Dr Mohamed Chtatou
‘’ En effet, le concept de Tamaghrabit offre une réponse détaillée et complète aux questions suivantes : qui sommes-nous en tant que peuple ? Quelle est notre identité ? Quelle est notre vision de l’avenir pour nous-mêmes et pour le reste du monde ? Ces questions sur l’identité sont fondamentales, notamment dans la réflexion sur le rôle des Marocains à l’étranger, véritable soft power (« puissance douce », dans le sens de J. Nye) du Maroc.’’
Le peuple marocain s’est mobilisé partout dans les douars, les villages, les villes pour venir en aide aux victimes. Un élan de solidarité jamais vu. Ainsi, en plus des denrées alimentaires, de sang et de dons pécuniers, des pharmacies, des cliniques et des hôtels se sont mobilisés pour venir en aide et des milliers de jeunes sont parti dans les régions sinistrées comme volontaires.
La solidarité marocaine est l’une des expressions de Tamaghrabit. Tamaghrabit, c’est le sentiment d’appartenance, de respect et d’amour au pays exprimé par tout marocain de différence ethnique, linguistique, confessionnelle et culturelle. La meilleure définition de Tamghrabit on la retrouve dans le préambule de la constitution de 2011 :
‘’État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s'est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
La prééminence accordée à la religion musulmane dans ce référentiel national va de pair avec l'attachement du peuple marocain aux valeurs d'ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde.’’
L'Organisation Mondiale de la Santé -OMS- a déclaré que plus de 300 000 personnes avaient été touchées par la catastrophe. Le pape François a offert ses prières et sa solidarité aux victimes. Des dizaines de pays frères et amis comme l’Algérie, la Tunisie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats, la France, l’Espagne, la Grande Bretagne, les Etats Unis, la Turquie, etc. ont immédiatement offert leur aide et soutien
Le Maroc a décrété trois jours de deuil et le roi Mohammed VI a appelé à prier pour les morts dans toutes les mosquées du pays. Le roi Mohammed V s’est aussi déplacé à Marrakech ou il a visité les blessés du séisme dans l’Hôpital Mohammed VI et a aussi fait don du sang. Sans oublier, pour autant, sa contribution chiffrée à un milliard de dirhams au fond spécial du séisme, un acte de générosité amplement apprécié par le peuple marocain.
L'épicentre du séisme se trouvait à 72 km au sud-ouest de Marrakech, une ville appréciée des Marocains et des touristes étrangers pour ses mosquées médiévales, ses palais et ses séminaires richement ornés de mosaïques vives au milieu d'un labyrinthe de ruelles roses. Marrakech doit accueillir les réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à partir du 9 octobre. Un porte-parole du FMI, interrogé samedi sur les réunions prévues, a déclaré : ‘’Nous nous concentrons actuellement sur le peuple marocain et sur les autorités qui s'occupent de ce problème".
Efforts de sauvetage
Les équipes de secours ont travaillé sans relâche au lendemain de la catastrophe, fouillant les décombres qui constituaient autrefois les maisons et les communautés. Une unité de secours espagnole, Bomberos Sin Fronteras (Pompiers sans frontières), est arrivée le 10 septembre. Leurs efforts ont abouti à la découverte de plusieurs victimes décédées. L'unité a déclaré avoir trouvé 30 corps en une journée, un résultat déchirant qui n'a fait que souligner l'ampleur de la tragédie.
En réponse à la catastrophe, plusieurs groupes internationaux se sont joints à la mission de sauvetage, offrant leur expertise et leur main-d'œuvre à la recherche de survivants. Des équipes du Royaume-Uni sont arrivées, notamment des pompiers de tous les services du pays, qui se sont portés volontaires au sein de l'équipe internationale de recherche et de sauvetage du Royaume-Uni (U.K. International Search and Rescue Team). Ils ont établi une base à Amizmiz et procèdent actuellement à l'évaluation des besoins dans les villages isolés.
La difficulté de la mission de sauvetage est aggravée par le manque d'équipement et l'éloignement des zones touchées. Dans l'épicentre du tremblement de terre, les constructions sont décrites comme étant rudimentaires, ce qui rend difficile la recherche de poches d'espace où pourraient se trouver des survivants. Malgré cela, les équipes de secours gardent espoir, les membres déclarant qu'"il y a toujours de l'espoir", même plusieurs jours après la catastrophe.
La communauté internationale a réagi rapidement au tremblement de terre en offrant son aide et sa solidarité. Des pays comme la Turquie, la France, l'Allemagne, le Qatar et Israël ont proposé de fournir de l'aide ou des secours. Cette réponse mondiale souligne la capacité universelle de l'homme à faire preuve d'empathie et de soutien en temps de crise mais aussi le capital sympathie du Maroc parmi les nations du monde.
Un élan de solidarité sans précédent
Face à cette tragédie, la communauté marocaine a fait preuve d'une solidarité remarquable, un sens inné de Tamaghrabit. De nombreux citoyens marocains se sont précipités pour aider leurs concitoyens, leur offrant leur soutien par tous les moyens possibles. La dévastation n'a pas été répartie uniformément, les zones les moins riches étant les plus durement touchées. Les efforts collectifs de la communauté pour se soutenir mutuellement en cette période de crise ont apporté un peu d'espoir au milieu de la tragédie.
