Plus de 40.000 entreprises en faillite au Maroc en 2024 : une crise économique sans précédent
Depuis plusieurs années, l’économie marocaine subit les contrecoups de crises successives, allant des répercussions de la pandémie de Covid-19 à l’inflation mondiale provoquée par les tensions géopolitiques. Ces facteurs ont mis à mal les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent plus de 90 % du tissu économique marocain. En 2024, ces difficultés se sont intensifiées, entraînant une vague de faillites sans précédent.
Selon la CMTPME, les secteurs les plus touchés sont ceux de la construction, du commerce de détail et des services, qui peinent à se relever dans un contexte de baisse de la demande et de hausse des coûts de production. « Les entreprises marocaines, en particulier les PME, sont prises en étau entre une inflation galopante et un accès limité au financement », explique un économiste basé à Casablanca. À cela s’ajoute une fiscalité jugée lourde par de nombreux entrepreneurs, qui dénoncent un manque de soutien de la part des autorités.
La crise des entreprises a eu un impact direct sur le marché de l’emploi. Avec un taux de chômage atteignant 21,3 % en 2024, contre 16,2 % en 2014, le Maroc traverse une véritable crise sociale. Les jeunes et les femmes, en particulier, sont les plus touchés par cette situation. Dans certaines régions, notamment celles éloignées des grands pôles économiques comme Casablanca ou Tanger, le chômage atteint des niveaux encore plus élevés, alimentant un sentiment de précarité et d’injustice sociale.
Cette montée du chômage a également des répercussions sur le pouvoir d’achat des ménages, déjà affaibli par la hausse des prix des produits de première nécessité. Les inégalités sociales se creusent, mettant en péril la cohésion sociale du pays.
La vague de faillites et la montée du chômage ont des effets en cascade sur l’ensemble de l’économie marocaine. La baisse de l’activité économique entraîne une diminution des recettes fiscales, limitant ainsi la capacité de l’État à investir dans des projets structurants ou à mettre en place des politiques sociales ambitieuses. Par ailleurs, la fermeture d’entreprises prive de nombreuses familles de leurs principales sources de revenus, aggravant la pauvreté et l’exclusion sociale.
Pour les investisseurs étrangers, cette situation pourrait également poser problème. Bien que le Maroc reste attractif grâce à sa stabilité politique et à ses infrastructures modernes, la crise actuelle pourrait ternir son image en tant que destination d’investissement. Les entreprises étrangères pourraient hésiter à s’implanter dans un pays où le climat des affaires est perçu comme incertain.
La situation marocaine s’inscrit dans une tendance mondiale, où de nombreux pays font face à une hausse des faillites et à une montée du chômage. Cependant, certains pays ont réussi à atténuer ces effets grâce à des politiques proactives, comme des plans de relance économique ou des allègements fiscaux pour les entreprises. Par exemple, en France, des dispositifs tels que le « prêt garanti par l’État » ont permis de limiter les fermetures d’entreprises pendant la crise. Le Maroc pourrait s’inspirer de ces exemples pour mettre en place des mesures similaires.
Pour répondre à cette crise, plusieurs pistes sont envisagées par les experts, tout d’abord, un soutien accru aux PME, notamment à travers des prêts à taux réduit et des subventions, pourrait permettre à ces entreprises de surmonter leurs difficultés. Par ailleurs, une réforme fiscale visant à alléger la pression sur les entreprises, combinée à des incitations pour l’embauche, pourrait stimuler l’économie et réduire le chômage.
Le développement de nouveaux secteurs porteurs, comme les énergies renouvelables ou l’industrie technologique, est également une piste prometteuse pour diversifier l’économie marocaine et créer des emplois. Enfin, une meilleure coordination entre les secteurs public et privé est essentielle pour mettre en place des politiques efficaces et adaptées aux besoins des entreprises.
L’année 2024 marque un tournant pour l’économie marocaine. La vague de faillites et la montée du chômage mettent en lumière les faiblesses structurelles du pays, mais elles offrent également une opportunité de repenser le modèle économique et social. Des réformes audacieuses et une mobilisation collective seront nécessaires pour surmonter cette crise et préparer un avenir plus prospère. Si les incertitudes demeurent, le Maroc dispose des ressources et des talents nécessaires pour relever ce défi.