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Par Aziz Boucetta
Oui, bien sûr, il ne faut pas insister sur cela, car de tels propos, disent-ils, sont de nature à discréditer la classe politique et à éloigner les électeurs de la pratique démocratique. Certes, mais des partis avec un crédit décroissant n’ont pas besoin d’être discrédités et ce serait faire injure aux électeurs que de suggérer qu’ils ne pensent pas d’eux-mêmes.
Alors donc, pourquoi ces partis seraient-ils en déliquescence ? La première raison, la plus grave, est que c’est parce qu’ils se trouvent dans un cercle vicieux, qui est aussi celui du pays.
Etant pléthoriques, dépourvus de leaders charismatiques, sans idéologies connues et donc de moins en moins attractifs, ils séduisent peu de cadres présentant la triple qualité de la bonne formation, de l’indiscutable intégrité et du solide engagement ; et puisqu’ils n’attirent pas ces profils, seuls à même de rehausser leur action et leur niveau, ils alignent pour une grande partie de leurs candidats des créatures douteuses, et perdent encore plus de leur crédibilité, et donc de leur attrait et recrutent d’autant moins de gens de valeur, et ainsi de suite jusqu’à la chute finale…
Si au siècle dernier, l’Etat issu de l’indépendance se méfiait des partis du mouvement national, et les combattait, jugeant et emprisonnant à tour de bras puis créant des formations à la demande et sur commande, cela était « recevable » en considération de tout un ensemble de raisons politiques, historiques et sociales que nous appellerons pudiquement « le contexte d’alors ».
Or, ce n’est plus le cas maintenant, dans ce Maroc apaisé, serein et ambitieux, où les institutions sont solides et la confiance en ces mêmes institutions encore plus solide. Mais aujourd’hui, plus besoin d’Etat pour se saborder, les partis le font très bien d’eux-mêmes, sûrs de leur...impunité, inconscients de leurs agissements et peu soucieux de leurs engagements.
Or, il est important de disposer de partis politiques forts et pour cela, la justice doit veiller, tancer, demander des comptes, voire sévir, face à des formations qui se sont accommodées de pratiques délictueuses, par leurs actes et décisions, ou en abritant et en promouvant des délinquants potentiels. Il n’y a pratiquement pas d’exception à cette règle.
Tous les partis politiques ou presque ont désigné ce qu’on peut très magnanimement qualifier de cabinets conseils, soit dirigés par des proches, des amis, des parents, des alliés politiques et ayant rarement pignon sur rue.
En un mot, une nouvelle forme de rente ! A l’exception du PPS et de l’UC qui ont remboursé l’intégralité des sommes perçues, les autres partis se sont jetés sur cette bienheureuse et inespérée manne de 20 millions de DH, même si ce n’est pas grand-chose, 20 millions de DH, pour 7 partis ; mais quand on a une habitude, il est difficile de s’en départir…
Avec cette affaire, cette nouvelle affaire très largement couverte par les médias et ayant conduit à une saisine de la justice par l’association de protection des deniers publics, nos partis politiques montrent encore une fois qu’ils sont non seulement sur une voie parallèle à la population, qu’ils vivent dans un autre monde, mais qu’ils sont aussi et surtout sur le chemin inverse de ce que nécessite l’élaboration d’une démocratie convaincante.
Et donc, pour en revenir aux quatre éléments qui font une démocratie, l’Etat laisse faire, les lois ne sont pas appliquées (car en principe une reddition des comptes est indispensable), la justice attend on ne sait quoi pour agir et accélérer le tempo et, bien évidemment, même si cela n’est pas mesurable, les citoyens sont renforcés dans leur perception largement négative des partis. Même le roi Mohammed VI a appelé à une moralisation de la vie politique... Un assainissement réglementaire, et pourquoi pas judiciaire, des partis devient donc nécessaire, le mot assainissement n’étant bien évidemment pas à prendre dans son sens de 1995…
Et contrairement à ceux qui pensent qu’il faut taire tout cela et accompagner les partis, les aider, les soutenir parce qu’ils seraient l’avenir, il est important de maintenir la vigilance citoyenne en attendant que la justice se préoccupe, puis s’occupe, de ces déviances. Elle semble néanmoins avoir commencé…
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost