Par El Montacir Bensaid
Il y avait un paysan qui avait une bonne mule, robuste et obéissante, corvéable à merci et dont il profitait au maximum.
Non content de l'exploiter, il commença à réduire sa dose de fourrage quotidienne.
La quantité de nourriture diminuait de jour en jour, mais la mule était toujours mise à contribution avec les mêmes travaux et la même pénibilité.
Le paysan, radin et peu empathique, tenta — pensa-t-il avec succès — de laisser la mule sans foin pendant quelques jours, et elle continua à aller aux champs.
Hélas, un beau matin, affamée, éreintée, hagarde, n'en pouvant plus, la mule s'écroula et ne se releva plus.
Le paysan cria sa peine en clamant :
— Quel dommage ! Elle est morte au moment où elle commençait à s'habituer à la faim !
Morale de l'histoire :
Nous sommes tellement imposés, taxés, harcelés que beaucoup d'entre nous mettent la clé sous la porte après avoir fait faillite, perdant tout et licenciant tout le monde.
Ainsi, comme le paysan, le percepteur doit se dire :
— Dommage ! Ils ferment boutique au moment où ils commençaient à s'habituer aux nouvelles pressions fiscales.
Je ne sais qui est le plus à plaindre : la mule ou le contribuable.
El Montacir Bensaid