Fumée sans feu.
Comme cadeau de fin d'année , ou du nouvel an si vous préférez , les fumeurs ont eu la bien désagréable surprise d'apprendre la nouvelle de la hausse des prix du tabac , et des cigarettes donc.
Pour les économistes , surtout ceux sévissant au sein du gouvernement , il ne s'agit que d'une question technique puisqu'il suffit juste d'appuyer sur un bouton pour savoir à l'avance combien cette hausse va générer de recettes pour les caisses de l'Etat.
D'habitude le premier janvier , les consommateurs s'attendent généralement à une hausse des prix des carburants , mais comme la conjoncture est franchement inappropriée et que le gouvernement avait décidé de ne pas adopter dans l'actuelle loi de finances une augmentation pour certains produits laitiers , confiseries et autres jus car le moment était mal choisi , nos décideurs se sont rabattus sur les cigarettes sachant que personne ne pourra leur reprocher d'avoir mis en place des hausses anti- sociales !
Le tabac et accessoirement les cigarettes demeurent une cible trop facile pour les pouvoirs publics qui ne se gênent absolument pas pour surtaxer à volonté et augmenter ainsi les prix à souhait.
Quoique à y regarder de plus près , il y a énormément à dire à ce sujet .
Interdire le tabac dans les espaces publics : un voeu pieux .
En toile de fond de la question du tabac , il y a cette loi 15-91 , adoptée en 1996 , qui interdit en principe de fumer dans l'espace public , et principalement les cafés , restaurants , transports en commun et autres espaces professionnels sauf que les décret d'application n'a jamais vu le jour et que le Secrétariat général du gouvernement reste muet et préfère garder le silence depuis voilà un quart de siècle.
Le fait est que l'actuel gouvernement ainsi que ceux qui l'ont précédé ont cédé à la pression des lobbies du tabac et aux immenses enjeux financiers qui vont avec plutôt que de répondre à l'exigence absolue de sauvegarde de la santé publique .
Et ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement choisit les millions de dirhams plutôt que l'intérêt général et comme cette notion n'est pas inscrite dans la constitution ni dans aucun texte de loi , le choix est vite fait et sans états d'âmes .
L'Etat se sucre ainsi sur le dos des fumeurs et sur le compte , et au mépris surtout , de la santé des marocains !
Une campagne pour boycotter le tabac et les fumeurs dans les espaces publics.
Même si une campagne de sensibilisation avait été menée sur les réseaux sociaux en décembre dernier suite à une initiative personnelle d'un animateur de télévision qui avait été dérangé avec sa famille par des fumeurs sur la terrasse d'un café , il faut dire que les associations de défense des consommateurs demeurent très passives et silencieuses à ce sujet . Un consommateur conscient et responsable est un consommateur actif , et il n'y a aucune raison de ne pas boycotter le tabac surtout après cette nouvelle hausse .
Il faut savoir que depuis 1996, le Maroc dispose de la loi n° 15-91 relative à l’interdiction de fumer et de faire de la publicité et de la propagande en faveur du tabac dans certains lieux. Cette dernière stipule, dans l’article 4, que ces lieux sont les établissements publics, les bureaux administratifs, les hôpitaux, les centres de santé, les moyens de transports, les théâtres, les salles de cinéma et les établissements d'enseignement,
Les dernières statistiques du ministère de la Santé indiquent que la prévalence du tabagisme au Maroc est de 13,4% chez les adultes âgés de plus de 18 ans, dont 26,9% des hommes et 0,4% des femmes (2018), et celle chez les élèves âgés de 13 à 15 est de 6% (2016), alors qu’environ 35,6% de la population est exposée au tabagisme passif dans les lieux publics et professionnels.
Alors , stoppons les dégâts car il n'y a jamais de fumée sans feu . Ceci car si la santé des marocains n'a pas de prix , elle a cependant un coût .Un coût que même l'Etat ne peut pas toujours supporter comme on l'a vu depuis le début de la pandémie et les déboires de nos concitoyens qui n'ont pas d'assurance maladie.
Par Hafid Fassi Fihri