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La pensée magique de Boualem Sansal, le traitre absolu - héro absolu.

Par Pr Aziza Benkirane


Débat - Podcast ci-dessous : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article à travers ces questions :
Comment Sansal’s œuvre reflète-t-elle le contexte politique algérien ?
Quelles sont les conséquences de la liberté d'expression en Algérie ?
Quel est l'impact international du cas Boualem Sansal ?



Boualem Sansal : « Je fais de la littérature, pas la guerre »

Musulman, algérien de père originaire du Rif marocain, à l’histoire entremêlée avec les juifs, les chrétiens, et la décennie noire, qui visite Israël - dont le nom est banni dans son pays - avec un visa sur papier volant, et vit à Boumerdes, dans une Algérie mythique, échappée à la destruction du Front de Fermeté[1] .

Il veut que les choses soient nommées collectivement avec un langage écrit, car la parole s’envole (sauf en Algérie). Pont entre les cultures. C’est dangereux de nommer les choses, et ça se paye nous dira-t-il. A sa rencontre avec les amis du CRIF, il citera les paroles de son ami Tahar Jaoud : « Si tu parles, tu meurs, si tu ne parles pas, tu meurs, alors parles et meurs ».

Et il va parler dans une écriture riche, percutante, et provocatrice, à travers :
 
  • Le serment des Barbares, prix du premier roman en 1999. Chronique policière amère de la décennie noire, qui dénonce la corruption, la violence et le chaos qui gangrène la société algérienne, l’ambiguïté et la complexité des événements.
  • L’enfant fou de l’arbre creux, en 2000 : dialogue flamboyant et satyrique entre deux condamnés à mort dans une prison algérienne.
  • Dis-moi le paradis, en 2003 : dans un bar de Bab-El-Oued, de l’Algérie post coloniale, on refait le monde, et surtout l’Algérie. Ton très critique envers le pouvoir en Algérie, se moquant de Boumediene, (plus tard ce sera Bouteflika) attaquant violemment les Islamistes, et critiquant l’arabisation à outrance de l’enseignement. Il est alors renvoyé de son poste au Ministère de l’industrie.
  • Harraga, en 2005 : une pédiatre cultivée, et une jeune écervelée enceinte qu’elle a recueillie se lancent dans l’émigration clandestine.
  •  Poste restante. Alger : pamphlet, lettre ouverte brève et cinglante à ses compatriotes. Censurée en Algérie. Elle veut mettre en lumière que ce qui se passe en Algérie, a ses retentissements en France.
  • Petit éloge de la mémoire : l’auteur cherche son identité berbère avec nostalgie, en Egypte, la mère du monde, durant 4001 années, au temps des pharaons.
  • Le village de l’Allemand, en 2006 : fait le parallèle entre islamisme et nazisme, c’est l’histoire du SS Hans Schiller, qui fuit en Egypte après la défaite allemande, puis va aider l’Armée de Libération Nationale Algérienne dans sa guerre d’indépendance.
  • En 2011, Rue Darwin, où il a vécu à 2 pas de la demeure d’Albert Camus.
En 2008, il va au salon du livre à Paris, boycotté par les Arabes parce qu’Israël en est l’invité d’honneur, et s’en explique ainsi « Je fais de la littérature, pas la guerre », « La littérature n'est pas juive, arabe ou américaine, elle raconte des histoires qui s'adressent à tout le monde ».


En 2012, il raconte avec humour sa participation au Festival International des écrivains à Jérusalem.  Du 6 au 8 octobre 2012, Boualem Sansal et l'écrivain israélien David Grossman lancent à Strasbourg, « L’appel de Strasbourg pour la paix » dans le cadre du 1er Forum mondial de la démocratie, organisé par le Conseil de l’Europe. Près de 200 écrivains venant de cinq continents les rejoignent.
  • Et puis il écrit « 2084 : la fin du monde », en clin d’œil à George Orwell, roman futuriste qu’il commence ainsi :
« La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité ».


Le 16 novembre dernier, il est kidnappé à sa sortie de l’aéroport d’Alger, puis emprisonné par les Services Secrets. Il y a de quoi être « préoccupé » par son sort, pour ses écrit et ses amitiés. Il sera probablement jugé aujourd’hui pour sionisme, atteinte à l’intégrité du pays et à la sécurité de l’état. Et la main du Makhzen .
 
[1] Le front de fermeté avec la Palestine victime ou bourreau : Syrie, Irak, Yémen, Libye, Algérie.


Par Pr Aziza Benkirane

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Comment Sansal’s œuvre reflète-t-elle le contexte politique algérien ?
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sansal__s_disappearance_and_the_algerian_regime.wav Podcast à écouter ici  (23.79 Mo)




Dimanche 24 Novembre 2024


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