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Les sardines à 5 dirhams qui expose les failles du marché marocain


Rédigé par le Vendredi 28 Février 2025

En quelques jours, Abdelilah El Jabouni, surnommé « Moul l’hout », est devenu un phénomène au Maroc. Ce poissonnier de Marrakech a secoué le marché en proposant des sardines à 5 dirhams le kilo, un prix défiant toute concurrence alors que les étals affichent généralement un prix entre 15 et 20 dirhams.



Quand un poissonnier de Marrakech défie le marché

L’affaire d’Abdelilah El Jabouni, surnommé « Moul l’hout », a suscité une vive polémique au Maroc. Ce poissonnier de Marrakech, connu pour avoir vendu des sardines à 5 dirhams le kilo, a vu son commerce fermé par une commission locale avant d’être rouvert par le Wali de Marrakech.

Ce feuilleton administratif a mis en lumière les tensions autour de la flambée des prix et les contradictions des autorités face à des initiatives individuelles remettant en cause l’ordre établi. Si la fermeture a choqué une large partie de l’opinion publique, la réouverture a soulevé de nouvelles interrogations sur la gestion de ce type de situations.

La fermeture du magasin d’Abdelilah a été perçue comme une tentative de réprimer une initiative louable qui exposait les failles du système de distribution. Les autorités locales ont officiellement évoqué des irrégularités administratives ou des manquements aux normes pour justifier leur décision. Mais pour beaucoup, cette explication masque un problème bien plus profond : celui d’un système économique où les initiatives qui défient les pratiques commerciales habituelles sont rapidement étouffées.

Pourquoi un commerçant proposant des prix accessibles pour des produits essentiels devient-il la cible des autorités ? Cette question a alimenté un débat national, amplifié par l’opinion publique et les réseaux sociaux.

La réouverture du magasin par le Wali de Marrakech a été interprétée comme un geste politique destiné à apaiser une opinion publique en ébullition. L’affaire avait en effet pris une ampleur nationale grâce aux soutiens massifs relayés sur les réseaux sociaux. Des vidéos et témoignages en faveur d’Abdelilah ont mis les autorités sous pression, les poussant à revoir leur position. Cependant, cette intervention a également mis en lumière un manque de cohérence institutionnelle.

D’un côté, une commission locale ferme le commerce sous prétexte de régulation ; de l’autre, une autorité supérieure annule cette décision. Cette contradiction reflète une gestion confuse des initiatives individuelles et expose les tensions entre régulation économique et pression populaire.

Le cas d’Abdelilah El Jabouni s’inscrit dans un contexte plus large de mécontentement social lié à la hausse des prix des produits de première nécessité. Depuis plusieurs années, les Marocains font face à une augmentation constante du coût de la vie, exacerbée par des crises internationales et des dysfonctionnements structurels au niveau national. Les produits essentiels, comme le poisson, les légumes ou les céréales, deviennent de plus en plus inaccessibles pour une grande partie de la population.

Cette situation est aggravée par la spéculation et les marges excessives appliquées par les intermédiaires, un manque de régulation efficace des prix et une chaîne logistique inefficace où les coûts de transport et de distribution pèsent lourdement sur les prix finaux.

L’initiative d’Abdelilah a prouvé qu’il était possible de proposer des produits à des prix justes en contournant les intermédiaires. Cependant, ce modèle reste difficilement viable sans un soutien institutionnel ou des réformes structurelles. En remettant en question les pratiques commerciales habituelles, Abdelilah a attiré l’attention des citoyens, mais aussi celle des acteurs économiques qui bénéficient du statu quo.

Sa fermeture initiale pourrait être interprétée comme une tentative de protéger ces intérêts établis. Ce cas illustre également l’urgence de réformer le marché marocain pour garantir des prix équitables aux consommateurs et des revenus décents aux producteurs.

Au-delà de la sardine à 5 dirhams, l’affaire Abdelilah El Jabouni est devenue un symbole de la lutte contre un système économique jugé injuste par une grande partie de la population. La fermeture puis la réouverture de son magasin mettent en lumière les contradictions des autorités, tiraillées entre la protection des intérêts établis et la nécessité de répondre à une opinion publique de plus en plus mobilisée.

Cette affaire dépasse le simple cadre d’un commerce local pour poser une question fondamentale : le Maroc est-il prêt à réformer son marché pour garantir une économie plus juste et transparente ? Reste à savoir si cet appel sera entendu ou si cette affaire restera un épisode isolé dans une crise qui perdure.


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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 28 Février 2025

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