Le Maroc face à 1.300 milliards de DH
À l’horizon 2030, le Maroc pourrait voir son paysage économique transformé par une vague d’investissements estimée à 1.300 milliards de dirhams. Ce chiffre, dévoilé par un rapport de recherche réalisé par Attijari Global Research (AGR) en partenariat avec l’Africa Development Club, scintille comme un phare dans la nuit des incertitudes économiques mondiales. Mais, sous l’éclat de ces promesses, se cache une question cruciale : le Maroc est-il prêt à absorber et à maximiser ces flux d’investissements sans précédent ?
Le rapport met en lumière les secteurs stratégiques appelés à bénéficier de cette manne : l’industrie, les infrastructures, les énergies renouvelables et le numérique. Des domaines qui, bien que porteurs d’espoir, sont également synonymes de défis structurels. Le Maroc, souvent qualifié de "hub africain", doit désormais prouver qu’il peut transformer cette position géographique en véritable levier économique.
Cependant, attirer des investissements ne saurait suffire. Encore faut-il disposer d’un écosystème capable de les accueillir, de les optimiser et, surtout, de les pérenniser. À l’instar des nations qui ont su convertir l’investissement étranger en moteur de croissance durable, le Maroc devra s’attaquer à plusieurs fronts : la simplification administrative, la formation d’une main-d'œuvre qualifiée et l’amélioration de la gouvernance.
Si les grandes métropoles comme Casablanca et Tanger semblent prêtes à absorber ces flux, qu’en est-il des régions marginalisées ? Ce décalage, souvent dénoncé, pourrait s’accentuer si les investissements ne sont pas répartis de manière équitable. Les régions rurales, qui peinent encore à attirer des projets structurants, risquent de demeurer les grandes oubliées de cette révolution annoncée.
L’économie marocaine ne pourra prospérer que si elle parvient à réduire les fractures territoriales. Cela suppose une vision stratégique où chaque dirham investi contribue à bâtir une économie inclusive, capable de répondre aux aspirations de tous les citoyens.
Un autre écueil guette ce grand projet : la tentation du court terme. Trop souvent, les investissements sont orientés vers des projets spectaculaires mais peu durables, destinés à impressionner plutôt qu’à construire. Le Maroc doit résister à cette tentation et privilégier les projets à forte valeur ajoutée, capables de générer des emplois stables, de renforcer les exportations et de réduire la dépendance économique.
Les énergies renouvelables, par exemple, représentent une opportunité unique pour le Royaume. Avec des projets tels que Noor Ouarzazate, le Maroc a démontré son ambition de devenir un leader mondial dans ce domaine. Mais cette ambition doit s’accompagner d’une stratégie claire pour maximiser les retombées locales, notamment en termes de transfert de technologies et de création d’emplois.
L’objectif de 1.300 milliards de dirhams d’investissements d’ici 2030 est ambitieux, mais il n’est pas hors de portée. Pour y parvenir, le Maroc devra faire preuve d’audace et de vision à long terme. Cela implique non seulement de séduire les investisseurs étrangers, mais aussi de mobiliser les ressources locales, qu’il s’agisse de capitaux privés ou de talents humains.
En définitive, cette décennie à venir pourrait être celle de la consécration pour l’économie marocaine, à condition que le Royaume sache relever les défis qui se dressent sur son chemin. Car, comme le disait Voltaire, "le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin." À travers ces investissements, le Maroc a l’opportunité de s’éloigner de ces maux et de bâtir un avenir plus prospère et équitable.