Par El Montacir Bensaid
« Si je donne 20 euros à une personne, elle aura 20 euros de plus et moi, j'aurai 20 euros de moins, alors que si je lui donne de la connaissance, notre savoir s'additionne. »
Ce que nous transmettons aux autres n'est important que par la manière dont c'est transmis et, surtout, adapté à la compréhension de chaque individu.
Les jeunes, aujourd'hui, vont dire : « Pas besoin de vieux croûtons pour nous informer, il y a tout sur le Net, il suffit de googler ! »
Pas faux, mais ceux qui googlent ont-ils la même intelligence et le même degré de compréhension des informations qu'ils collectent ?
L'IA, le ChatGPT, toutes ces différentes sources d'information par le Net, même si elles étaient fiables à 100 % — ce qui n'est pas le cas — sont-elles douées de compassion, d'empathie, de sensibilité ?
Absolument pas.
Dans mon exercice d'enseignant, je m'adapte à chaque étudiant pour, en fin de compte, lui transmettre la même connaissance qu'aux autres.
Il faut le jauger, évaluer sa maîtrise de la langue, sa rapidité à comprendre, son état d'âme au moment de cette transmission.
Un étudiant qui a été malade, traumatisé ou qui a connu un deuil dans sa famille n'est pas nécessairement apte à googler et digérer l'information.
Mon propos ici est de mettre en lumière l'importance du facteur humain.
Il ne faut pas oublier que l'IA ne fait que restituer, à ceux qui y font appel, à une vitesse grand V, ce que l'Homme a mis plusieurs siècles à accumuler grâce à des travaux, des découvertes, des prospections, disponibles dans les bibliothèques, les médias, les recherches, les ouvrages...
Le nivellement de l'enseignement par une approche exclusivement et purement technologique, qui distille la connaissance via les moteurs de recherche sur le Net, ne peut que créer encore plus de déséquilibres chez les personnes en formation.
Les répercussions sur la génération-cobaye de cette révolution numérique, de cet asservissement à la robotique, ne sont pas encore quantifiables.
Pour le moment, nous sommes dans l'euphorie des lendemains heureux.
El Montacir Bensaid