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Infécondité volontaire et écoféminisme

Un choix qui se paye avec des ovaires


le Mercredi 29 Mars 2023

Le baby-boom tant attendu après la crise sanitaire et le confinement n’a pas eu lieu. Le taux de naissance, à la baisse depuis 2010, continue de chuter librement depuis.



Population à l’aube du déclin ; le désir d’enfant capitule

Infécondité volontaire et écoféminisme
En 2020, l'indice synthétique de fécondité (ISF), qui mesure le "nombre moyen d'enfants qu'une femme aurait hypothétiquement au cours de sa vie reproductive sur la base des taux de fécondité des femmes d'une population au cours d'une année civile donnée", est tombé au niveau le plus bas jamais enregistré. 
 
C’est donc une tendance qui se confirme : de plus en plus de jeunes ne comptent pas changer une couche ou acheter un berceau au cours de leur vie. Faute de statistique locales, nous extrapolerons à partir des statistiques internationales l’ampleur du phénomène ; en Allemagne, 30% des femmes en âge de procréer sont sans enfants, 25% pour la Belgique. Au Royaume-Uni, le nombre de femmes sans enfants a connu une augmentation de 100% en 20 ans. Au Canada, presque 38% des couples n’ont pas d’enfants. En moyenne, ¼ de l’ensemble des ménages dans le monde sont « libres d’enfants ». De quoi susciter des inquiétudes. 

Revendication de la liberté et l’indépendance

Au Maroc, difficile d’imaginer un mariage sans enfants à l’horizon ; la figure de la mère étant toujours sacralisée. L’infertilité volontaire est donc un sujet tabou et un comportement hors norme dans la mesure où la tendance sociale est de promouvoir la maternité et de lier l’identité de la femme à son rôle de mère. Nonobstant l’aspect rejet social de cette posture fondamentalement hors normes, il est nécessaire d’interroger ce phénomène et ce qu’il couvre dans l’évolution des mentalités au Maroc. 
Les femmes marocaines, à l’instar des femmes du monde, remettent en question la notion selon laquelle les femmes sont destinées principalement à l'accouchement et à la vie domestique. Les représentations sociales réductrices de l’identité féminine éclatent à mesure qu’elles construisent à travers leurs actes une identité multidimensionnelle. Avec le refus d’enfanter, elles revendiquent la volonté de prendre leurs propres décisions. 
 
Devant l’ampleur et la régularité du phénomène, cette question qui relève certes de la vie privée gagne tout de même à être mise en perspective avec des réalités variant fortement d’un foyer à l’autre. L’une des causes les plus récurrentes concerne les contraintes professionnelles, les modes de garde d’enfant et les politiques d’aide à l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle. Pour les plus ambitieuses, qui aspirent de manière inconditionnelle mais prudente à la réussite professionnelle, la ‘case enfant’ est l’équivalent de la ‘case prison’ du Monopoly. Nul besoin d’intégrer les milieux féministes pour se familiariser avec le concept de charge mentale et plafond de verre. La parentalité engage différemment les hommes et les femmes : le coût de la paternité et celui de la maternité en matière de trajectoire professionnelle ne sont pas les mêmes, et ce même dans les pays les plus développés. Les femmes voient leur carrière ralentir voire s’arrêter lorsqu’elles deviennent mères ; le seuil du troisième enfant signifie un retrait durable du marché du travail dans certains pays.

Féminisme et écologie ; deux combats liés

Si le non-désir d’enfant résulte parfois d’un choix sous contrainte (absence de conjoint, charge mentale, trouble psychologique, incertitudes quant au mode de garde d’enfant, mais aussi mobilité, chômage ou difficultés économiques entraînant des reports de projets personnels), une deuxième cause - et non des moindres - contribue à cette déclinaison démographique : les inquiétudes concernant le changement climatique. Autrement dit, une dimension militante et écologique au refus d’enfant.
 
Les couples renoncent à la maternité pour alléger notre planète. Pour certaines militantes du groupe Extinction Rébellion, mettre un enfant au monde relève de l'égoïsme et représente un "coût monstrueux" en CO2 : 58 tonnes par an et par bébé. 
L'éco-féminisme n'est pas un concept à la mode, mais une réalité douloureuse chez beaucoup de jeunes qui connaissent l'éco-anxiété ou le désespoir environnemental, un combat écologiste où le refus de maternité se veut la solution cohérente et le découlement logique pour pallier l’ampleur des dégâts de la participation humaine à la destruction de la planète. 

Thèse de « dépopulation » ; un choix qui engage toute l’humanité

Que les nouvelles générations fassent de plus en plus des choix qui comptent pour elles plutôt que de suivre des normes sociétales strictes est bien admirable. Mais il est également nécessaire de reconnaître les conséquences qu'une génération sans enfant pourrait engendrer (sans jeu de mots). Au Japon, par exemple, le manque d'enfants a déjà un impact sur les villes et les économies. Avec un taux de natalité national qui a chuté d'environ 5,9 % en 2019, les questions sur la manière dont l'économie, la société et la culture globale d'une nation ont été abordées. De même pour la Corée du Sud dont l'indice synthétique de fécondité est inférieur à 0,8.
 
Cette réalité préoccupe gouvernements, médias et société civile, qui redoutent les conséquences démographiques à moyen et long terme d’une telle vague de fond. Très inquiet, le gouvernement italien a lancé depuis une poignée d’années déjà une campagne pour encourager les Italien-ne-s à faire plus d’enfants afin de contrecarrer le vieillissement de la population et la baisse du taux de fécondité. 
 
Rappelons que les enfants influencent de nombreux aspects de la vie avec leurs perspectives uniques, confiantes et optimistes que nous perdons souvent à l’âge adulte. Ils ont un rôle important dans l'avenir de la société et il serait difficile d'imaginer comment une société pourrait fonctionner sans bambins.


Rédigé par Oumaima Ait Baali, la Fondation Tamkine
#Tamkine_ensemble_nous_reussirons





Mercredi 29 Mars 2023

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