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Le Parti de l’Istiqlal : Une maîtrise de l’art politique et du réformisme responsable

Par Adnane Benchakroun


Dans un paysage politique en constante évolution, les déclarations des leaders de partis suscitent souvent des débats vifs et passionnés, reflétant les enjeux et tensions qui traversent la scène nationale. Les récentes prises de position du Secrétaire Général du Parti de l’Istiqlal et ministre au sein de l’actuel gouvernement n’ont pas échappé à cette dynamique, provoquant une vague de réactions contrastées, tant dans les milieux politiques que médiatiques.

Face à cette effervescence, il est essentiel d’analyser avec recul et objectivité le rôle de l’Istiqlal dans la vie politique marocaine. Ce parti historique, ancré dans l’histoire du pays, a toujours su naviguer entre engagement gouvernemental et posture critique, entre fidélité à ses principes et capacité d’adaptation aux réalités contemporaines. Cette tribune se veut ainsi une contribution à ce débat, en mettant en lumière la singularité de l’Istiqlal : un parti réformateur, fidèle à son héritage, et en perpétuelle évolution, loin des postures dogmatiques et des surenchères opportunistes.



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“L’art de gouverner et de s’opposer” sans contradiction.

Il est des partis qui naissent dans l’urgence d’un moment, portés par une vague électorale éphémère, et d’autres qui s’inscrivent dans le temps long, façonnés par l’histoire et les épreuves. Le Parti de l’Istiqlal appartient indéniablement à cette seconde catégorie. Plus qu’une simple formation politique, il est une institution qui a marqué, et continue de marquer, la vie politique marocaine. Son expérience du pouvoir, sa capacité d’adaptation et son sens du compromis en font un acteur central du jeu politique, toujours en mouvement, mais jamais sans boussole.

L’Istiqlal est sans conteste l’un des rares partis politiques marocains à avoir fait preuve d’une capacité d’adaptation impressionnante dans la gestion des affaires publiques. Dès les premières heures de l’indépendance, il a contribué à structurer l’État naissant, posant les bases de l’administration et de l’économie nationale. Depuis, il a su gouverner, souvent dans des alliances choisies avec discernement, sans jamais perdre de vue son identité et ses valeurs.

Cette longévité politique ne relève pas du hasard. L’Istiqlal s’appuie sur une véritable méthode politique, fondée sur l’Autocritique, un principe théorisé par son Zaim, Allal El Fassi publié en 1952. Contrairement à d’autres formations qui rejettent systématiquement la faute sur leurs adversaires ou sur le contexte, l’Istiqlal a toujours su s’interroger sur ses propres choix, ajuster ses stratégies et rectifier son action en fonction des réalités du terrain. C’est cette capacité d’introspection qui lui permet de durer et de rester pertinent face aux évolutions du pays.

Souvent qualifié de conservateur par certains observateurs, le Parti de l’Istiqlal préfère se définir comme un "conservateur en mouvement", ancré dans les valeurs fondamentales de la nation tout en restant en phase avec l'évolution de la société marocaine. Son approche n’est ni figée ni passéiste : elle repose sur une capacité d’adaptation qui lui permet d’accompagner les mutations sociales, économiques et culturelles du pays sans renier son héritage. Cette souplesse idéologique, loin d’être une contradiction, est la clé de sa longévité et de sa pertinence sur l’échiquier politique marocain.

Loin des idéologies extrémistes ou des aventures politiques hasardeuses, le Parti de l’Istiqlal s’est toujours inscrit dans une approche réformiste dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle . Il n’a jamais été un parti révolutionnaire prônant des ruptures brutales, mais un parti de transformation progressive, privilégiant l’évolution à la confrontation. Son engagement constant en faveur de la stabilité et des réformes pragmatiques en fait un acteur politique fiable, capable de négocier des avancées sans remettre en question l’ordre établi.

Cette posture lui permet de jouer un rôle essentiel dans la construction institutionnelle du pays. Que ce soit dans le domaine économique, social ou politique, l’Istiqlal a toujours défendu des changements mesurés, adaptés aux réalités du Maroc, sans céder aux mirages des solutions radicales. Son pragmatisme l’a amené à défendre une modernisation de l’État, à encourager le développement du secteur privé tout en soutenant les services publics, et à promouvoir un dialogue entre les forces politiques plutôt que la division.

Le positionnement idéologique du Parti de l’Istiqlal est centriste et nuancé, s’adaptant aux exigences du moment tout en restant fidèle à ses valeurs. Au gouvernement, il incarne un centre-droit pragmatique, soutenant les réformes économiques, la promotion de l’investissement et le développement du secteur privé. Il comprend l’importance des entreprises pour la croissance nationale et milite pour un environnement propice aux PME, véritables moteurs de l’économie marocaine.

Dans l’opposition, il adopte un centre-gauche responsable, mettant l’accent sur la justice sociale, la protection du pouvoir d’achat et la défense des services publics. Dans ces périodes, il se fait le porte-voix des classes moyennes, veillant à ce que les politiques publiques ne creusent pas davantage les inégalités. Ce basculement entre centre-droit et centre-gauche, loin d’être une contradiction, est en réalité une adaptation intelligente aux responsabilités du moment : proposer et agir quand il est au gouvernement, alerter et rectifier quand il est dans l’opposition.

L’une des grandes forces du Parti de l’Istiqlal réside dans sa capacité à respecter les engagements qu’il prend en intégrant une coalition gouvernementale. Là où certains partis peinent à concilier la discipline gouvernementale et l’affirmation de leurs idées, l’Istiqlal assume pleinement son rôle. Il ne se contente pas de participer, il imprime sa marque et défend ses positions avec rigueur.

Cette solidarité gouvernementale ne signifie pas pour autant soumission aveugle. L’Istiqlal ne craint pas d’être une force de proposition au sein d’un gouvernement, ni d’exprimer ses réserves, fidèle à sa philosophie de l’Autocritique,  lorsque cela s’impose. Il sait que l’exercice du pouvoir ne doit pas être un renoncement à ses valeurs mais une opportunité d’influencer les choix stratégiques du pays. C’est ainsi qu’il a su participer à imposer des réformes majeures et peser sur les grandes orientations économiques et sociales du Maroc.

Dans l’opposition, l’Istiqlal n’adopte jamais une posture de blocage systématique. Il critique avec lucidité, propose avec pragmatisme et se positionne en garant d’un débat démocratique de qualité. Son approche n’est ni celle d’un parti contestataire déconnecté des réalités, ni celle d’un parti résigné. Il reste un acteur de premier plan, prêt à prendre ses responsabilités lorsque le pays en a besoin.

L’histoire politique marocaine est jalonnée de crises, de mutations et de transformations profondes comme dans tous les pays du monde. Dans ce paysage en perpétuelle recomposition, l’Istiqlal demeure un acteur incontournable, un repère pour ceux qui cherchent une politique ancrée dans l’histoire mais tournée vers l’avenir.

En un temps où l’opportunisme et l’amnésie politique sont devenus monnaie courante, il est rassurant de voir un parti capable de conjuguer héritage et modernité, fidélité et évolution, pouvoir et résistance. Le Parti de l’Istiqlal n’est pas seulement un témoin de l’histoire marocaine, il en est un artisan majeur, et nul doute qu’il continuera à jouer ce rôle dans les décennies à venir.

Par Adnane Benchakroun




Samedi 22 Février 2025

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