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Il faut appeler un chat un chat.




Par Larbi Bargach

Le fonctionnaire du ministère des Affaires Étrangères, qui a tenté de récupérer le chevalet sur lequel était inscrit le nom de la soi-disant République sahraouie, a commis une erreur grossière. Il est tombé dans un piège qui aurait mérité un autre traitement, plus conforme aux traditions diplomatiques marocaines.

Tout laisse penser qu’il s’agit là d’une initiative personnelle, d’un patriote amoureux de son pays. Préméditée, cette action aurait été traitée autrement, et des gardes du corps marocains auraient été mis à sa disposition pour lui éviter la prise en charge par derrière d’un judoka, à l’allure d’un videur de boîte de nuit à la retraite.

Revenons aux faits : il y a quelques semaines, l’Union africaine, à la demande d’un certain nombre de pays soucieux de développer de véritables accords de coopération avec les puissances économiques, a décidé d’éviter la présence d’entités non reconnues par l’ONU. L’entité sahraouie, membre de l’Union africaine, n’a pas de projets à présenter, et sa présence à ces sommets remet en cause la crédibilité de tout le continent. Il est vrai que, par exemple, le Venezuela de Maduro a signé des accords de pêche avec l’entité en question, mais tout le monde sait que c’est pour la galerie et qu’en aucun cas un bateau de pêche de ce pays ne s’approchera des côtes sahraouies. Les bateaux russes, par contre, ont le droit, mais eux ont signé un accord avec le Royaume du Maroc. Parenthèse fermée.

Cette décision, votée par les instances de l’Union africaine, a été contestée par le parrain de l’entité fantoche, l’Algérie. Non pas parce qu’elle leur semblait injuste – ce serait manquer de respect à l’intelligence des tenants du pouvoir en Algérie – mais parce qu’elle mettait à mal le discours officiel du pouvoir. Celui qu’ils tiennent depuis des années devant la population algérienne et qui leur sert de dérivatif aux difficultés quotidiennes rencontrées par le peuple algérien. Chacun sa croix, les difficultés rencontrées par les Marocains, dues à l’inflation, à l’érosion du pouvoir d’achat et à l’absence de couverture sociale, ne nous rendent pas fiers non plus.

Pour éviter une humiliation totale, la diplomatie algérienne a imaginé un subterfuge. Elle a inscrit un personnage connu en tant que militant du mouvement séparatiste pro-algérien, lui a délivré un passeport algérien et l’a doté d’un chevalet qu’il a soigneusement caché dans sa serviette. L’Algérie, aidée probablement par l’Afrique du Sud, a dû bénéficier de quelques complicités internes. Comment expliquer le passage d’un certain nombre d’organisateurs derrière le faux diplomate pour lui permettre de se cacher et sortir le chevalet et le placer sur la table ? Comment expliquer aussi la présence d’une chaise vide juste au coin ? Les Japonais sont fins organisateurs, ils ne font rien au hasard. Par contre, ce qui a été peut-être négocié, c’est que le monsieur se fasse discret. Aucun micro n’a été mis devant son emplacement, et la place qui lui a été réservée entre la Zambie et le Zimbabwe n’était pas fortuite.

L’Algérie et l’Afrique du Sud ont dû insister beaucoup pour ce forfait. Il reste que c’est inacceptable. Le Maroc avait d’autres moyens pour réagir : demander une suspension de séance, des explications sur la présence de ce monsieur et exiger qu’il soit, compte tenu de son passeport, intégré dans la délégation algérienne.

L’Afrique s’est donnée en spectacle, un jeune fonctionnaire fougueux s’est retrouvé face à une organisation structurée et habituée aux coups bas. On se souvient de l’entrée frauduleuse de Benbatouche (Ghali) en Espagne ; on sait comment ça s’est terminé. La fougue patriotique d’un jeune fonctionnaire a empêché qu’un scénario identique se répète. C’est bien dommage.
Bargach Larbi
 



Samedi 31 Août 2024

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