Par Ali Bouallou
Une telle démarche permet d’accéder à la vérité ou ce que les philosophes appellent l’adéquation entre la représentation et la réalité.
Parfaire ses connaissances pour accéder à la vérité et aussi réformer sa morale permettent d’accéder à ce qu’Aristote appelle « Summum Bonum » c.à.d. le Souverain Bien.
Pour Aristote, cette formule englobe l’ensemble des vertus que celui-ci a explicité dans sa réflexion à savoir la justice, le courage, la mesure, la générosité ou la libéralité, la munificence, la douceur, le bon sens et la sagesse.
Selon Heidegger, l’engagement est une sorte de retrait de soi-même de l’être dans le sens de l’« Abritement ». Pour Heidegger, l’abritement est la garantie du surgissement et de l’éclosion. S’abriter dans une posture philosophique, où le renoncement n’a pas de place, pour faire éclore la vraie lumière celle de la raison.
L’engagement permet donc de passer d’une morale « sans nom » basée sur l’ignorance inavouée ou un savoir limité à une morale humaine basée sur la connaissance pure et une critique de la raison par la raison comme dirait Kant.
Par ailleurs, l’engagement annule la superstition qui submerge le sujet ou l’individu et que Spinoza décrit comme le destin malheureux du besoin absolu de l’être de croire en n’importe quoi sans soulever le moindre doute.
L’engagement évoque également ce que Heidegger appelle l’oubli de l’être, une sorte de soustraction à la pensée de l’homme pour une mise en attente d’un décèlement. Heidegger appelle cela le dévoilement. Pour faire court, l’engagement est un dévoilement.
Un engagement par l’Action et par l’Acte selon la métaphysique d’Aristote pour aller au-delà du monde tel qu’il nous est présenté. L’action renvoie au travail intérieur c.à.d. le doute et la recherche de la vérité. L’acte revoie au travail extérieur c.à.d. donner un meilleur sens au monde qui nous entoure.
Au-delà de la curiosité, ce désir de connaitre le pourquoi et le comment, l’engagement implique des règles, des obligations et des sacrifices.
En effet, les choses matérielles corrompent les âmes et les esprits. Aucune élévation spirituelle, ou comme cité plus haut, aucun retrait de soi-même de l’être (formule heideggérienne) ne peut se faire sous l’emprise exclusive du monde matériel. Il est indispensable de s’affranchir du rapport immédiat des choses matérielles dans ses rapports à autrui.
La liberté est également un facteur d’engagement. La liberté de décider pour soi, la liberté de conscience et l’affranchissement social contre toute vassalité intellectuelle.
Les bonnes mœurs sont aussi liées à l’engagement. Il est bien entendu important que l’engagé ait un comportement individuel et en collectivité en accord avec la morale publique et les convenances sociales.
Il est aussi indispensable de se défaire du passé et libérer le présent d’éventuelles fautes commises, erreurs de jugement ou offenses quelconques afin d’honorer un engagement. L’être humain a cet avantage d’être capable de réviser la représentation qu’il se fait de soi et de l’autre.
Seules la réconciliation, l’harmonie et la transformation des tourments en amour aussi bien de soi que d’autrui, peuvent mener à une révélation de la vérité et à l’arrêt de la dégradation de l’esprit humain.
L’ensemble de ces actes permet d’éviter de trahir le sens de l’engagement et ainsi prévenir le ressentiment que l’on peut en éprouver.
Tout un chacun a en soi un principe d’excellence, ou une force, qui doit guider ses actions. Ce principe est la raison et celle-ci mène à la sagesse, et c’est cette sagesse qui permet de prendre la mesure et le recul avant toute action bienfaisante au sens large.
Seul un être raisonnable peut agir selon des principes organisateurs et des lois d’obligation. La purification morale contre toute impureté permet de mener une vie calme et paisible au travers de valeurs tels que le civisme et la solidarité.
L’engagement est le seul moyen à mon sens pour se reprendre en main et faire honneur à son appartenance à la cité et plus généralement à un Etat.