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Les influenceurs virtuels : sont - ils des personnages néfastes pour la santé mentale ?


le Lundi 7 Novembre 2022

Les influenceurs virtuels sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, où ils sont surtout suivis par les jeunes. Ce phénomène inquiète, notamment en raison de leurs potentielles conséquences psychologiques sur leurs abonnés.



Comme les influenceurs humains, ils ont des milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux, mais, contrairement à eux, ils ne sont pas réels. Ces influenceurs virtuels sont créés de toutes pièces à l’aide de l’intelligence artificielle et de logiciels d’imagerie 3D. Parmi eux figure notamment Lil Miquela, l’influenceuse la plus célèbre au monde, suivie par 3 millions de personnes sur Instagram. Également mannequin et chanteuse, elle vit sur les réseaux sociaux où elle se montre, entre autres, en soirée ou encore en vacances.

Les influenceurs virtuels :  sont - ils des personnages néfastes pour la santé mentale ?
Plusieurs entreprises s’y intéressent, à l’instar de Krafton, qui a présenté en juin son premier humain virtuel baptisé Ana. Conçue pour favoriser l’engagement de la communauté au niveau mondial, elle devrait, plus tard, élargir « son champ d’action en tant qu’influenceuse dans divers domaines du divertissement et de l’esport ». Cette présence sur les réseaux sociaux a cependant de quoi inquiéter, notamment vis-à-vis de potentiels effets sur la santé mentale des individus. C’est une question qui se pose, en particulier au vu des préjudices causés par les influenceurs humains.

De potentiels effets néfastes pour les jeunes

« Même s’il existe peu d’études sur les répercussions négatives des influenceurs virtuels, il est prouvé que les influenceurs humains sont souvent néfastes », a récemment expliqué le New Scientist, magazine scientifique international. Les réseaux sociaux et les influenceurs sont en effet considérés comme néfastes en ce qu’ils poussent les individus à se comparer aux autres. Les plateformes sont d’ailleurs accusées de nuire à la santé mentale des jeunes, surtout depuis les révélations des Facebook Files. C’est par exemple le cas d’Instagram, qui surexpose les adolescents aux vies apparemment idéales d’autres personnes, dont les influenceurs et influenceuses.

Alors que ces conséquences en préoccupent plus d’un, celles des influenceurs virtuels sont d’autant plus à craindre : ils recueillent en moyenne deux fois plus de followers adolescents que leurs équivalents humains. « Il y a peut-être lieu de s’en inquiéter. Les capacités cognitives des adolescents sont encore en développement et ils ont moins d’expérience des réseaux sociaux que leurs aînés, si bien qu’ils n’ont pas un regard critique », a indiqué Elizabeth Daniels, psychologue du développement à l’université du Colorado, au New Scientist.

Une affirmation qui rejoint celle faite par Amy Orben, psychologue dirigeant le programme de santé mentale numérique à l’Université de Cambridge, au média The Verge en avril dernier : « L’adolescence est un moment-clé dans les évolutions cognitives, biologiques et sociales. Ces changements interagissent avec les réseaux sociaux d’une manière très intéressante », avait-elle déclaré, faisant référence à une étude sur la relation entre l’utilisation de ces plateformes et le bien-être. Celle-ci a montré que les réseaux sociaux peuvent avoir un impact sur la santé mentale des jeunes, à la puberté et au moment où ils quittent le domicile familial, deux périodes charnières.

Comment protéger les jeunes ?

Les influenceurs virtuels sur les réseaux sociaux inquiète depuis plusieurs années. En 2019, déjà, l’organisation à but non lucratif Internet Matters alertait sur ce phénomène. Que ce soit avec les chatbots, les robots ou d’autres objets liés à l’intelligence artificielle (IA), les individus peuvent leur attribuer des caractéristiques humaines et sympathiser avec eux de la même manière qu’ils le feraient avec d’autres personnes. Or, cette empathie peut être utilisée par des marques faisant appel à des influenceurs virtuels pour les aider à monétiser l’engagement, mais aussi à manipuler les utilisateurs afin qu’ils achètent leurs produits, comme l’a expliqué Internet Matters.   
« Les organisations technologiques créent des comptes d’influenceurs virtuels dans le but de tirer profit des tendances des médias sociaux et d’aider à faire connaître les marques auprès d’un public en ligne. Les images ambitieuses générées par l’ordinateur et publiées par les influenceurs virtuels incluent souvent des représentations du corps ou du style parfaits qui sont inaccessibles », alertait l’organisme dans un communiqué.

Pour Linda Papadopoulos, ambassadrice et psychologue d’Internet Matters, ils sont susceptibles de nuire à l’estime de soi, à l’image corporelle et à la compréhension de la « vraie vie » par les enfants. Raison pour laquelle elle conseille aux parents de leur fournir toutes les informations, en parlant de ces comptes comme ils le feraient pour un influenceur humain et en les encourageant à réfléchir de manière critique aux contenus regardés. « Amenez-les à dépersonnaliser ces comptes en posant des questions-clés : qui crée ces publications, qui ciblent-elles, pourquoi portent-ils ces vêtements et font-ils la promotion de ces produits ? Permettre à votre enfant de poser des questions mettra en évidence la nature manipulée de ces comptes et images », a ainsi conseillé Linda Papadopoulos.

Un phénomène qui touche aussi les adultes

Bien que l’on pense plutôt aux jeunes quand on parle d’influenceurs, et surtout d’influenceurs virtuels, les adultes sont aussi concernés par les potentiels effets de ces personnages. C’est d’ailleurs ce que montre une enquête menée par l’Influencer Marketing Agency auprès de 1 044 Américains en mars. « Notre objectif était de mieux comprendre les expériences et les opinions des utilisateurs américains sur ces usages virtuels que nous voyons de plus en plus sur les réseaux sociaux », a indiqué l’agence. Selon cette étude, ils sont 58 % à suivre un influenceur virtuel. Et si les utilisateurs de 35 à 44 ans sont moins nombreux que les jeunes, ils constituent tout de même le premier groupe de personnes à penser qu’ils peuvent s’identifier à ces influenceurs virtuels, mais aussi à faire confiance à un produit promu par l’un d’entre eux.

Parmi les 35 % des répondants ayant déclaré avoir déjà acheté un produit ou un service promu par un influenceur virtuel, ils sont les premiers à avoir effectué un tel achat. « Alors que beaucoup peuvent dire qu’il n’y a aucun moyen qu’une personne générée par ordinateur soit capable d’influencer les consommateurs, notre enquête a indiqué que ce n’est pas vrai », a expliqué l’Influencer Marketing Agency.

Les jeunes et les adultes s’exposent ainsi à de potentiels effets ou conséquences indésirables des influenceurs virtuels, soit en étant spectateur de représentations physiques ou de styles de vie inatteignables, soit en étant incité à acheter des produits ou services, susceptibles de leur porter préjudice dans certains cas. Cela est déjà arrivé avec des influenceurs humains ayant fait la promotion de produits de beauté ou de crypto monnaies ayant abouti à des dommages ou à des pertes financières.

Rédigé par Kesso Diallo, repris et adapté par la Fondation Tamkine  
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Lundi 7 Novembre 2022

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