Au Maroc, le café continue de séduire les palais, malgré des hausses de prix significatives. En 2024, les importations de café ont atteint des sommets, avec 51.191 tonnes importées pour une valeur totale de 2,26 milliards de dirhams. Cette augmentation de 38 % en valeur par rapport à 2023 illustre un intérêt croissant pour ce breuvage, bien que la consommation par habitant reste stable.

Malgré une consommation par habitant estimée entre 800 et 900 grammes par an, les Marocains restent loin des habitudes de leurs voisins : 3 kg par habitant en Algérie et 1,5 kg en Tunisie. Cette stabilité relative contraste avec le bond des prix internationaux du café. En effet, le coût moyen d'un kilogramme importé est passé de 31,68 dirhams en 2023 à 43,78 dirhams en 2024, impactant directement le marché local.

Cette flambée des coûts a également touché les torréfacteurs, qui mélangent les deux principales variétés importées — le Robusta (85 %) et l’Arabica (15 %) — pour maîtriser leurs prix. Cette stratégie, bien que nécessaire, ne suffit pas toujours à compenser la hausse des tarifs. Selon Khalid Mouratib, président d'une branche régionale de la Fédération des propriétaires de cafés et restaurants, les prix au détail ont grimpé de 30 à 40 dirhams par kilogramme. Face à cette situation, nombreux sont les établissements qui réduisent leurs marges pour préserver un prix accessible par tasse.

Le Maroc reste fortement dépendant des marchés mondiaux pour son approvisionnement en café. Les principales origines des importations de café vert incluent des géants comme le Brésil, la Colombie et le Vietnam, tandis que le café torréfié provient surtout d'Espagne, d'Italie et des Pays-Bas. Cette diversité d’origine ne protège cependant pas le pays des fluctuations des prix internationaux.

Malgré ces défis, le café conserve sa popularité parmi les Marocains, qui semblent prêts à débourser davantage pour savourer leur boisson préférée. Que ce soit dans les cafés de quartier ou les établissements haut de gamme, la culture du café s’installe durablement, reflétant une évolution des habitudes de consommation.

 

Alors que le thé à la menthe, véritable emblème de l’identité marocaine, continue de trôner sur les tables familiales, une tendance intrigante émerge : le café gagne du terrain, particulièrement auprès des jeunes et des urbains.

Cette évolution soulève des questions sur les mutations culturelles et les influences extérieures. Le café, souvent associé à un mode de vie moderne et cosmopolite, reflète une transition vers des habitudes plus globalisées.

Cependant, ce changement s'accompagne de débats : le café remplacera-t-il un jour le thé comme boisson préférée des Marocains, ou restera-t-il un plaisir complémentaire ? Une interrogation qui illustre le choc subtil entre tradition et modernité dans les habitudes de consommation.