Par Dr Mohamed Chtatou
La toute première manifestation de ce sordide scénario a été le soulèvement des chiites de Bahreïn au début du Printemps arabe en 2011, dans le but de renverser le gouvernement légitime en place. L’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, réalisant l’étendue du grand projet iranien néfaste pour la région, ont réagi rapidement et efficacement afin de renforcer les capacités militaires de Bahreïn et arrêter la prise de contrôle ultime du pays par les chiites.
Le prêche religieux incendiaire du Cheikh al-Nimr visant à la création d’une instabilité dans cette partie de l’Arabie Saoudite pour permettre l’installation d’une république de facto pour les chiites qui à long terme, serait utilisée par l’Iran pour affaiblir la stabilité de l’Arabie Saoudite et d’autres pays arabes de la région.
Al-Nimr était derrière les soulèvements des provinces de l’est ainsi que ceux d’Awamiyyah de 2011-2012 contre le gouvernement légitime saoudien, exécutant un plan iranien prudent pour semer le désordre et encourager la désobéissance civile.
La première mise en œuvre de ce plan a été la création du Hezbollahland pour supplanter le Fatahland, après le départ forcé des Palestiniens du sud du Liban en 1982, à la suite du siège israélien de Beyrouth pendant la guerre du Liban de 1982.
Le but de cette guerre dévastatrice contre le Liban, combattu par deux puissances régionales externes, à savoir l’Iran et Israël était triple pour le premier : tester sur le terrain ses dernières armes, tester la détermination de l’Etat Hébreu et lui envoyer un message fort que l’Iran des Mollahs est une puissance avec laquelle il faudra compter à l’avenir.
A ce jour, l’Iran occupe indirectement quatre pays arabes par procuration, soit par des organisations militaires qui ont créé un Etat au sein d’un autre comme le Hezbollah et les Houthis ou, quelque peu, les Etats légitimes et asservis comme dans le cas de l’Irak et la Syrie.
-Liban : Le Liban est sous l’occupation du Hezbollah depuis le départ des combattants palestiniens du sud en 1982. Le Hezbollah est un formidable Etat au sein d’un Etat. C’est un parti politique qui se double d’un mini-Etat responsable du bien être des chiites dans le sud du Liban et doté d’une armée capable qui a entrainé Liban en 2006 dans une guerre indésirable et destructive. Cette guerre a couté au pays des dizaines de vies innocentes et des centaines de millions de dollars de pertes matérielles.
Si l’Iran va en guerre contre Israël pour une raison quelconque ou si Israël attaque l’Iran, le Liban sera entrainé, à contre cœur, dans cette confrontation meurtrière puisque le Hezbollah se rangera du côté de l’Iran et pilonnera l’Etat Hébreu en particulier dans sa partie nord. Bien sûr, ce dernier le sait et a des plans d’urgence pour un tel scénario digne d’un cauchemar.
-Irak : les Américains ont gagné la guerre en Irak qui a duré de 2003 à 2011 en battant d’abord Saddam Hussein et son énorme armée en 2003 et en s’emparant de son dernier bastion à Bagdad grâce à la cinquième colonne chiite dans le pays et la contribution militaire des Gardiens de la Révolution iranienne.
Le premier ministre chiite, du temps, Nouri al-Maliki, un politicien larbin de l’Iran, a dirigé le pays avec une poigne de fer ostracisant ouvertement les sunnites, menant à leur rébellion et alliance d’abord avec Al-Qaïda (2004-2006), sous la direction initialement, de Abu Mus’ab al-Zarqawi et après son décès, aux mains des Américains, le leadership d’Abu Ayyub al-Masri.
Après la disparition d’Al-Qaïda, l’Insurrection sunnite s’est ralliée à l’Etat islamique d’Irak, également connu sous le nom d’Etat d’Irak et de Syrie -ISIS-, qui est devenu plus tard connu sous le nom d’Etat Islamique -IS- (depuis 1999). Initialement, l’Irak était occupé par les Etats-Unis et l’Iran ; de nos jours il est occupé par l’Iran par le biais des Gardiens de la Révolution. Pour de nombreux Irakiens aujourd’hui, les décisions concernant leurs vies et leurs destins sont prises à Téhéran et non à Bagdad.
