Ibrahim HATIM
Ce fut un événement riche, tant par son format interactif que par le lieu chargé d’histoire. La Maison du Maroc, qui a accueilli au fil des décennies de grandes figures ayant marqué l’histoire de notre pays, confère à ces échanges un caractère inspirant et mémorable.
Lors de mon intervention, j’ai abordé un sujet qui attire souvent la curiosité des jeunes étudiants : les métiers de la data. En effet, depuis une dizaine d’années, nous assistons à l’émergence rapide et continue de nombreuses professions liées au domaine de la data. Ces métiers, qui se situent à l’intersection de la tech et du business, répondent aux besoins croissants des organisations pour exploiter le potentiel immense de leurs data.
Pour appréhender pleinement ces métiers, il est essentiel de comprendre le cycle de vie des données au sein d’une organisation. Ce cycle se décompose généralement en trois étapes :
1: Ingestion / Collecte de données
2: Traitement et transformation des données
3: Analyse et valorisation des données
Nécessitante de ces étapes, des métiers spécifiques interviennent, chacun nécessitant des compétences bien définies.
Prenons l’exemple du Data Engineer. Souvent dans l’ombre, ce professionnel est pourtant un acteur clé des premières étapes du cycle de vie des données. Chargé de la collecte, du stockage et de la structuration des données, le data engineer est un véritable architecte. Ce métier exige une expertise approfondie en programmation, une forte capacité à résoudre des problèmes complexes, ainsi qu’une connaissance des environnements big data et des infrastructures cloud.
À l’autre extrémité du cycle, nous retrouvons le business analyst, un métier orienté vers l’analyse et la valorisation des données. Ce rôle est essentiel pour traduire les insights issus des données en recommandations stratégiques concrètes. Le business analyst agit comme un pont entre les équipes techniques et les décideurs. Son travail repose sur une compréhension fine des besoins métiers et une capacité à utiliser les outils analytiques pour générer de la valeur.
Les métiers de la data sont aujourd’hui au cœur de la transformation digitale des organisations. Ces métiers nécessitent de croiser des compétences techniques et stratégiques pour faire face aux enjeux contemporains.
Lors de cette journée, des participants m’ont interrogé sur la situation de l’écosystème data au Maroc et sur les perspectives d’emploi dans ce domaine.
Grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, le Royaume a élaboré une stratégie ambitieuse pour le numérique, visant à transformer durablement le paysage économique et technologique du royaume.
À l’horizon 2030, cette stratégie prévoit la création de 240 000 emplois directs dans le secteur numérique, avec une contribution estimée à 100 milliards de dirhams au PIB. Ces objectifs reflètent la volonté du Maroc de s’imposer comme un acteur majeur de la transformation digitale à l’échelle régionale et internationale.
Cependant, la réussite de cette stratégie repose sur deux éléments fondamentaux :
L’inclusion des talents marocains, qu’ils soient au Maroc ou à l’étranger, pour apporter leurs compétences et leur expertise.
La sensibilisation du tissu économique et politique à l’importance de la data et à son rôle stratégique dans les organisations. Ce changement de paradigme nécessite un engagement collectif et une réelle prise de conscience de la valeur des données comme levier de compétitivité et de création de valeur.
Il est de notre devoir, que nous soyons directement impliqués ou simplement concernés, de contribuer à l’instauration d’une véritable culture data. Nous devons nous mobiliser pour être à la hauteur des ambitions du Nouveau Modèle de Développement et des attentes légitimes de notre jeunesse, qui incarne l’avenir et le potentiel du Maroc.
Ibrahim HATIM
Membre de l’alliance des économistes istiqlaliens
Expert en data & en BI