Il était une fois un 14 janvier 2011
La révolution du jasmin , il y a dix ans , qui avait provoqué le regretté printemps arabe vit aujourd'hui au rythme des désillusions et de la colère des tunisiens.
Dix ans après , la révolution tunisienne a complètement perdu toutes ses dents sous les coups de boutoir de la contre-révolution menés par les caciques de l'ancien régime et les nostalgiques de l'ère Benali.
Dix ans et trois présidents après le dictateur de Carthage , ont eu raison des espérances , des rêves et des aspirations du peuple à un avenir meilleur .
Il y a eu d'abord l'ex -opposant Moncef Marzouki dont la présidence n'aura été que symbolique comme pour faire durer l'illusion parfaite d'un changement de régime .
Et puis un second président , CBE alias Cadi Bejji Essebssi , ancien ministre de l'intérieur sous Benali .
Et puis , le dernier président en date toujours en exercice , Kaiss Saeed .
La seule bonne nouvelle c'est que depuis la chute du dictateur de Carthage , la Tunisie aura connu trois présidents ayant gouverné chacun un seul mandat : ce qui change beaucoup par rapport à un dictateur qui reste trente ans comme seul maître à bord monopolisant tous les pouvoirs et faisant subir une répression tous azimuts et sans relâche à toutes les voix dissidentes .
Oui , certes en même temps les rescapés de l'ancien régime ont pu se redéployer dans le nouveau paysage politique et ont conservé toute leur influence et leurs intérêts économiques.
C'est ce qui a permis au très influent homme d'affaires et gendre de Benali d'échapper à la justice suite à un arrangement qui lui a permis de s'offrir un exil doré aux Seychelles et de négocier tranquillement et sans menace aucune un possible retour aux affaires à Tunis.
Mais comme chez les voisins algériens , lybiens et égyptiens, l'Etat en Tunisie c'est surtout et d'abord un appareil policier et des services de sécurité performants car la démocratie peut bien attendre en étant reléguée au second plan par rapport aux priorités sociales et économiques.
Au Maroc , il faut avouer que les choses se font de manière beaucoup plus subtile que dans le reste du monde arabe.
En Tunisie , aujourd'hui avec 15 pour cent de chômage comme moyenne nationale et trente pour cent dans certaines régions dont surtout là d'où est parti la révolution , le véritable problème est celui de l'emploi et du niveau de vie .
Mais sur le plan politique tout n'est pas si mal avec les militants pour les droits humains et les défenseurs des libertés individuelles qui ont moins de répression et de menaces qui leur pèsent sur la tête .
Et on a même vu des citoyens qui ont pu porter plainte contre l'Etat , ce qui prouve qu'il y un processus qui est en train de se mettre en place et que cela prendra le temps qu'il faudra.
Ce qui a mis à mal la révolution tunisienne , c'est que le parti Islamiste Ennahda a tenté , à travers les urnes , de prendre les rênes du pouvoir mais a dû faire face aux puissances occidentales qui ont des intérêts en Tunisie et qui ont très vite déployé l'influence de leurs relais politiques pour empêcher toute éventuelle hégémonie Islamiste en Tunisie.
La révolution oui on veut bien , mais sans les citoyens et sans les Islamistes !
Le dictateur s'est enfui dès qu'il s'est senti lâché par Washington , mais le régime est toujours là soutenu par la France. Mais, en conclusion, la révolution tunisienne pose une question essentielle et un dilemme que même les experts occidentaux ne cessent d'analyser : un dictateur qui garantit croissance et emplois ne vaut-il pas mieux qu' une " démocratie " qui n'engendre que déprime économique et chômage de masse !?
Il se peut toutefois que le défaut de démocratie , le népotisme et la corruption ne soient incompatibles avec l'économie de marché et l'orthodoxie libérale productrice de croissance et d'emplois !
Il se peut toutefois que le défaut de démocratie , le népotisme et la corruption ne soient incompatibles avec l'économie de marché et l'orthodoxie libérale productrice de croissance et d'emplois !
Par Hafid Fassi Fihri