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Par Aziz Boucetta
M. Tebboune est aujourd’hui l’homme qui apporte de la légèreté et de comique sur une scène internationale lugubre et mortifère qui en a bien besoin. Mais en fait de comique, c’est plutôt du burlesque. Homme politique improbable, il est le champion de l’éphémère, quelques mois wali, quelques mois ministre, quelques mois premier ministre… Etre considéré comme incompétent par des incompétents est le sort peu enviable et peu envié de cet homme, qui a inexplicablement fini comme président.
Mais il y a une explication. Feu Ahmed Gaïd Salah, ancien chef d’état-major de « l’institution militaire » comme on appelle l’armée dans ce curieux pays, avait jeté son dévolu en 2019 sur le moins doué (pour rester poli) des candidats potentiels à la magistrature suprême. Et comme Abdelmajid Tebboune n’avait pas de sérieux concurrent en incompétence, le choix fut porté sur lui.
Mais ce Tebboune-là agit comme Ubu ; il commence par laisser commettre un régicide. En effet, le général Gaïd Salah était le véritable chef de l’Etat du pays, puisqu’il avait évincé Bouteflika, puis vissé sur le fauteuil présidentiel le très malade et octogénaire Bensalah, avant de choisir Tebboune. Et soudain, le général meurt subitement, quatre jours après l’intronisation de TUBUne. Alors, poursuivant sur la voie de son illustre modèle, Ubu qui, après avoir acté ce régicide, avait tué tous les nobles, le nouveau chef de l’Etat d’Algérie emprisonne tous les anciens dignitaires, des premiers ministres, des ministres, des généraux, de grands entrepreneurs, des journalistes…
Une fois libéré de ces sinistres personnages, notre Ubu donne la pleine mesure de son talent ubutien. Il nomme à la place du général défunt un autre général dont le nom importe peu, mais un faucon remarquable, de qualité supérieure, ancien prisonnier de l’armée marocaine à Amgala. Ah, que tout devient clair…
Atteint par la Covid, notre Ubu maghrébin disparaît en Allemagne de longs mois durant, mais s’adresse régulièrement à son peuple indifférent… à travers Facebook ! Revenu en forme, quoique légèrement claudiquant, notre Ubu s’attelle sérieusement à réformer son grand pays : il décrète la « transition énergétique », et comme il est pressé, il fixe à son administration et à son secteur privé un délai de… trois mois !
« Fixer un délai ne dépassant pas trois mois pour la transition énergétique par le recours à l’énergie solaire dans certains établissements et structures de l’Etat, notamment les secteurs de la santé et l’éducation », dit le grand homme. Raisonnement puissant et indiscutable. Soit.
Profondément convaincu du désastre du réchauffement climatique, porté par son profond humanisme et emporté par son irrésistible élan universaliste, l’Ubu algérien se précipite quelques années après, en septembre 2023, à la tribune de l’ONU, pour y...scander en grande pompe que son pays allait dessaler 1,4 milliards de m3 par jour ! Par correction, le monde retient un fou rire mais applaudit poliment. Et pour cause, l’Algérie sauve le monde car le monde entier ne produit que 120 millions de m3 chaque jour… l’Algérie en dessalera 10 fois plus, au terme de 2024. Re soit.
Et puis, toujours sur sa lancée, il promet de faire passer le PIB algérien de 170 milliards USD à 400 milliards en 2026, le même PIB qui a été trituré, étiré à 230 milliards après y avoir ajouté le secteur informel, au grand désarroi de la Banque mondiale et à la consternation du FMI. Et là, M. T. veut le doubler en deux ans. Mieux qu’Ubu, M. Tebboune est un faiseur de miracles, même si plus personne ne l’écoute, comme quand il toussote que son pays a reçu 100 demandes d’investissements étrangers, alors que le montant des IDE en 2022 étaient de seulement 89 millions USD, contre 870 millions en 2021 et 1,1 milliard en 2020.
L’Ubu algérien sait aussi se montrer proche du peuple, adoptant un langage fleuri se voulant teinté d’humour… évoquant récemment et de façon indirecte le Maroc, il dit avec sa dégaine de méchant de série B que « les mots doux, je les écoute, mais je tiens une pierre à la main ; celui qui sort du rang, je le smashe avec ! ». L’homme a une vision guerrière et la novlangue martiale qui va avec. Ah, cette haine du Maroc, qui lui fait oublier toute retenue ; ainsi, pour prouver la valeur de ses gens, il parle de 5.640.000 martyrs pendant la guerre d’indépendance, à une époque où la population algérienne était de… 10 millions d’âmes.
Et cette haine, qui le conduit aussi à limoger tout animateur télé qui prononcerait le mot « Maroc », ce qui donne des situations cocasses, comme quand au Qatar, le Maroc avait enchaîné victoire sur victoire, qu’il tardait à sortir de la compétition, contraignant les journalistes algériens à dire des phrases du type « l’Espagne a perdu en 8ème de finale, et le Portugal en quart… », sans jamais dire contre quelle équipe.
Aujourd’hui, en plus du Maroc, notre Ubu ajoute les Emirats Arabes Unis à son tableau de haine mais eux, ils sont moins délicats que les Marocains. Sitôt l’attaque de Tebboune lancée contre eux, et voilà que des dignitaires golfiques, qui agissent en groupe, rencontrent le leader séparatiste kabyle à l’ONU. Dans le Golfe, on ne rigole pas et on ne fait pas non plus dans la demi-mesure.
Enfin… on pourrait noircir des pages ainsi qu’on n’en finirait pas. Les Espagnols ont compris, les Italiens se méfient, les Marocains ne tournent jamais le dos à l’Algérie, les Tunisiens ont peur et s’inclinent, les Américains commencent à comprendre, les Russes à s’agacer et les Chinois n’y comprennent plus rien… ne reste plus que le président français pour continuer de croire les affabulations Tebubuesques.
Les Algériens méritent-ils autant de bêtise à la tête de leur Etat ? Non, assurément non, définitivement non. Et dire que ce Monsieur va très certainement vouloir rempiler en septembre prochain…
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost