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L’affaire du Sahara « Occidental » : Une arnaque diplomatique avec une victime "le Royaume du Maroc"




Par Bargach Larbi

Le Sahara, dans son ensemble, est un espace désertique de 8.000.000 de km² d’une très faible densité humaine. Il a été peuplé, des siècles durant, de populations nomades commerçantes aux côtés des différentes tribus installées tout au long de la côte méditerranéennes. Seuls les habitants de la partie Atlantique du Sahara avaient des liens, d’allégeances avec les différents Sultans des dynasties qui ont régné au Maroc. Le Maroc est le seul pays d’Afrique du Nord qui n’a pas été colonisé par les Ottomans ni subi les invasions Hilaliennes. Cela s’explique probablement par sa géographie et la protection dont il a bénéficié avec les chaînes de l’Atlas. 
 
Le grand paradoxe de cette histoire réside dans le fait que tous les pays, constitués post indépendance du 20ème siècle, ont pu bénéficier d’une profondeur saharienne qu’ils n’ont jamais eu auparavant, sauf le Maroc qui souffre à se voir reconnaitre ses droits et sa pleine souveraineté sur ses terres historiques. 
 
C’est ainsi qu’aujourd’hui l’Algérie dispose d’un Sahara de 1,5 millions de km², alors que l’Algérie en tant nation n’a vraiment existé que par à coup, il y avait la régence d’Alger, d’Oran de Constantine, le royaume de Tlemcen, la Kabylie autant « d’états » très différents les uns des autres. C’est la France qui crée l’Algérie actuelle en grignotant sur le Maroc, sur la Tunisie et surtout en unifiant l’ensemble du territoire. 
 
La France ne l’a pas fait pour les beaux yeux des algériens, bien au contraire elle considérait l’Algérie comme un ensemble de départements français qui relevait administrativement du ministère de l’intérieur. Tunisie et Maroc sous protectorats dépendaient du ministère des affaires étrangères.
 
Il y a aussi la Lybie qui dispose de 1 million de km² de Sahara, l’Egypte 1 million aussi. Des étendus riches de leurs sous-sols. 
 
Avant d’accorder l’indépendance à l’Algérie, la France a créé trois départements au Sahara qu’elle a voulu un moment séparer du reste de l’Algérie française. Elle a même tenté de négocier avec le Maroc, fraichement indépendant, des accords en vue d’obtenir la neutralité marocaine dans la guerre que lui menait le FLN, le mouvement de résistance algérien.

Ce mouvement nationaliste est né des multiples vexations des colons français à l’égard des populations musulmanes. La nation algérienne c’est avant tout un ressentiment envers le colon français. La nation marocaine c’est un lien avec une dynastie, avec des révoltes quelques fois, Bled Siba. 
 
L’idée de la France était d’amadouer le Maroc en lui restituant Tindouf et d’autres localités. 
 
Le Maroc a bien entendu refusé la proposition française, préférant négocier des accords frontaliers avec Ferhat Abbas le Président du Gouvernement algérien en exil, le GPRA. Un accord a même été signé, il ne sera pas respecté, Ferhat Abbas a été renversé quelques jours après l’indépendance. Feu Boumediene, à la suite de Ben Bella ne s’est jamais senti concerné par cet accord. 
 
Le Maroc finira par abandonner Tindouf. Un abandon pragmatique. Le pays est convaincu que le développement économique passe par la création d’un grand marché, et le grand Maghreb en est un. C’est pour ça qu’il a fini par accepter de reconnaitre ce fait accompli et signer un accord avec le régime algérien en 1969.
 
Par contre il n’a jamais renoncé à récupérer ses provinces du Sud. Occupés par l’Espagne depuis le 19ème siècle, Sakia El Hamra, Oued Dahab, Cap Juby (Tarfaya) et Sidi Ifni étaient des provinces marocaines depuis toujours. 
 
Aussi, dès que la fin du protectorat a été actée, le Maroc les a réclamés officiellement. La raison pour laquelle ils ne faisaient pas partie des accords d’indépendances de 1956 est la suivante : Lorsque l’acte de protectorat a été signé en 1912, le Maroc, fragilisé par son soutien à l’Emir Abdelkader, avait déjà été conquis et plusieurs parties de son sol étaient déjà occupées par l’Espagne. Il s’agit des territoires formant le Sahara Atlantique (Sakia El Hamra, Oued Dahab et Cap Juby) ainsi que Sidi Ifni plus au nord. 
 
Il fallait donc procéder à leur restitution. La France qui avait des visées sur le Sahara Algérien soutenait l’Espagne. Elle va tout même faire pression pour que le Maroc obtienne Cap Juby (Tarfaya en 1958). Elle cherchait le démantèlement de l’Armée de Libération, finalement intégrée aux FAR. Par contre elle soutenait l’Espagne sur le reste. Elle préférait le voisinage espagnol pour un accès à l’Océan Atlantique. 
 
