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Les fonctionnaires marocains, grands gagnants du dialogue social 2025-2026

Une revalorisation historique du salaire minimum dans la fonction publique, Mais les "SMIG et SMAG restent à la traîne


Rédigé par La Rédaction le Samedi 26 Avril 2025

Le gouvernement marocain augmente massivement les salaires des fonctionnaires : analyse des impacts économiques et des risques pour les finances publiques.



​Une hausse historique des salaires dans le public

À l'heure où l'inflation continue de peser sur le pouvoir d'achat, une petite révolution discrète est en train de se jouer au Maroc : les fonctionnaires deviennent peu à peu les véritables chouchous du gouvernement. Dès le 1er juillet prochain, le salaire minimum net dans la fonction publique grimpera à 4 500 dirhams, marquant ainsi une augmentation de 50 % en moins de quatre ans. Une envolée salariale qui donne le tournis et suscite, à juste titre, la curiosité.

Ce geste spectaculaire s’inscrit dans le cadre d’un dialogue social particulièrement généreux, dont le coût total devrait atteindre 45,738 milliards de dirhams en 2026, avant de frôler les 46,702 milliards en 2027. Une manne financière jugée « exceptionnelle » par l'Exécutif lui-même. À l’horizon 2026, la rémunération moyenne nette mensuelle des agents de l'État s’élèvera à 10 100 dirhams. Un chiffre qui ferait rêver bien des salariés du secteur privé.

​SMIG et SMAG : les autres salariés doivent-ils s'estimer heureux ?

Pendant que le public savoure sa progression salariale, le privé, lui, suit un autre rythme. Depuis janvier, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) dans les secteurs non agricoles a été porté à 3 045 dirhams. Une deuxième augmentation de 5 % est prévue pour janvier 2026.

Le secteur agricole, souvent relégué en queue de peloton, bénéficie aussi d’une revalorisation du SMAG : une première hausse de 5 % est intervenue en avril 2025 pour atteindre 2 255 dirhams, et une seconde du même ordre est programmée pour avril 2026.

Un alignement progressif, certes, mais qui laisse entrevoir un écart de traitement notable entre la sphère publique et privée. Comme un parfum d’injustice sociale que certains économistes n’hésitent plus à pointer du doigt.

​Fonction publique : la stratégie du "chèque" est-elle durable ?

À première vue, le gouvernement semble jouer une carte politique habile : acheter la paix sociale à coups de hausses salariales massives. Mais cette générosité budgétaire, financée en grande partie par l'endettement et la pression fiscale, pose une question de fond : est-elle économiquement soutenable ?

Accroître la masse salariale publique sans accélérer en parallèle la réforme de l'administration, la modernisation des services et l'élargissement de la base fiscale pourrait rapidement transformer ce « cadeau » en poids mort pour les finances publiques. Certains observateurs évoquent même, avec un brin d'ironie, un "syndrome grec" en miniature si des garde-fous sérieux ne sont pas mis en place.

Car si le Maroc réussit depuis plusieurs années à maintenir ses grands équilibres macroéconomiques, il reste vulnérable à des chocs externes, comme le rappellent les derniers rapports du Fonds Monétaire International.

​Un pari risqué mais politiquement payant

Dans un contexte social tendu et à la veille d'échéances électorales, il faut aussi lire cette politique de revalorisation sous un angle plus politique : celui de la recherche d'un soutien électoral fort parmi les classes moyennes salariées, principal socle du vote urbain.

Mais attention : à force de vouloir faire plaisir aux fonctionnaires, le risque est grand de creuser davantage le fossé avec les millions de travailleurs du privé, souvent moins protégés et plus exposés aux aléas économiques.

Comme le disait l'économiste John Kenneth Galbraith : « L'État moderne est une entreprise qui prend aux pauvres pour subventionner les classes moyennes organisées ». L’histoire marocaine semble en donner une illustration éclatante.

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Samedi 26 Avril 2025

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