Poème de Dr Anwar CHERKAOUI
On riait, on jouait, le soleil comme complice constant.
Deux gamins et des billes roulant dans l’insouciance,
Jusqu’à ce jour où l’hôpital brisa notre danse.
Une opération des amygdales, une absence éternelle,
Depuis, chaque bille qui roule charrie son écho fidèle.
Jaafar, murmure dans les couloirs du collège,
Son sourire masquait une vie sur le fil du siège.
Un matin, son siège vide, un silence pesant,
Le poison des souris emporta son dernier chant.
Adieu étrange sous un linceul blanc,
Son front glacé, marbre des rêves brisés trop tôt, trop grand.
Ssi Mohamed, étoile unique dans l’univers de Khalti Z.
Son prénom portait l’espoir, mais le cancer l’a tué.
À cette époque, on souffrait en silence,
Et les enfants disparaissaient dans une tragique évidence.
Son départ a creusé un vide impossible à combler,
Un morceau d’innocence que rien ne peut ramener.
Hammadi, cousin, frère, figure de repère,
Dans un arbre brisé par l’histoire et ses colères.
Les oncles tombés sous l’ombre des trahisons,
Lui, le géant au cœur doux, nageait contre les horizons.
Maître des vagues, il m’a appris à flotter,
Comme pour me préparer au tumulte de ma destinée.
Mais la mer ne l’a pas sauvé, le cancer l’a emporté,
Un non-fumeur, un sportif que la vie a pourtant fauché.
Et puis, il y a Salah, ce prénom sacré,
Je ne l’ai jamais murmuré, pour moi, il était bien plus qu’un nom donné.
Il était « Père », pilier, virtuose du kanoun,
Héros de ma vie, mélodie des nuits de pleine lune.
Un lundi de novembre, à l’automne de ses jours,
Il s’est éteint, laissant une musique d’amour.
Sidi Salah, maître du temps, maître des âmes,
Ton nom résonne en moi comme une prière dans le calme.
Ces prénoms, ces âmes, ces fragments d’histoires,
Portés par le vent, mais gravés dans ma mémoire.
Dafir, Jaafar, Mohamed, Hammadi, Salah,
Chacun un chapitre, une larme, une flamme.
Ils ne sont jamais partis, tant que mes mots les chantent,
Ils vivent en moi, éternels, dans cette transe poignante.
Ce poème est un hommage poignant à des prénoms, symboles d’êtres chers dont les vies, bien que brèves, ont laissé une empreinte indélébile.
Enfin, Salah, père et pilier, dont le kanoun chantait les mélodies de l’amour, s’éteint en laissant un vide immense. Chaque prénom, chaque histoire est un chapitre de douleur et d’amour, un témoignage vibrant de la fragilité et de la profondeur des liens humains. Ces âmes vivent encore, immortalisées par la mémoire et les mots de l’auteur.