Dans un contexte mondial incertain, marqué par des tensions géopolitiques et une réorganisation des chaînes de valeur, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) peine à trouver un second souffle. Malgré des richesses naturelles abondantes, un capital humain en croissance et un potentiel entrepreneurial réel, le secteur privé reste le maillon faible de l’économie régionale. Un paradoxe persistant qui sape les chances d’une reprise durable.
Le dernier rapport de la Banque mondiale, publié en avril 2025, dresse un constat sans appel : la croissance dans la région MENA est lente (1,9 % en 2024), fragile, inégalement répartie et largement dépendante de l’État. Le secteur privé, censé être le moteur de la croissance inclusive, souffre d’un sous-développement chronique. Productivité en berne, investissement insuffisant, innovation rarissime, marché du travail peu inclusif : les failles sont profondes.
Les données issues des enquêtes auprès des entreprises révèlent une chute moyenne de 8 % des ventes par travailleur, nettement inférieure aux moyennes des pays à revenu comparable. À cela s’ajoute une participation des femmes à la vie économique parmi les plus faibles au monde (18 %, contre 49 % en moyenne globale), une dualité formel/informel paralysante, et un environnement des affaires souvent perçu comme hostile (corruption, lourdeur administrative, absence de neutralité concurrentielle).
La Banque mondiale souligne que cette stagnation du secteur privé tient aussi à une présence étouffante de l’État dans l’économie. Entre les entreprises publiques dominantes, les régulations désuètes, les subventions mal ciblées et les pratiques clientélistes, le tissu entrepreneurial local peine à respirer. La croissance n’est pas tirée par le dynamisme privé, mais par des investissements publics peu productifs à long terme.
La région est également peu résiliente aux chocs. Conflits armés, instabilité politique, catastrophes naturelles ou chocs pétroliers : autant de facteurs qui mettent à genoux un secteur déjà affaibli. Dans plusieurs pays, les entreprises formelles ne représentent qu’une infime minorité, et les mécanismes d’absorption des risques sont quasi inexistants.
Le dernier rapport de la Banque mondiale, publié en avril 2025, dresse un constat sans appel : la croissance dans la région MENA est lente (1,9 % en 2024), fragile, inégalement répartie et largement dépendante de l’État. Le secteur privé, censé être le moteur de la croissance inclusive, souffre d’un sous-développement chronique. Productivité en berne, investissement insuffisant, innovation rarissime, marché du travail peu inclusif : les failles sont profondes.
Les données issues des enquêtes auprès des entreprises révèlent une chute moyenne de 8 % des ventes par travailleur, nettement inférieure aux moyennes des pays à revenu comparable. À cela s’ajoute une participation des femmes à la vie économique parmi les plus faibles au monde (18 %, contre 49 % en moyenne globale), une dualité formel/informel paralysante, et un environnement des affaires souvent perçu comme hostile (corruption, lourdeur administrative, absence de neutralité concurrentielle).
La Banque mondiale souligne que cette stagnation du secteur privé tient aussi à une présence étouffante de l’État dans l’économie. Entre les entreprises publiques dominantes, les régulations désuètes, les subventions mal ciblées et les pratiques clientélistes, le tissu entrepreneurial local peine à respirer. La croissance n’est pas tirée par le dynamisme privé, mais par des investissements publics peu productifs à long terme.
La région est également peu résiliente aux chocs. Conflits armés, instabilité politique, catastrophes naturelles ou chocs pétroliers : autant de facteurs qui mettent à genoux un secteur déjà affaibli. Dans plusieurs pays, les entreprises formelles ne représentent qu’une infime minorité, et les mécanismes d’absorption des risques sont quasi inexistants.
Pour inverser cette trajectoire, le rapport préconise une refonte en profondeur du rôle de l’État :
- moins d’intervention directe,
- plus de concurrence équitable,
- un cadre réglementaire plus clair,
- et des politiques industrielles fondées sur des données.
Enfin, les auteurs insistent sur la nécessité d’un accès élargi aux données microéconomiques fiables, condition sine qua non pour comprendre les dynamiques réelles des entreprises et formuler des politiques efficaces.
Et si la Banque mondiale, malgré la justesse de son diagnostic, faisait fausse route dans les solutions proposées ?
À trop insister sur les faiblesses du secteur privé, ne néglige-t-on pas les responsabilités historiques des réformes libérales mal maîtrisées dans la désindustrialisation de certains pays MENA ?
Certes, libérer les énergies entrepreneuriales est crucial. Mais croire que la seule dérégulation ou l’allègement du rôle de l’État suffira à faire émerger un tissu privé compétitif relève d’un optimisme naïf. Dans des contextes de capitalisme de connivence, où les marchés sont capturés par quelques groupes dominants, la simple ouverture à la concurrence peut renforcer les inégalités plutôt que les corriger.
Par ailleurs, la critique de l’État masque une réalité : dans plusieurs pays, l’État est le seul garant de la cohésion sociale et du minimum vital. S’en retirer sans filet de sécurité reviendrait à livrer des millions de travailleurs précaires à l’économie de survie, dans des sociétés déjà fragilisées par les conflits.
Enfin, l’informalité n’est pas qu’un frein. Elle est aussi une forme d’adaptation face à un système bureaucratique excluant. Vouloir formaliser de force sans réformes profondes du climat des affaires pourrait tuer dans l’œuf des milliers de micro-initiatives locales.
En somme, il ne s’agit pas de "changer de vitesse", mais de changer de cap : penser un nouveau contrat social entre État, secteur privé et société civile, où l’économie ne se construit pas contre le politique, mais avec lui.
Certes, libérer les énergies entrepreneuriales est crucial. Mais croire que la seule dérégulation ou l’allègement du rôle de l’État suffira à faire émerger un tissu privé compétitif relève d’un optimisme naïf. Dans des contextes de capitalisme de connivence, où les marchés sont capturés par quelques groupes dominants, la simple ouverture à la concurrence peut renforcer les inégalités plutôt que les corriger.
Par ailleurs, la critique de l’État masque une réalité : dans plusieurs pays, l’État est le seul garant de la cohésion sociale et du minimum vital. S’en retirer sans filet de sécurité reviendrait à livrer des millions de travailleurs précaires à l’économie de survie, dans des sociétés déjà fragilisées par les conflits.
Enfin, l’informalité n’est pas qu’un frein. Elle est aussi une forme d’adaptation face à un système bureaucratique excluant. Vouloir formaliser de force sans réformes profondes du climat des affaires pourrait tuer dans l’œuf des milliers de micro-initiatives locales.
En somme, il ne s’agit pas de "changer de vitesse", mais de changer de cap : penser un nouveau contrat social entre État, secteur privé et société civile, où l’économie ne se construit pas contre le politique, mais avec lui.