Par Oussama OUASSINI
"Je ne pense pas que quiconque achèterait un actif qu'il devra geler et ne pas l'utiliser", a déclaré le prince Abdulaziz lors d'une conférence en Arabie saoudite ce mardi.
L'Opep a prévu, il y a 2 semaines, qu'au lieu d'atteindre un pic, la demande de pétrole augmenterait d'environ 15 % d'ici 2045 pour atteindre 116-118 millions de barils par jour.
Pour info, la capacité actuelle de production est de seulement 100 millions de barils par jour.
Faite votre calcul. Pour ma part, je sais déjà qui seront les victimes.
L’économie c’est facile : d’un côté, vous faites rentrer de l’énergie dans le processus de production et de l’autre, vous sortez des biens et des services.
Pour l’intérêt de tout les pays, il serait préférable que l’offre d’énergie soit programmée en fonction des besoins futur de l’économie (Mathématiquement faciles à calculer) afin d'éviter les fortes fluctuations qui mènent à des récessions, des dépressions, de l'inflation et surtout à des hausses de prix insoutenables.
Malheureusement, cher(e)s consommateurs cela est SUPPLY-CHAINEMENT impossible pour une raison toute simple: les délais pour augmenter la quantité de production de l'énergie et le moment ou cette énergie devient disponible, il faut plus de 10 ans. Et investir pour augmenter les capacités de production pendant que l’énergie est abondante et pas chère est quasiment impossible. Car on demande de commencer à investir à un moment où la surproduction est en train de sévir. Et heureusement pour les autres, faute d’investissement, il y a 10 ans, les surplus se transforment en pénuries, et nous avons le prix de l’énergie qui s’envole.
Un autre problème cyclique s'impose aussi et il est MATHÉMATIQUE:
- Le cycle normal d'une économie (le coût de l’argent et la rentabilité du capital) est d’environ 4 à 7 ans.
- Le cycle énergétique a une durée de 30 ans. Les 20 premières années, l’énergie est trop abondante donc prospérité générale et les 10 dernières années tout le monde se sert la ceinture pendant que les producteurs d’énergie nagent dans l’or.
Malheureusement pour les consommateurs et heureusement pour les investisseurs de l'énergie, nos décideurs ne percutent pas que le prix de l’énergie suit un raisonnement de coût marginal (l’offre marginale et la demande marginale). L'offre est complétement inélastique à court terme aux variations de prix (délai de production). Donc la seule variable d’ajustement est donc le prix. C'est MATHÉMATIQUE.
L'Opep accuse l'AIE de s'être politisée et ont affirmé qu'elle avait attisé la volatilité sur les marchés pétroliers. Malgré le martèlement, depuis des dizaines d'années, des militants écologistes et des investisseurs incertains, de la volatilité du marché du pétrole par son incertitude à long terme, il est tentant de croire que le pétrole a retrouvé son aplomb.
D'après les Greta Thunberg, les dépenses frénétiques de Chevron et d'Exxon n'annoncent pas une prolongation de l'ère pétrolière, mais reflètent plutôt l'incertitude énergétique. Comme pour le secteur des constructeurs automobile, construire de l’échelle, ce méga-accord peut constituer une posture défensive pour les majors pétrolières afin de faire face à un avenir incertain. Je me permets de certifier que les plus grands producteurs ne seront pas nécessairement touchés par une baisse de la demande s'ils peuvent pomper les barils nécessaires plus efficacement que leurs concurrents. Mais l’incertitude engendre la peur.
Pour ma part, l’AIE a été activée et pour argument, Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE depuis 1995, qui avant a travaillé pendant 6 ans à l'Opep, a affirmé en 2021 qu'aucun nouveau développement pétrolier et gazier n'était nécessaire si le monde voulait limiter le réchauffement climatique à 1,5°C dans le cadre de l'accord de Paris.
L’AIE a publié cette semaine ses 3 scénarios annuels sur l’évolution de la demande de pétrole. En reflétant son énorme incertitude quant à l’évolution possible des marchés de l’énergie dans 30 ans, le rapport devrait néanmoins faire réfléchir les investisseurs.
Dans le scénario 1:
L’agence affirme que si les gouvernements s’en tiennent à leurs politiques actuelles, la demande de pétrole culminera encore cette décennie, grâce à l’essor rapide des véhicules électriques en Chine, des panneaux solaires et des éoliens (activité pétrochimie). Mais la consommation ne diminuera pas de manière significative, mais stagnera largement au cours des 30 prochaines années.
Dans le scénario 2:
Les gouvernements donnent suite aux engagements environnementaux déjà pris, mais pas encore pleinement mis en œuvre en tant que politique, la situation change radicalement. La demande de pétrole diminuera de près de moitié d’ici 2050, pour atteindre seulement 55 millions de barils par jour.
Dans le scénario 3:
Le plus ambitieux de l’AIE, si les gouvernements prennent au sérieux l’objectif de 1,5°C, la demande de pétrole s’effondrera pratiquement au cours des 25 prochaines années, tombant à environ 1/4 de son niveau actuel.
Parmi ces larges fourchettes et l’incertitude des scénarios de l’AIE, on peut avoir un aperçu de l’évolution probable du secteur pétrolier.
Pour rappel, le monde, depuis 2009 et pour des raisons liées à la lutte contre le réchauffement climatique a investi entre 4.000 et 7.000 milliards $ dans les énergies vertes. Ces investissements ont déjà perdu au moins 25 % de leurs valeurs et n’ont rien changés à l’équation globale entre l’offre et la demande énergie. Il y a 30 ans, nos besoins énergétiques étaient couverts à 80 % par les énergies fossiles. 30 ans plus tard, après avoir dépensé de dizaines de milliers de milliards $, nous en sommes toujours à 80 %. Si ces sommes auraient été investies dans le nucléaire, nous n’aurions aucun problème.
Ces investissements, dans cette soit disant énergie renouvelable, ne créent pas de nouvelle richesse. Ils consomment et détruisent du capital donc nous appauvrissent.
Cherchez l’erreur…
Pour ma part, nous sommes plus vulnérables que jamais à une pénurie d’énergie fossile.
Et comme depuis 2009, les sociétés pétrolières ont fait chuter leurs investissements annuels dans la recherche de nouveaux gisements d’énergie fossile de 700 milliards à 300 milliards $. Cette pénurie énergétique à venir est une quasi-certitude, car la seule façon d’équilibrer l’offre et la demande d’énergie sera une énorme récession chez ceux qui ne pourront pas payer les nouveaux prix.
Conclusion
Nous sommes gouvernés par des amateurs qui ont du mal à penser sur un futur de 30 à 50 ans.
Or, dans le domaine énergétique, il faut penser au minimum à 30 ans.
L'homme qui murmure aux oreilles des Hommes d'État dit-il !