A l’indépendance de l’Algérie très vite confisquée par les militaires, notamment Boumediene, le chef de l’armée des frontières il est resté toutes les années de la guerre France FLN entre le Maroc et la Tunisie. Il se dit qu’il n’a jamais tiré une balle contre un soldat français, il se rattrapera avec l’assassinat ou la déportation de tous les héros de la guerre qui a duré 8 ans 1954-1962. 
 
Au départ de la France d’Algérie, le Maroc pensait qu’il était débarrassé d’un obstacle au recouvrement de toutes ses terres. Il allait vite déchanter. On a vu avec le véritable coup d’état en Algérie, mais ce n’était pas fini. 
 
En 1963, le nouveau régime algérien, issu de l’armée des frontières, est en difficulté à cause d’un soulèvement très important en Kabylie, soutenu par Ait Ahmed. Boumediene, poussera Ben Bella à déclencher une guerre contre le Maroc pour y mettre fin. La guerre des sables, c’est son nom historique va très vite tourner en faveur du Maroc sur le plan militaire et permettre des avancées importantes sur le terrain. Ce sera toutefois un échec diplomatique, le Maroc étant contraint de revenir aux frontières d’avant la guerre, qu’il validera plus tard officiellement.

L’Algérie meurtrie par 8 ans de guerre et adepte du camp des non-alignés, en réalité du camp socialiste dominant à l’époque avait la sympathie de l’ensemble du tiers monde.  
 
Il restait Sakia El Hamra, Oued Dahab et Sidi Ifni. Le sort de cette province sera réglé dans le cadre d’un accord au même titre que celui de Cap Juby. Par contre les deux premiers vont rester en suspens.
 
C’est avec l’Espagne qu’il y avait un enjeu. Le Maroc qui a déposé le dossier du Sahara au niveau de la 4ème commission de décolonisation dérangeait ses plans. Elle a alors proposé l’organisation d’un référendum, sous son autorité, par lequel elle propose aux habitants de la région soit d’accepter un rattachement à l’Espagne soit leur indépendance. 
 
Pourquoi un référendum alors que le Maroc avait récupéré Cap Juby et Sidi Ifni dans le cadre d’accords ? 
En réalité, l’Espagne n’avait qu’un seul objectif écarter le Maroc et ses revendications.

Le référendum lui donnait l’occasion soit d’avoir un aval définitif sur la propriété du Sahara soit de créer un état soumis. L’Algérie ne voyait pas d’un mauvais œil cette démarche espagnole mais elle restait à l’écart. Le Maroc venait de subir deux coups d’états militaires et ils pariaient sur une monarchie ébranlée. C’était sans compter sur l’attachement des marocains à leurs institutions. 
 
La posture espagnole peut se comprendre, la colonisation a permis à un certain nombre de pays de s’imaginer puissants ce que ne reflétait ni leur économie ni leur position au classement mondial. Il se disait aussi que les sous-sols du Sahara occupé par l’Espagne regorgeaient de minerais et d’hydrocarbures. 

L’Algérie restait aux aguets. Son objectif était clair obtenir une ouverture vers l’Atlantique afin de valoriser les importantes découvertes de son propre sous-sol. 
 
Devant les protestations marocaines, de plus en plus virulentes à l’ONU, l’Espagne s’est défendue en arguant que le Maroc n’avait aucune légitimité sur cette terre. C’est une perche qui a été tendue à Hassan II qui en a profité pour saisir la Cour Internationale de Justice. 
 
La réponse de cette dernière, le 16 octobre 1975 a été claire. Le Sahara n’était pas « une terre sans maître » avant l’arrivée de l’Espagne et il y avait des liens d’allégeance avec le Maroc. On ne demandait pas plus. C’est le moment qu’a choisi l’Algérie pour sortir du bois. La CIJ rajoutait, en sus de ce qui avait été demandé, une clause par laquelle était recommandée la nécessité de consulter les populations par un référendum d’autodétermination. 
 
Pourquoi l’Algérie ? Parce qu’on sait aujourd’hui que ce rajout avait été insufflé par un juriste international algérien membre de la Cour. 
 
Monsieur Mohamed Bedjaoui faisait partie d’une équipe de jeunes algériens formés à la défense des intérêts de leur pays que l’Algérie avait poussé pour qu’ils soient recrutés au sein des instances internationales. Son passage au sein de la CIJ aura permis au régime algérien de maintenir artificiellement ouvert ce dossier. 
 
Hassan II, ne se laissera pas faire, fort de la décision de la Cour, il lancera la Marche Verte, le 6 novembre 1975. Négociera le transfert de souveraineté avec l’Espagne, le 14 novembre 1975 et consultera le peuple sahraoui via ses représentants à la Jemaa dans la foulée.

L’Algérie s’y opposera violemment par courrier déposé à l’ONU et exigera un référendum d’autodétermination. Elle bénéficiera d’un soutien de poids, le fantasque Kadhafi, un illuminé qui voulait renverser Hassan II et un fantasque. Plus tard il unira son pays au Maroc.  
 
