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Le football, un terrain de fractures géopolitiques




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Dehane Hajar

Le 14 novembre 2024, la rencontre entre la France et Israël au Stade de France se déroulera sous  la vigilance du président Emmanuel Macron, avec 4 000 policiers et gendarmes déployés pour assurer la sécurité. Un tel dispositif pour un simple match de football est symptomatique d’un phénomène plus vaste : la politisation croissante du sport. Ce qui aurait dû être un rassemblement pacifique devient ainsi un terrain d’affrontement géopolitique, où les passions idéologiques prennent le pas sur le jeu.

4 000 policiers pour un match sous haute tension : la sécurité au service de la politique

Le football, ce sport universellement apprécié, a progressivement évolué en un champ de bataille où s’affrontent des symboles bien plus que des équipes. Le précédent incident à Amsterdam, lors du match entre l’Ajax et Maccabi Tel-Aviv, a exacerbé les craintes de violences, confirmant que les stades sont désormais des lieux où se croisent tensions mondiales et conflits locaux. L’État français, pour cette rencontre entre la France et Israël, a été contraint de déployer des forces de l’ordre massives. Mais pourquoi ? Est-ce pour protéger le principe sportif ou pour préserver des enjeux politiques beaucoup plus complexes ?

En interdisant la présence du drapeau palestinien, symbolisant la solidarité envers un peuple opprimé, la France envoie un message plus que contradictoire. Comment justifier que, dans une démocratie qui défend les droits humains, certains symboles soient protégés tandis que d’autres sont réprimés ? Pourquoi cette interdiction systématique, quand d’autres messages politiques, comme le soutien à Israël, sont autorisés sans réserve ?

Cela soulève une question fondamentale : qu’en est-il de la liberté d’expression ? Le sport, en théorie, devrait offrir un lieu de réunion apolitique, un espace où les citoyens peuvent exprimer leurs opinions sans crainte de répression. Mais, à travers cette interdiction de symboles pacifiques, la France semble se diriger vers une logique où le contrôle de la parole prime sur la liberté d’opinion. Ce match, qui aurait dû être un événement joyeux, se transforme ainsi en un instrument pour étouffer la dissidence.

La sécurisation des événements sportifs n’est pas nouvelle, mais ici, elle prend une ampleur qui dépasse largement le simple souci de la sécurité des spectateurs. Pourquoi une telle surprotection ? Est-ce la crainte des supporters violents ou la peur d'un débat dérangeant ? Si l’objectif est de maintenir l’ordre public, il semble que l’ordre instauré ici soit celui du silence. Les voix dissidentes, même pacifiques, sont étouffées, et c’est le principe même de la liberté qui est mis en péril.

Plus encore, ce déploiement massif de forces de sécurité nous pousse à une réflexion plus profonde : jusqu’où peut-on aller dans cette quête de tranquillité ? En limitant l’expression et la contestation, la France ne sacrifie-t-elle pas ses valeurs républicaines de liberté et de justice ? Cette « paix » que l’on cherche à maintenir n’est-elle pas, en réalité, une paix de façade, où l’on préfère le silence des opprimés à la pluralité des voix ?

Le match de football devient alors une métaphore des fractures géopolitiques qui traversent notre monde. Il nous rappelle que, loin de se limiter à un simple affrontement sportif, cet événement est le reflet des divisions internationales et de la politique extérieure française. En se concentrant sur la sécurité et en limitant l’expression de certains symboles, la France semble prêter plus d’attention à la gestion de l’ordre qu’à la défense des principes démocratiques. Ce soir-là, le football pourrait bien être réduit à une simple toile de fond pour des enjeux bien plus profonds, ceux du respect des droits et des libertés.



Mardi 12 Novembre 2024


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