-Syrie: Le régime minoritaire chiite alaouite d'al-Assad a toujours été un État client de l'Iran, mais depuis le début de la guerre civile en 2011, ce régime dictatorial est devenu subordonné aux Mollahs parce qu'il doit sa survie miraculeuse au soutien militaire iranien ainsi qu'une intervention salutaire grâce au Hezbollah.
De nombreux Gardiens de la Révolution et officiers et soldats de l'armée du Hezbollah sont morts dans la lutte contre al-Nosra, l'Etat islamique et une myriade de combattants islamistes au cours de cette guerre civile dévastatrice. Il y a quelques années, le régime d'al-Assad était au bord de l'effondrement, mais grâce à l'action concertée de la communauté internationale après les attentats meurtriers d'ISIS à Paris en novembre 2015, le régime a bénéficié d'un répit et d'un nouveau bail de vie. Mais plus que jamais, la Syrie est sous le contrôle direct de l'Iran et le restera encore longtemps.
-Yémen: L'insurrection houthie dans le nord du Yémen au sein de la communauté zaidie chiite houthie contre l'État yéménite remonte à 2004 et se poursuit encore aujourd'hui avec la principale différence que les Houthis avec l'aide du feu ancien président Ali Saleh contrôlent la moitié du pays. Ils ont été dûment formés et lourdement armés par l'Iran dans le but de créer un État chiite dans une mer de nations sunnites, pour servir de tremplin à la propagation de la religion chiite en Afrique orientale et occidentale, et dans une certaine mesure même en Afrique du Nord.
Réagissant enfin à l'assaut des Mollahs sur la foi sunnite, les pays arabes, sous la direction de l'Arabie saoudite, ont riposté pour arrêter les progrès hégémoniques iraniens pour occuper les pays arabes à commencer par la ferme action militaire au Yémen.
Réaction arabe
Les nations arabes, sous la direction « spirituelle » et « politique » de l'Arabie saoudite, prennent leur destin en main pour assurer la protection de leurs pays respectifs à la suite de la menace imminente pour la sécurité représentée par les désirs hégémoniques exprimés par l'Iran dans la région.
Les Arabes envisagent de constituer une force de déploiement rapide pour faire face rapidement à toute menace extérieure. L'expérience acquise dans la guerre yéménite menée contre les chiites houthis sera extrêmement positive dans le développement d'une force militaire arabe.
Les Arabes exploreront également toutes les voies possibles pour se protéger, y compris les armes de dissuasion nucléaire et l'alliance avec Israël, si nécessaire.
L'Iran, depuis l'avènement de la révolution des Mollahs, menace d'anéantir Israël, mais ce n'est que de la rhétorique car il est bien connu qu'Israël possède plus de 100 ogives nucléaires et la technologie de livraison nécessaire et qu'il pourra détruire l'Iran en quelques minutes, mais il ne s'en vante jamais. En outre, Israël bénéficie du parapluie nucléaire global de l'Amérique comme le reste de l'Europe.
En réalité, les gesticulations menaçantes de l'Iran envers Israël sont dirigées exclusivement, par procuration, vers le monde arabe. Les Mollahs ravivent la haine perse séculaire pour les sunnites.
Une chose est sûre, l’Amérique est résolue à ce que l'Iran abandonne définitivement son programme nucléaire, au pire, au prix d’une guerre ou les Américains s’allieront avec Israël et les Arabes sunnites pour arriver à leurs fins : arrêter le programme nucléaire iranien et se débarrasser à jamais du régime théocratique des Mollahs.
Le Moyen-Orient sera-t-il le théâtre d'une nouvelle guerre destructrice, seul le temps nous le dira ?
Rédigé par Dr Mohamed Chtatou