Solidarité agissante automatique, expression forte de Tamaghrabit
Le tremblement de terre a frappé la région montagneuse du Haut Atlas au Maroc, et a été accueillie par une vague de solidarité citoyenne sans précédent. En réponse à la catastrophe, des villes comme Marrakech, Casablanca, Rabat, Laayoune et Fès ont connu un afflux d'aide et de soutien aux sinistrés du tremblement de terre d’El Haouz. Les centres de transfusion sanguine ont enregistré une hausse du nombre de donneurs et les Marocains ont rempli leurs chariots de produits de première nécessité, tels que de l'eau, du lait, de la farine et des conserves ainsi que des couvertures, des habits et des tentes.
À Casablanca, les détaillants vendant des couvertures ont vu leurs ventes exploser et les stocks des fournisseurs de tentes ont été réduits à néant. Decathlon Maroc a même annoncé une "rupture totale de stock" de tentes imperméables, mais ils ont affirmé qu'un lot important devrait arriver prochainement.
Les sauveteurs ont souligné l'unité du peuple marocain face à la catastrophe. Ils ont souligné le besoin urgent de tentes et de couvertures pour les personnes touchées, en particulier avec les tempêtes prévues dans la région plus tard dans le mois de septembre. Ils ont été profondément émus par les conditions de vie des "montagnards", dont la situation a été qualifiée de catastrophique.
Des milliers de Marocains ont répondu de manière extraordinaire aux appels à l'aide des villageois du Haut Atlas qui ont perdu leurs maisons et leurs proches à la suite du tremblement de terre dévastateur du vendredi 8 septembre.
Certains villages sont encore inaccessibles parce que les routes sont bloquées. Les secouristes doivent relever le défi d'atteindre les villages les plus touchés dans le Haut Atlas, une chaîne de montagnes accidentée où les villages sont souvent isolés et où de nombreuses maisons se sont effondrées.
Les Marocains ont montré leur vrai visage en ces temps difficiles. Ils donnent généreusement tout ce qu'ils ont et c'est ce qui distingue cette nation. La générosité et la solidarité des Marocains ont donné une image positive du pays et ont envoyé un message fort au monde entier : la solidarité et Tamaghrabit sont le fort de la nation marocaine.
Les ânes, ces animaux héros
Au milieu de cette catastrophe, une source d'aide improbable est apparue : les ânes des villageois. Connus pour leur agilité et leur résistance, ces animaux ont joué un rôle crucial dans les efforts de survie et de rétablissement des villageois. En l'absence de machines lourdes, retardées par le blocage des routes, les ânes ont été utilisés pour déplacer les décombres, transporter les fournitures de secours vers les zones difficiles d'accès et transporter les gens vers des endroits plus sûrs en plus de la livraison des provisions.
Des images de ces héros à quatre pattes au travail ont fait surface, mettant en lumière leur aide inestimable. Les ânes, chargés de lourdes sacoches, ont été vus en train d'emprunter des pistes à peine visibles au milieu des décombres. Dans certains cas, on les voit également porter des personnes sur leur dos, offrant ainsi une bouée de sauvetage cruciale dans un paysage devenu traître à cause du tremblement de terre.
De nombreux villageois, ayant perdu leur maison à cause du tremblement de terre, ont construit des abris de fortune partout où cela était possible. Un aspect important de leur stratégie de survie consistait à assurer la sécurité et les soins de leurs ânes. Pour ce faire, ils les ont attachés à des piquets et leur ont fourni de la nourriture. Face à l'adversité, ces ânes sont passés du statut de bêtes de somme à celui de membres essentiels de l'équipe de survie de la communauté.
En résumé, les villageois du Haut Atlas marocain ont fait preuve d'une résistance, d’une résilience et d'une capacité d'adaptation remarquables face à une catastrophe naturelle dévastatrice. Leurs ânes, souvent négligés dans des circonstances normales, sont devenus indispensables pendant la crise, assumant des tâches telles que l'enlèvement des décombres, l'approvisionnement et le transport des personnes et même le rôle d’ambulance de fortune. Cet incident rappelle avec force l'importance des ressources locales en cas de catastrophe naturelle et leur contribution souvent méconnue aux efforts de survie et de rétablissement.
Création de fonds spécial
Le ministère de l'économie et des finances a dévoilé dimanche 10 septembre la création du Fonds spécial numéro 126 pour la gestion des effets du tremblement de terre. Le compte bancaire permettra de recevoir des contributions volontaires de solidarité de la part d'organisations privées et publiques et de citoyens.
Il sera principalement dédié aux dépenses liées au programme d'urgence pour réhabiliter et soutenir la reconstruction des maisons détruites dans les zones touchées, à la prise en charge des personnes en situation difficile, en particulier les orphelins et les personnes en situation de vulnérabilité ou encore au soutien immédiat de toutes les personnes sans abri suite au tremblement de terre, y compris le logement, la nourriture et tous les besoins de base.
Le fonds servira également à encourager les opérateurs économiques en vue d’une reprise immédiate des activités dans les régions touchées, à constituer des réserves et des stocks de produits de première nécessité dans chaque région du royaume afin de faire face à toutes les formes de catastrophes et à toutes les autres dépenses liées à la gestion des effets de ce tremblement de terre.
Le mot de la fin
Le gouvernement marocain prévoit d’accélérer les mesures de gestion de la crise et de commencer les efforts de reconstruction. Il s’est également engagé à indemniser les personnes qui ont perdu leur maison. La communauté internationale continue de présenter ses condoléances et d’apporter son aide, plusieurs pays ayant proposé de soutenir le Maroc dans sa réponse humanitaire à la tragédie.
Alors que le tremblement de terre a entraîné d’immenses pertes et dévastations, la résilience de la communauté marocaine et le soutien international qu’elle a reçu témoignent de la capacité de l’esprit humain à perdurer et à se reconstruire face à l’adversité.
Rédigé par Dr Mohamed Chtatou