zoulikha Nasri, et bien d’autres…moins connus et non moins méritants.
L’Oriental, une terre de savoirs et de connaissances. Lycées, collèges et universités continuent de distinguer cette Région dans les classements nationaux et internationaux. Elle abrita la première école moderne du Royaume, la célèbre et non moins discrète école Sidi Ziane à Oujda qui ouvrit ses portes en 1907 où notamment, le Président Bouteflika et autres grands hauts cadres du Royaume, firent leurs classes primaires. Ainsi que le premier lycée moderne marocain, « Omar Ibn Abdelaziz » d’Oujda dont ont été issus de grands commis de l’Etat.
L’Oriental, une terre de culture industrielle. Les friches industrielles et minières à Jerada, Touissit, Sidi Boubker, Mines encore actives à Bouarfa et dans la Région…, Industries agroalimentaires à Berkane, Industrie du fer et de l’acier à Nador, témoignent d’un passé prospère qui n’attend que sa valorisation.
L’Oriental, une terre de modernité, là où on ne l’attendrait peut-être pas avec l’émergence de Berkane devenue une « Smart City » laquelle reçoit deux fois par an les « as du numérique » pour visiter et s’inspirer du saut technologique qu’un gouverneur talentueux et audacieux lui a fait faire dans le domaine de la gouvernance numérique.
L’Oriental, une terre de piété et de culture soufie. Villes, villages et communes rurales les plus isolées sont emplies de la mémoire des Saints qui ont voué leur vie à diffuser et préserver le message coranique ; de nombreux Saints aux noms vénérés par les populations locales lesquelles n’hésitent pas jusqu’à aujourd’hui de visiter leur mausolée à la recherche de spiritualité, de renforcement de la foi et d’apaisement à leurs âmes. Saints Musulmans et Saints Juifs s’y sont croisés et y ont leurs sanctuaires dont la Région garde en mémoire des traces importantes dans plusieurs villes et villages de la Région (Debdou, Oujda, Ahfir, Figuig …).
L’Oriental, une terre meurtrie par un Maghreb inachevé, sujet aux aléas diplomatiques « irrationnels et chaotiques » du voisin de l’Est. Frontières fermées, familles séparées, rêves de l’unité brisée plus d’une fois…
L’Oriental, une terre d’émigration et aujourd’hui d’immigration. Une diaspora nombreuse demeurant fidèle aux terres natales, redonne vie à la Région dès les premiers jours printaniers à l’occasion des vacances et retrouvailles familiales.