Trump, la panique boursière… et les flux invisibles, un transfert de l’épargne… au profit de l’État fédéral
Les événements des derniers jours donnent à ce conseil une résonance toute particulière. Le président Donald Trump, dans une mise en scène à la fois théâtrale et brutale, a proclamé un « Jour de la libération », en imposant des tarifs douaniers universels, jusqu’à 50 % pour certains pays, y compris le Maroc malgré un accord de libre-échange. En quelques heures, les marchés ont vacillé. Près de 3 000 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont évaporés. Le Nasdaq a plongé, le S&P 500 a reculé de près de 5 %, et les investisseurs ont fui en masse les actions.
Mais l’important n’est pas là. Ce qui mérite attention, c’est ce que l’argent a fait ensuite.
La fuite vers la sécurité… ou le grand recyclage ? En apparence, les investisseurs ont paniqué. En réalité, ils ont réagi avec cohérence : ils ont massivement déplacé leurs capitaux vers les bons du Trésor américain. Malgré la source du désordre – Washington lui-même –, ces titres ont conservé leur statut de valeur refuge. Mieux encore : la demande a fait légèrement baisser les taux, malgré l’inflation.
Ce mouvement donne corps à une hypothèse dérangeante mais stratégiquement plausible : et si ce chaos avait été provoqué non pas par erreur, mais par calcul ? Et si Donald Trump cherchait en réalité à détourner l’épargne américaine (et mondiale) des marchés risqués pour recycler cette épargne vers le financement de la dette publique américaine ?
Les États-Unis font face à une dette dépassant les 37 000 milliards de dollars. Les investisseurs asiatiques se détournent progressivement des bons du Trésor. La Réserve fédérale ne peut pas tout absorber. La solution ? Forcer, indirectement, les fonds de pension, les banques, les épargnants à revenir vers les titres souverains. Et comment y parvenir ? En rendant la Bourse moins attractive, voire toxique à court terme.
Ce transfert forcé de l’épargne privée vers la dette publique n’a rien de nouveau dans l’histoire. Il est souvent utilisé en temps de guerre, de crise ou de reconquête de souveraineté monétaire. Mais rarement avec autant de brutalité politique.
Les mouvements d'argent ne mettent pas, ils forcent même parfois "la main invisible Adam Smith" mais à chaque fois, ils anticipent.
Dans ce tumulte, on comprend que Trump ne cherche pas simplement un avantage commercial. Il veut provoquer un recentrage de l’épargne nationale sur l’État, réduire la dépendance extérieure, et repositionner les États-Unis comme l’unique havre de sécurité financière. Une stratégie à la fois brutale et visionnaire – dans la pure tradition d’un populisme économique à visée impériale.
Dans un monde saturé de signaux faibles, de récits contradictoires et de volatilité cognitive, il devient vital de retrouver des repères solides. Suivre l’argent n’est pas qu’une méthode financière : c’est une posture d’analyse. C’est ce qui permet, non seulement de comprendre ce qui se passe, mais surtout de deviner ce qui va se passer.
Parce que, comme me l’avait dit ce professeur : l’argent sait toujours où aller. Et quand tu le sauras, tu verras plus clair que les autres.