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L’État s'endette, la fraude embête !


le Vendredi 11 Décembre 2020



Le Marocain, mauvais payeur !

La fraude n’est pas née d’hier. Du moins sévit-elle un brin ostentatoire, le cran relevé, parade insolente,  au vu des fouineurs,  au su des quidams,  du moins depuis l’année 1993. Ce trait  « M’as-tu vu ? », propre à ce mouton noir, ne fut-il pas  décrié par Sa Majesté le Roi Hassan II qui pour écourter le furetage  d’Anne Sinclair, à l’affut d’un démêlage de  cette équation marocaine aux airs échevelés, rétorque sans réserve : « Le Marocain est mauvais payeur d’impôt ».

La journaliste de choix n’eut que ses yeux pour résorber une répartie bien taillée. Des yeux hagards couleur ciel. Suite à quoi Sa Majesté dégaine, déterminé à donner un tour de vis à ce vice homonyme. 

Le gouverneur fait BAM !

27 ans après, le gouverneur de BAM, devant la commission des finances, fait BAM sur la table ! La fraude s’est vue greffée de l’attribut de l’incroyable par le verbe franc-loquace du gouverneur. Oui, la fraude, a la peau dure, et le coup du gouverneur le prouve. « Quand j’ai une bricole chez moi, le gars n’hésite pas : Facture ou pas Facture ? » renchérit le gouverneur, le ton plaisantin, à l’adresse de M. Bouanou, président de la commission.  

Le parterre des parlementaires, masqué, tendu et son oreille, reste baba face à cette envolée. Loin d’être évasif le gouverneur enchaîna pour parler  évasion fiscale. Et la boucle est bouclée. Faire le mariole ne fut pas l’objet, loin s’en faut, le gouverneur nous réserva une chute digne, comme le début de toute chose : L’humain. Puis lui accole, comme repris et pointilleux, la qualité humaine.

Des mots, comme jalousés par cet ordre prioritaire, ni une ni deux, emboitèrent le pas à ce « tête-de-liste ». Des mots à la consonance usuelle  comme Politique, ou Gouvernance.   

Pourquoi fraudent-ils ?

Serait-on curieux  jusqu’à s’arracher ce qui danse entre les lignes,  faire sonner de ces implications mathématiques, et d’affirmer que sans qualité humaine, point de bonne politique, encore moins d’économie efficiente ?

Si tant est que nous voulions aller de l'avant, la question de «  Pourquoi fuir l’impôt ? » nous fait barrage.  Car il est des qualités humaines qui ne s’aventurent pas  jusque-là. Mais pourquoi ? Certains se disent faire honneur à la nature humaine, d’abord cupide, ensuite, c’est selon. 

D’autres, ne voient en l’impôt qu’un investissement, y attendent un retour. Le fameux « RSI » où viennent se river les financiers et leurs yeux dubitatifs.  Mais il y’en a des solidaires, de ces âmes qui se recueillent à gauche, prêts à débourser pour le prochain, son école publique, son hosto public, et tout le commun de l’affaire, mais ceux-là, souvent déçus de ne voir à l’œuvre leur sueur contribuable, de manquer leur rendez-vous avec le miracle , se rétractent et leur bonne volonté samaritaine. 

L’État au pied du mur !

D’autres ne gémissent qu’au rythme de la pression fiscale, prient l’État d’élargir son assiette. Quand on apprend que le secteur privé, plus gros payeur d’impôt,  ne compte que 10 % de la force active, que l’informel s'accapare  79 % de l’emploi, que le Maroc tout Maroc qu’il est, ne compte que 500 grandes entreprises, nous comprenons vite comment Dame État n’a d’autre issue que l’endettement. Embêtant non ? 

 

Hicham Aboumerrouane / Arrissala / Lodj






Vendredi 11 Décembre 2020

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