Imaginez un instant : chaque individu est un univers, son existence est façonnée par ses expériences, ses pensées, ses émotions. Son "réel" n'est autre que la somme des impressions qui se dessinent au fond de son esprit, brouillé par les filtres de sa conscience. Dans ce cadre, peut-on qualifier quelqu'un de fou simplement parce que sa réalité est en décalage avec la nôtre ?
C'est l'éternel paradoxe de la singularité de l'expérience humaine au sein d'une collectivité. Chaque individu se déplace dans un espace où se chevauchent d'innombrables réalités. Les vues, loin d'être uniformes, sont nuancées par les spécificités de chaque perception. Si l'on condamne l'altérité de ces réalités, on nie la richesse de la pluralité humaine.
Rejeter l'autre pour sa "folie" revient à dénigrer notre propre folie. Car, qu'est-ce que la folie sinon la déviation de la "norme" ? Mais qui établit cette norme ? N'est-ce pas une illusion de consensus, une chimère inventée pour rationaliser le chaos de l'existence ?
En réalité, nous flottons tous dans un océan de subjectivités, de vagues de pensées et d'émotions, qui se chevauchent et se confrontent. Être conscient de la variété des réalités, c'est reconnaître notre humanité dans toute sa complexité. C'est accepter que je ne suis pas fou. Ma réalité est simplement différente de la vôtre. Et dans cette différence, réside l'étonnante beauté du monde.