L'ODJ Média



JTEKT : tensions autour des suppressions d’emplois


Rédigé par le Lundi 7 Avril 2025

La CGT monte au créneau contre les suppressions d’emplois annoncées par JTEKT France, liées à une délocalisation partielle de la production vers le Maroc. Entre enjeux sociaux et économiques, ce dossier illustre les tensions croissantes autour des stratégies industrielles dans un contexte de mondialisation.



Maroc : une opportunité, des emplois en danger

La Confédération Générale du Travail (CGT) ne décolère pas après l’annonce par JTEKT France, filiale du géant japonais spécialisé dans les systèmes de direction et les roulements, d’une délocalisation partielle de sa production vers le Maroc a déclenché une vague de protestations. À l’appel de la CGT, des rassemblements sont prévus le mercredi 10 avril devant les sites d’Irigny (Rhône) et de Chevigny-Saint-Sauveur (Côte-d’Or), où des centaines d’emplois sont menacés.

JTEKT France justifie cette décision par la nécessité de réduire ses coûts de production pour rester compétitive face à une concurrence internationale accrue. Le transfert d’une partie de la production vers le Maroc, où les coûts salariaux sont bien inférieurs à ceux de la France, s’inscrit dans cette logique. Cependant, pour les syndicats, cette stratégie est perçue comme une trahison envers les salariés français, qui risquent de perdre leur emploi au profit d’une main-d’œuvre moins coûteuse.

« Cette délocalisation est un choix purement financier, qui sacrifie des familles et des territoires pour maximiser les profits », déclare un représentant de la CGT. Selon le syndicat, cette décision intervient alors que JTEKT a bénéficié d’aides publiques en France ces dernières années, notamment dans le cadre du plan de relance post-COVID.

Le Maroc s’est imposé ces dernières années comme une destination attractive pour les entreprises industrielles grâce à un environnement économique favorable. Avec des zones franches comme celles de Tanger Med et de Kénitra, le Royaume offre des avantages fiscaux, des infrastructures modernes et une main-d’œuvre qualifiée à des coûts compétitifs.

Pour JTEKT, le Maroc représente une opportunité stratégique, notamment en raison de sa proximité avec les marchés européens et africains. De plus, le gouvernement marocain encourage activement les investissements étrangers dans le secteur industriel, ce qui facilite l’implantation de nouvelles unités de production.

Pour les salariés des sites français concernés, cette délocalisation est synonyme de précarité et d’incertitude. À Irigny et Chevigny-Saint-Sauveur, des centaines de postes pourraient être supprimés, affectant non seulement les employés directs, mais aussi les sous-traitants et l’économie locale. Ces territoires, déjà fragilisés par des restructurations industrielles précédentes, risquent de subir un nouveau coup dur.

Les élus locaux et régionaux se sont également saisis de l’affaire, dénonçant une « logique de désindustrialisation » qui affaiblit le tissu économique français. Certains appellent le gouvernement à intervenir pour limiter les délocalisations et protéger les emplois.

Cette affaire relance le débat sur les effets de la mondialisation et les responsabilités des entreprises multinationales. Si la délocalisation peut être vue comme une nécessité économique pour certaines entreprises, elle soulève des questions éthiques et sociales. Comment concilier compétitivité internationale et protection des emplois locaux ? Quelle place accorder aux salariés dans les décisions stratégiques des entreprises ?

Pour la CGT, la réponse passe par une régulation plus stricte des délocalisations et une meilleure protection des travailleurs. Le syndicat appelle également à une mobilisation nationale pour dénoncer les pratiques qu’il juge « destructrices ».

Alors que les manifestations s’organisent, le cas JTEKT illustre les défis auxquels sont confrontées les économies européennes dans un monde globalisé. Si le Maroc tire parti de sa compétitivité pour attirer des investissements, la France doit trouver des solutions pour préserver son industrie tout en s’adaptant aux réalités du marché mondial.

In fine, cette affaire met en lumière les tensions entre les impératifs économiques des entreprises et les préoccupations sociales des salariés. Elle pose également la question de l’équilibre entre compétitivité internationale et responsabilité sociale, un défi majeur pour les années à venir.


JTEKT France, délocalisation, Maroc, CGT, emplois menacés, Irigny, Chevigny-Saint-Sauveur, mondialisation, compétitivité industrielle, protestations sociales






Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Lundi 7 Avril 2025

Immo & Habitat | Emploi & Formation | Brèves Eco Business & emploi & Habitat


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ








Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html