Par Aziz Boucetta
Un haut responsable américain, aujourd’hui en fonction dans l’équipe Biden, avait dit voici quelques années sur le Maroc : « Vous êtes capable des meilleures choses mais, tous seuls, sans que rien ni personne ne vous y contraint, vous avez cette curieuse propension à tout casser ! ». Remarque ô combien pertinente, ô combien d’actualité, avec cette question de vaccins et de faux certificats ! Et surtout d’impunité...
Ainsi, avec près de 50% de la population cible totalement vaccinée, le royaume se voit pourtant placer par un nombre croissant de pays sur leurs listes rouges. Comment justifier, comment comprendre cela ? Depuis le début de la pandémie, aux premières semaines de 2020, le Maroc a toujours eu une longueur d’avance : sur les mesures de restriction (confinement, couvre-feu…), sur les indemnisations prises en charge par l’Etat, sur la participation aux phases III du vaccin, sur le lancement de la campagne de vaccination (et les miracles réalisés par les Marocains pour se procurer les doses) et son succès, etc…
Mais…
Revenons au propos du responsable américain : Capables des meilleures choses et capables aussi de tout détruire. Aujourd’hui, deux problèmes très préoccupants sont apparus : l’ouverture des centres de vaccination à tous, avec la prévisible cohue que cela induit, et la falsification des tests de dépistage ou des certificats de vaccination.
On ne le dira jamais assez mais les encombrements dans les centres de vaccination, avec le très discutable sens civique que nous nous connaissons, ont très certainement contribué à une plus grande propagation du virus. Dans la région de Casablanca, et plus précisément dans certains centres de la banlieue de la ville, on vaccine à tour de bras, sans questions préalables posées, sans respect de la distanciation, sans humanité, sans rien. On comprend que les personnels soient à bout de nerfs et épuisés, mais quand même…
Par ailleurs, la France a placé le Maroc sur liste rouge et le Canada a suspendu les vols en provenance du royaume et, plus encore, dans certains quartiers et commerces de Montréal, on pose la question qui « tue » : « Avez-vous été récemment en contact avec quelqu’un qui revient du Maroc ? ». Pourquoi cette suspicion ? Parce que selon une étude de Sciensano, un centre de recherche de santé publique en Belgique, 11,7% des passagers en provenance du Maroc ont été testés positifs ! Et pourtant, ces passagers disposaient tous d’un test PCR négatif…
Entre tests de dépistage faux, donc falsifiés, certificats de vaccinations faux, donc falsifiés et faux tests PCR, donc falsifiés, c’est toute cette belle assurance que nous avons accumulée qui vole en éclats ! Même le ministère de la Santé a été obligé de recadrer les médecins et autres laboratoires qui font (de l’argent) dans le dépistage.
Comme pour tant de choses, les Marocains sont très bons, mais comme dans tant de domaines, ils ne sont jamais endurants. Cela commence bien, et cela finit en dérapage. Pour la pandémie, le gouvernement a agi par anticipation, ayant toujours une longueur d’avance sur les événements, mais pour l’exécution de ses directives et la coercition, il a toujours un train de retard, et c’est bien notre drame national.
Etablir un faux test de dépistage ou délivrer un faux certificat de vaccination peut conduire des gens à la mort, et peut-être plusieurs. Il faut l’admettre et sévir. Et rien ne marchera jamais dans ce pays si la justice ne fait pas son travail, correctement et efficacement. Des milliers de gens sont en prison alors qu’ils sont innocents (de l’aveu même des autorités publiques, si l’on compte des détenus en préventive bénéficiant au final d’un non-lieu) et tant de gens, potentiellement responsables de la mort d’autrui, continuent de s’enrichir en toute inconscience et surtout en toute impunité.
Et au vu des candidats et de la manière dont se déroule cette campagne électorale, on peut raisonnablement nourrir des craintes sur notre avenir…
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com