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Taoufiq Boudchiche, économiste et essayiste et Vice-Président de l’association Diplomatie Sud-Nord
L’accélération s’est produite lors des trois dernières décennies du fait de la convergence entre la puissance de calcul des nouvelles machines, celle de la profusion des données disponibles (big data) et du niveau d’investissement atteint dans la recherche§développement. Une convergence qui a permis, notamment, de réunir technologiquement « la voix, l’image et le son » comme cela est illustré dans l’exemple simple de nos « smartphones ».
Cette convergence technologique laisse supposer, dans la littérature consacrée à ce sujet, la substitution et le prolongement de tous nos actes du quotidien par les découvertes technologiques qui s’appuieront sur le développement de l’IA. Il est évoqué à ce propos, les notions « d’homme augmenté », de « transhumanisme »… comme pouvant constituer les orientations futures permises par l’intelligence artificielle. Certains n’y voient pas de limites d’où la question de l’éthique et des biais technologiques susceptibles de poser des problématiques à la fois sociétales (protection de la vie privée), politiques (souveraineté technologique, intrusion et manipulation des votes) et culturelles (complotisme). La question de la cybersécurité et de l’encadrement juridique est vitale pour atteindre une intelligence artificielle de confiance. L’Union Européenne a pris à bras le corps cette question. Plusieurs lois, règlements et textes fondamentaux ont été énoncés récemment pour accompagner le développement de l’intelligence artificielle.
Une géopolitique de l’intelligence artificielle se dessine en outre. Pour des pays comme le Maroc, l’intelligence artificielle, est source de saut technologique (leap frog) comme cela a été rappelé lors de la rencontre. Le représentant de l’Unesco a mis en exergue, en effet, l’importance pour les pays africains d’investir et de s’approprier l’intelligence artificielle comme source de progrès et de développement. L’IA est en mesure d’offrir, notamment, pour les populations les plus démunies, des opportunités individuelles et collectives d’éducation à distance, d’accès à l’information et à la connaissance, par exemple dans l’agriculture, le transport, la santé et le combat contre les effets négatifs du changement climatique. Du point de vue institutionnel, les applications de l’IA peuvent être facilement disponibles si elles sont développées de manière locale pour lutter contre les inégalités et les vulnérabilités.
Par exemple, en matière de formation, de jeunes étudiants marocains en majorité étudiantes, ont présenté des applications développées dans le cadre de leurs travaux de recherche au Maroc. Parmi celles-ci, une application destinée aux femmes enceintes pour prévenir la mortalité infantile.
Il y a donc lieu d’encourager, selon ces mêmes experts, la formation, la recherche et le développement dans ces domaines d’avenir au sein du continent africain. Un hommage particulier a été rendu au Professeur et Chercheur Amal Fellah Serghouchni, éminente experte dans cette discipline. Elle est enseignante-chercheure au Maroc et en France. Elle milite dans le cadre de réseaux d’experts internationaux pour introduire l’IA dans les universités africaines. Elle a notamment supervisé la création d’un centre d’intelligence artificielle à l’Université Polytechnique Mohammed VI qui a été inauguré le 9 novembre à l’occasion de cette rencontre.