Devant le manque d’échos à sa requête, le régime algérien décidera la :
 
Création de la RASD en contradiction avec le principe qu’ils étaient censés promouvoir, à savoir le référendum d’autodétermination, qui suppose un choix entre indépendance et rattachement au Maroc.
Expulsion de plusieurs milliers de marocains d’Algérie en 48 heures. Cette opération, au-delà de son extrême gravité sur le plan humanitaire avait pour but premier de déstabiliser le Royaume sur plusieurs plans humanitaires, financiers et ouvrir un nouveau front pour le Maroc au-delà du front du Sahara 
Attaque des positions marocaines par l’armée algérienne, notamment à Amgala ou l’armée algérienne allait connaître une cuisante défaite.  
 
Par la suite devant les pressions à l’international, le monde vivait les conséquences du deuxième choc pétrolier et l’Algérie disposait de moyens énormes, Hassan II a fini par accepter le principe du référendum. C’était en 1981 à Nairobi. Cette proposition avait rallié toutes les composantes de l’Afrique. M. Samora Machel, le Président du Mozambique, un homme de l’extrême gauche africaine, avait même déclaré « Nous saluons le Maroc, pour avoir eu le courage d’écouter la voix de la justice et de la raison. C’est un acte qui le grandit…L’Afrique se retrouve unie ».
 
Cette proposition a été refusée par un pays : l’Algérie. La raison, une telle décision était accompagnée d’une exigence : dissoudre la RASD. L’Afrique est mal partie, cette affirmation de René Dumont est toujours d’actualité. La RASD sera acceptée comme membre de l’OUA et le Maroc s’en retirer 
 
Par la suite un accord a été signé pour un cessez le feu entre le Polisario et le Maroc en vue de l’organisation d’un référendum. Cette solution va finalement conduire à une impasse. Impossible de définir un corps électoral et surtout impossible d’assurer l’équité de l’information des électeurs. Aucune campagne électorale ne pourra être envisagé pour expliquer les différents projets en compétition. 
 
En ce qui concerne les Sahraouis, on peut distinguer, les patriotes, qui ont toujours soutenus leur marocanité. En juin 1975 une délégation de Sahraoui a été reçue à Madrid. C’est des élus de la Jamaa. A la question de savoir ce qu’ils feraient en cas de guerre entre le Maroc et l’Espagne, ils ont répondu à la quasi-unanimité, on ne pourra pas lever les armes contre nos frères en religion. A partir de là, même s’ils avaient un petit espoir de voir la CIJ leur donner raison, les autorités espagnoles avaient compris qu’il fallait négocier avec le Maroc. 
 
Plus tard en 2002, Bouteflika a proposé à James Baker de reconnaitre la marocanité du Sahara sur Sakia El Hamra et installer le Polisario sur Oued Addahab. Rompant de façon spectaculaire avec les principes jusque-là défendus, selon les besoins, à savoir un référendum. 
 
Cette proposition sera rejetée par le Maroc. Elle a le mérite de prouver la duplicité des algériens et leurs véritables objectifs. Cette proposition est officielle et figure dans les archives officielles de l’ONU. 
 
Qu’en pensent les Sahraouis ? Il faut reconnaitre que certains d’entre eux sont indépendantistes. C’est probablement une petite minorité comme il en existe dans tous les pays du monde. La Corse, la Bretagne, la Catalogne, les pays Basques, la Kabylie sont autant de territoires avec des mouvements indépendantistes. Les identités lorsqu’elles sont exacerbées s’expriment. Une grande majorité vit tranquillement chez elle, elle participe au développement de son pays. Elle est nombreuse, sort dans la rue pour fêter les victoires de l’équipe nationale et participe à la vie politique du pays via des élections locales et nationales.
 
Enfin les dirigeants du Polisario, et leurs familles proches et lointaines, vivent dans un confort luxueux, aux frais du contribuable algérien. Ils défendent des causes qui leurs sont étrangères, vous pouvez les rencontrer sur les réseaux sociaux, ils ne tarissent pas de louanges à leurs bienfaiteurs. 
 
La situation est bloquée. La proposition de Bouteflika est aussi un signal de l’exaspération des dirigeants algériens. Il se dit et c’est facile à calculer, que l’Algérie aurait dépensé 500 milliards de dollar pour maintenir ce dossier en vie. 2 fois et demi son PIB. Aucun des chefs d’états qui se sont succédés à la tête du pays n’a eu la légitimité suffisante pour passer à pertes et profits un tel montant. La fuite en avant est la seule solution et elle présente un avantage. Celui de taire toutes les oppositions. Comment sortir de cette impasse et éviter une confrontation armée, désastreuse pour les deux pays ? 
 
Parce qu’il y a un risque. L’Algérie a consacré 40 milliards de dollars au ministère de la défense les deux dernières années et n’envisage pas de rapprochement, bien au contraire. 
 
Le régime algérien vise l’escalade. Il est complétement focalisé sur les projets marocains dans les domaines les plus divers. Tout justifie une attaque contre le Maroc, en foot, commerce, diplomatie, cette politique vire à l’obsession. 
 
Le Maroc ne répond à aucune provocation et continue son bonhomme de chemin. C’est sage, mais il n’empêche cette injustice subie est de plus en plus insupportable pour les marocains malgré les victoires diplomatiques récentes. 
 
Bargach Larbi



Vendredi 19 Janvier 2024


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